la fête des maires - Guylaine Antille, Maire de Bernex (législature 2020-2025)
Naissance d’un nouveau quartier
La commune de Bernex poursuit son développement, entamé avec succès ces dernières années. La législature, sur le point de débuter, verra notamment la création du quartier de Vailly et l’installation du siège de Caran d’Ache dans la nouvelle zone industrielle, comme l’explique Guylaine Antille, maire jusqu’au 31 mai prochain.
– Quel bilan faites-vous de la législature écoulée?
– C’était une bonne législature: c’est ce qui me vient à l’esprit pour la définir. Cette période a été positive malgré la pandémie marquant les deux premières années, 2020-2021. La situation était compliquée, mais nous avons tout de même pu avancer sur de nombreux dossiers. Je suis donc plutôt fière et contente du chemin parcouru durant ces cinq ans.
– Quels en ont été les points forts?
– Notre commune est en plein développement urbain, avec plusieurs projets dont trois qui ont eu un impact considérable. Nous avons accompagné la construction du nouveau quartier de Saint-Mathieu avec 390 logements; deux autres projets ont émergé, l’un portant sur la création d’une petite zone industrielle, l’autre sur le nouveau quartier de Vailly. Ces deux projets ont été combattus par des référendums qui ont échoué. Le Plan directeur de la zone industrielle est entré en force et nous pourrons accueillir le siège de Caran d’Ache. Pour le quartier de Vailly, qui accueillera 550 logements, celui-ci verra donc le jour durant la législature 2025-2030. Il est essentiel, pour la commune, de disposer de logement, mais aussi d’activités économiques afin de pouvoir financer les infrastructures liées à ces quartiers et de les rendre agréables à vivre.
– Quelles étaient les réticences des opposants?
– Le plan directeur de la zone industrielle comprend la construction d’une route qui desservirait la zone industrielle et les nouveaux quartiers, faisant craindre le trafic aux opposants. Certains estimaient aussi qu’il y a d’autres lieux dans le canton pour une zone industrielle. Quelques craintes légitimes étaient liées à l’augmentation de la population, car construire 550 nouveaux logements représente un nombre important pour une commune de 11 000 habitants. Enfin, cela correspond à une urbanisation majeure pour une collectivité qui a une identité rurale très forte.
– Que répondre à ces craintes?
– Le quartier de Vailly sera le résultat d’un projet mené en commun entre les autorités et les promoteurs. Nous avons vraiment pu travailler sur les espaces publics, et plus généralement, veiller à la qualité du quartier. Le périmètre accueillera aussi notre école de musique; ce sera l’occasion de montrer aux Bernésiens que le quartier de Vailly ne se limite pas à des logements et qu’il apporte une plus-value à tous les habitants.
A Saint-Mathieu, nous avons tenu à avoir des arcades au rez-de-chaussée pour des commerces et des activités sociales. C’est un succès et nous voulons reproduire ce schéma à Vailly, car si les gens ont besoin de logement, ils veulent aussi des lieux de vie vivants. Nous défendons ce concept dans tous ces quartiers, où nous travaillons main dans la main avec les promoteurs.
– Quand les travaux doivent-ils com-
mencer?
– Nous avançons gentiment, avec, prochainement, la phase de demandes d’autorisation. Le chantier devrait débuter en 2028; la livraison des appartements est prévue à l’horizon 2030.
– Comment se présente la nouvelle législature?
– Suite aux élections, le principal changement à Bernex réside en une forme de durcissement à droite, puisque trois sièges seront occupés par l’UDC et le MCG. Auparavant, il n’y avait qu’un seul élu UDC. Par ailleurs, trois sièges reviennent au nouveau parti de l’Action communale bernésienne, émanation d’anciens du PLR et de l’UDC. Au total, il y aura six partis au Conseil municipal, contre trois pendant cette législature. Ce sera peut-être plus difficile de travailler avec un Conseil municipal éclaté, mais je fais confiance aux élus pour trouver des solutions.
– Y a-t-il de grands défis?
– Oui, clairement, le premier étant d’accompagner le nouveau quartier de Vailly, ce qui veut dire construire, travailler sur nos écoles et développer une offre pour le parascolaire. Ce sont d’importants chantiers qui coûteront cher, donc la grosse difficulté, et nous l’avons déjà fait lors de la législature qui se termine, est de prioriser nos actions, nos projets et aussi nos investissements, car nous ne sommes pas une commune riche. Notre centime additionnel figure parmi les plus hauts du canton et nous avons très peu de revenus dus aux entreprises. Nous devons compter sur les personnes physiques.
