Anne-Laure Couchepin Vouilloz.

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Anne-Laure Couchepin Vouilloz, présidente de Martigny

«Martigny est une ville d’entrepreneurs»

19 Jan 2022 | Articles de Une

Ecartons illico l’ombre du patriarche, deux fois président de la Confédération et quatorze ans durant président, ou mieux, régent de Martigny. La «fille de» nous a en effet prouvé depuis son entrée en politique qu’elle n’avait besoin d’aucune tutelle pour atteindre ses objectifs et confondre ses rares détracteurs. Et pour cause, cette fonceuse au parler vrai a l’habitude de renverser les montagnes.
Physiothérapeute de profession, elle a bifurqué à 180 degrés pour devenir avocate et dans le même temps mère de quatre enfants. Un destin qui lui permet de concevoir, décider et réaliser. Très vite et sans hésiter. Ne vous y trompez pas: c’est bel et bien à la lecture de ce bref portrait qu’il faut comprendre la manière dont elle contribue à modifier aujourd’hui le paysage de sa ville.
Quand on lui demande de résumer sa vision de l’immobilier à Martigny, elle brosse immédiatement un profil étonnant: «Nous sommes une ville de 20 000 habitants, avec beaucoup de citoyens de dix-huit ans et moins, pour une moyenne d’âge de 41 ans». Presque comme elle qui en a 44, serait-on tenté d’ajouter. «Et nous bénéficions d’un vrai boom du logement, puisque l’entrée en vigueur du plan de zones a coïncidé avec des taux très bas et le moment clef où les caisses de pension ont investi massivement dans le bâtiment. Le pourcentage de vacance est de quelque 4%. Les loyers, plutôt hauts, demeurent étonnamment stables, même si l’on voit de temps à autre des promotions offrant le premier ou les deux premiers loyers».
A Martigny plus qu’ailleurs, la Municipalité est un partenaire indispensable. «La ville possède des parcelles importantes, au centre comme en périphérie. Mais surtout, nous essayons, dans chaque nouveau projet, d’instiller notre vision d’un bien-vivre ensemble, respectueux du développement durable». Une volonté tout à fait prioritaire pour Mme la présidente, presque aussi verte que PLR dans ce cas précis! D’ailleurs, pas besoin de carte pour lui permettre de détailler les chantiers prioritaires en matière d’urbanisme. Elle a tout en tête.

Cohésion sociale et mixité

Commençons par le Chemin du Milieu, la nouvelle ville, direction Vernayaz et Lausanne. «La Ville y possède encore quelques parcelles; le reste appartient à des investisseurs privés, enchaîne Anne-Laure Couchepin Vouilloz, mais c’est un nouveau quartier réussi. Il est très calme, avec des espaces verts et la Dranse, qui amène une vraie dimension naturelle. Et on y a apporté beaucoup de vie en installant, puis agrandissant l’école. Il y a là des retraités, qui apprécient la paix du lieu, et des familles, qui s’épanouissent dans un cadre parfait pour leurs enfants. Cette vie, cette cohésion sociale, cette mixité, voilà la raison du succès de ce secteur».
Au centre, les chantiers adjacents de l’Avenue de la Gare et de la zone de la Gare vont compléter logiquement les travaux très réussis autour de la Place centrale, le cœur de Martigny. «C’est là qu’on déambule, qu’on se rencontre, qu’on partage, explique notre interlocutrice. A la belle saison comme à Noël, on est en zone 100% piétonne. Le reste du temps, on réussit à y maintenir une présence presque discrète de la voiture. Notre objectif, à travers le développement de nos parkings du centre, est clairement de laisser les automobiles au sous-sol pour rendre l’espace public aux piétons».
Dans ce périmètre, de nombreux projets sont dans les starting-blocks. Un hôtel de standing avec bains, porté par John Cretton et ses investisseurs. Des logements haut de gamme en plein centre sont tout récemment sortis de terre. Plus bas, les CFF, TMR, Car Postal et la Municipalité collaborent au développement du secteur Gare. De l’autre côté des voies, entre la gare et l’hôtel Vatel, là aussi, un projet d’envergure. Des logements écoresponsables, un foyer pour personnes à mobilité réduite et peut-être même une école primaire y sont prévus. Sacré programme, qu’Anne-Laure suit d’un œil avisé et sans concession!

Une passerelle pour la mobilité douce vient d’être posée, au-dessus de l’avenue de Fully.

