ventes aux enchères - Lausanne, l’autre ville des enchères
Marc Dogny, commissaire-priseur: «La passion est mon métier»
Il y a la ville du trading, des banques et des institutions internationales. Et puis il y a la ville de l’Olympisme et des fédérations sportives, du plus grand campus romand et des start-up, une ville qui est aussi celle des fiduciaires et des entreprises familiales. Lausanne – mais faut-il la nommer? – possède la plus ancienne maison romande d’enchères en activité: DognyAuction.
«J’aime Lausanne pour sa richesse culturelle qui n’a pas besoin d’ostentation. Les artistes et créateurs qui se sont installés dans la région, Georges Simenon, Coco Chanel, Oskar Kokoschka, Phil Collins ou Maurice Béjart, y ont trouvé le calme et la densité intellectuelle qui leur étaient nécessaires», souligne Marc Dogny, commissaire-priseur formé au département des Arts asiatiques de Christie’s et à l’Hôtel des ventes de Drouot. Depuis 2001, ce passionné d’art suisse et d’Extrême-Orient dirige DognyAuction.
Dans les ventes aux enchères aussi, le luxe incarné par Coco, la couturière française, voisine avec l’art d’Oskar, le peintre autrichien. «Le sens du beau et du précieux s’est étendu à la mode, à la maroquinerie, à la bijouterie ou au mobilier de designers célèbres. L’art et le luxe partagent une dimension patrimoniale et de transmission», lance Marc Dogny.
Numérisation poussée
«Pousser la porte d’une maison d’enchères peut intimider. Pourtant, notre activité se déroule maintenant essentiellement en ligne, observe-t-il. Nous authentifions et estimons les œuvres pour mettre en relation vendeurs et acheteurs autour d’un prix qui est un bien meilleur reflet de l’état du marché que les prix en magasin ou en galerie, qui sont des prix imposés». Par ailleurs, insiste-t-il, toutes ses enchères proposent au départ des lots à des prix amicaux, ce que les Anglo-Saxons nomment des «friendly prices».
Cela s’explique par la structure des ventes de DognyAuction. Les centaines de lots proposés lors de chaque adjudication sont classés par catégorie: arts d’Asie, bijoux, horlogerie, art de vivre, design, beaux-arts, art nouveau et art déco, vins, pour nommer les plus fréquentes. Selon les lots, d’autres rubriques peuvent s’ajouter à celles-ci.
Lausanne, une ville globale
Les ventes de DognyAuction sont répercutées sur le marché international à travers les plates-formes numériques de Drouot, Auction.fr, Invaluable ou Barneby’s. «Le marché est global, vous n’avez pas besoin de mettre une œuvre en vente à New York pour attirer l’attention, assure Marc Dogny, car pour une pièce d’intérêt international, le prix sera le même à Londres ou à Lausanne».
«Pour moi, le mot ‘enchères’ fait écho au mot ‘découverte’, il évoque la liberté et le plaisir», affirme Marc Dogny. Je donne une nouvelle vie à des œuvres qui ont cheminé avec celui ou celle qui les vend. A travers chaque lot, c’est une histoire qui est transmise, comme on passe le témoin dans un relais».
Marc Dogny revendique «l’œil» qui lui a permis à plusieurs reprises de redécouvrir un trésor oublié chez un particulier qui l’avait appelé pour un inventaire usuel, alors qu’il possédait en fait une œuvre de grande valeur dont il ignorait tout. «Nous sommes en mesure d’estimer à peu près tout ce qui meuble un appartement ou une villa, contrairement aux grandes maisons qui vous envoient des spécialistes certes pointus, mais qui n’ont assurément pas ce regard à 360°».
Un Renoir redécouvert
Sa prochaine vente à la criée, le 4 juin, proposera plusieurs œuvres, dont une majeure de Magdalena Abakanowicz, une plasticienne polonaise souvent exposée chez Alice Pauli, à Lausanne; un Loiseau et un Renoir redécouverts; un Louis Marcoussis, deux Czapski, un Alexandre Fassianos. Il ne fait pas de doute que les enchérisseurs ne seront pas limités à la région lémanique.