L’équilibre financier va être l’enjeu de ces prochaines années, en sachant aussi que nous prévoyons d’importants travaux de rénovation énergétique sur nos écoles et les bâtiments communaux. Nous devons aussi construire l’école de Vailly qui accueillera des classes supplémentaires (une petite vingtaine). Le montant des travaux prévus s’élève à environ 32 millions de francs.
Toutes nos écoles ont été construites il y a une cinquantaine d’années; ce sont de vieilles dames qui doivent faire un lifting, plus ou moins profond. Concernant celle de Luchepelet, proche du quartier de Saint-Mathieu, nous avons dû installer des pavillons provisoires dans le préau actuel pour accueillir les élèves. Cette école doit vraiment être repensée et nous attendons les résultats d’une étude pour savoir s’il est préférable de la détruire entièrement et construire à côté ou de la rénover.
– Quelle est la politique énergétique de Bernex?
– La commune est labellisée Cité de l’énergie Gold depuis plusieurs années et le label a été renouvelé l’an dernier. Nous souhaitons vraiment participer à la rénovation énergétique de nos bâtiments, de tous nos bâtiments, mais en particulier des écoles. Nous disposons également d’un suivi des consommations, grâce à des capteurs installés sur l’ensemble de nos bâtiments communaux et qui permettent de suivre ces questions énergétiques.
Par ailleurs, nous avons développé un programme pour les habitants de la commune «Sortir du mazout» et nous subventionnons les ménages qui optent pour autre chose que du mazout, par exemple les pompes à chaleur. Notre plan directeur des énergies, mis en place en 2010, a été réactualisé en 2021. Nous travaillons aussi au bilan carbone de notre territoire communal, remis à jour tous les deux ans, afin de suivre les avancées au niveau de l’énergie et d’être le plus performants possible. Concernant l’éclairage public, les ampoules ont été changées pour des LED moins gourmands en énergie et nous éclairons plus modérément.
– Qu’en est-il de la biodiversité?
– Notre territoire est assez vaste, très rural; il comprend des vignes, beaucoup de forêts et des espaces riches en biodiversité, mais fortement touchés, évidemment, par la construction et le développement.
Dernièrement, nous avons débloqué un crédit pour protéger une population de lièvres présente sur notre territoire, du côté d’Aire-la-Ville, là où se trouvent des gravières. En recensant ces populations de lièvres, nous avons constaté qu’avec les travaux dans cette région, il y avait une chute considérable de leur nombre. Or, les lièvres représente un indicateur important de la qualité de la biodiversité.
Par ailleurs, quand nous intervenons sur notre territoire, nous essayons de ne pas scinder les couloirs biologiques, par exemple, et nous réalisons toujours une analyse d’impact sur la biodiversité avant de développer des projets.
Nous disposons aussi d’un programme d’arborisation des zones urbaines et nous soutenons financièrement les privés qui souhaitent planter des arbres.
Enfin, nous avons établi une charte de l’utilisation des produits phytosanitaires pour les espaces verts de la commune; ces produits sont appliqués de manière très parcimonieuse sur les terrains de football.
– Justement, quelle est la place du sport?
– Elle est importante! Nous avons la chance d’accueillir un tissu associatif dynamique, non seulement en lien avec le sport, mais aussi avec la culture. L’année dernière, nous avons fêté les cent ans du Signal FC Bernex-Confignon et les cinquante ans du Bernex Basket, l’un des plus grands clubs de formation de Suisse. Et début avril, nous fêtons les cinquante ans de notre club de judo, Le Samouraï. Nous savons à quel point il est précieux d’avoir des clubs formant les jeunes, qui travaillent au bien-être collectif et qui participent de la cohésion sociale. Le succès est tel qu’il y a des listes d’attente, mais malheureusement nous n’avons pas de place pour développer de nouveaux terrains de foot et de tennis.
Cette année étant celle de l’Euro foot féminin, nous avons voulu développer la promotion du sport pour les femmes, avec notamment un bus annonçant l’Euro féminin. Nous allons aussi offrir des billets pour les matchs.
Mentionnons enfin notre célèbre course pédestre «A travers le coteau», dont la 48e édition se déroulera le 12 avril prochain. Cette course est assez exigeante, avec notamment la montée de la Croix. Selon les années, plus de mille coureurs y participent, répartis dans plusieurs catégories, dont la course parent-enfant pour les six ans et moins, un tout petit parcours sans classement: le parent et l’enfant doivent juste arriver ensemble.