Quand Gianadda vend
à Constantin

A l’entrée de la ville, près du stade d’Octodure, on pourrait bien voir bientôt une nouvelle patinoire, car l’ancienne – pour ne pas dire l’antique – n’en a plus que pour quelques années, ses structures étant à l’agonie. Plus loin, direction Charrat, les parcelles communales de l’Ancienne Pointe seront consacrées à la promotion économique. «Rien n’est encore joué, sourit la présidente, mais nous sommes en discussion avec une grande entreprise spécialisée dans le loisir et le divertissement, qui pourrait s’y installer».
A l’opposé, derrière l’hôpital en direction du bourg, une nouvelle promotion verra sans doute le jour, puisque Léonard Gianadda vient d’y vendre de grands terrains à Christian Constantin. C’est aussi ça Martigny: des colosses qui pèsent lourd sur le paysage urbain. Pas de souci toutefois pour la présidente Couchepin: «On essaie systématiquement de se rapprocher des promoteurs pour favoriser notre vision du bien-vivre ensemble et voir comment nous pouvons y contribuer. Je pense et je défends chaque quartier comme si moi-même je devais y vivre un jour. C’est une approche qui permet aux porteurs de projets de connaître notre politique en matière de logement, tout en leur laissant la liberté de garder leur ligne et leur vision».
A noter que la ville de Martigny garde un bel atout dans sa manche: ses parcelles Place de Rome. «On ne créera pas une surchauffe du marché en nous lançant là dans de grands projets, certifie Mme Couchepin Vouilloz. Nous allons plutôt concevoir cette place comme une zone de détente, avec ses magnifiques platanes, tout en étant pleinement conscients de ce qu’elle pourrait représenter comme pôle de développement dans le futur».

La question délicate
de l’immobilier médical

Dans le portrait immobilier de Martigny, la présidente Anne-Laure Couchepin Vouilloz complète le tableau en évoquant plusieurs projets, à des stades divers, qui placent au cœur de leur stratégie des appartements s’appuyant sur un socle médicalisé. «C’est presque une mode aujourd’hui, dit-elle. Mais nous sommes très attentifs à nos engagements. Il faut que le programme corresponde à la zone, qu’il puisse entrer sans autre dans la planification médicale du canton pour obtenir les subventions y relatives, et surtout, que ces projets soient crédibles dans les «plus» médicaux qu’ils proposent. Ce ne doit pas être de l’immobilier pur et dur, sous couvert d’appartements protégés!».
Après ce tour d’horizon complet de Martigny, on repose à la présidente la question du début: quid de l’immobilier et de l’urbanisme dans la ville des Couchepin? «Une ville où l’on sait soigner les infrastructures sportives, culturelles ou administratives, sourit-elle. La ville la plus dense du Valais, où l’on privilégie les espaces verts chaque fois que faire se peut – on est un peu partout à cinq minutes de la forêt ou des vignes. Mais avant tout, une ville d’entrepreneurs, avec un tissu incroyable de PME. Oui, nous avons la fondation Gianadda, le siège du Groupe Mutuel, l’Idiap, Debiopharm et d’autres. Notre croissance doit cependant beaucoup à nos petits et moyens entrepreneurs. Martigny peut croître encore et encore, à la condition pour moi qu’elle dispose de postes de travail en rapport avec cette démographie orientée à la hausse. C’est ma conviction et le cap que je garde: grandir en parallèle de notre économie locale!».

Agglomération et pendulaires

Parfois auréolée de l’appellation de Capitale des Alpes, Martigny n’a pas fini de s’affirmer, s’enthousiasme sa présidente: «Nous n’avons aucune volonté d’hégémonie, mais, notamment après la fusion avec Charrat, nous avons effectivement vertu à rassembler. Et cela, même si la Confédération a posé une définition de l’agglomération qui nous laisse en bord de route. Nous avons néanmoins déposé une candidature avec La Combe, même si nous aurions pu voir plus grand en matière d’intercommunalité».
Pôle d’attraction, la cité d’Octodure l’est sans conteste. «On va tout faire pour accueillir au mieux nos pendulaires et les adeptes du covoiturage, précise Anne-Laure Couchepin Vouilloz. Des parkings adéquats leur seront bientôt proposés, dès que l’aire des gens du voyage sera déplacée. On doit également encourager les automobilistes à mieux utiliser la zone du CERM, où ils peuvent stationner à moins de cinq minutes à pied de la Place centrale».
Avec Martigny, on le voit bien, on est perpétuellement dans l’innovation et la création. Tout proche de cette magnifique définition que Jacques Attali esquisse dans «Fraternités» et qui va comme un gant à Mme la présidente: «La ville est le seul être vivant capable de rajeunir vraiment».

 

Jean-François Fournier

Une ville jeune et active.
Urbaine et verte, Octodure se veut durable.

La Fête des maires, c’est toute l’année!

 

Elle est de cette génération montante de femmes qui sont en train de changer en profondeur le profil politique de la Suisse, de l’échelon municipal aux sommets de la Confédération. La présidente Anne-Laure Couchepin Vouilloz est à l’image de sa ville: jeune et ambitieuse.

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