Au parc Rigot, l’équipe de recherche testera une série d’aménagements et d’interventions artistiques.

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Aménagement - Des recherches collaboratives pour penser les nouveaux quartiers

Les Hautes écoles spécialisées au cœur de la transition du Grand Genève

12 Fév 2025 | Articles de Une

Face aux défis écologiques et sociaux du Grand Genève, les Hautes écoles spécialisées genevoises sont appelées à jouer un rôle clef. Le programme «Territoire en Recherche», dédié à la transition du territoire, mobilise des chercheurs autour de projets concrets. Pour l’édition 2024-2026, quatre initiatives ont été sélectionnées, portant sur la biodiversité, les pratiques alimentaires, l’accompagnement des personnes en grande précarité et le développement des espaces verts collectifs. Grâce à une approche interdisciplinaire, ces projets proposent des solutions innovantes et pragmatiques, tout en nourrissant une réflexion critique sur l’évolution du territoire.

«Territoire en Recherche» est proposé par CITÉ, centre interdisciplinaire pour la transition des villes et territoires de la HES-SO Genève, en partenariat avec l’Office de l’urbanisme (Département du territoire) et le Bureau de l’intégration et de la citoyenneté (Département de la cohésion sociale) de l’Etat de Genève. Ce programme est une invitation à réunir l’ensemble des compétences des six écoles de la HES-SO (voir Gros plan) au sein d’équipes de recherche pluridisciplinaires. Dans la continuité des deux éditions précédentes (2018-2021 et 2020-2023), les chercheurs – essentiellement issus du corps professoral – apportent leur contribution respective à la transition du Grand Genève.
Raphaël Pieroni, chargé du programme de recherche, explique: «Il s’agit de projets collaboratifs qui s’inscrivent dans l’ADN des HES. Les milieux de la recherche sont amenés à travailler avec des collectivités publiques et d’autres partenaires de terrain comme des associations et organismes locaux, dans le but de transformer les pratiques et de répondre à la complexité des enjeux du territoire. Ainsi, les synergies, à la fois entre les écoles et avec des partenaires externes, sont favorisées». Pour l’édition en cours, quatre axes ont été définis: production, inclusion, écologie et santé. Ces problématiques convoquent de manière transversale un ensemble de domaines, de l’architecture au design, en passant par l’économie, la santé, l’art ou le travail social. «L’objectif est de produire un territoire le plus inclusif et le plus durable possible», poursuit Raphaël Pieroni.

Recherche-action

Portée par des chercheurs de l’HEPIA et de la HEAD, l’étude «Evaluation de la biodiversité entomologique en fonction de la densité urbaine» envisage la présence des insectes en ville comme indicateur de durabilité du territoire, en particulier lors de transformations (celle du PAV par exemple). En Europe, les insectes disparaissent en raison de la destruction de leurs habitats et de l’utilisation de produits phytosanitaires. Des efforts sont toutefois déployés pour protéger la biodiversité; à Genève, cette préoccupation se traduit par la «Stratégie Biodiversité 2030». Le projet de recherche fait écho à cette stratégie en se concentrant sur les syrphes, de petites «mouches». Après une identification des espèces de syrphes dans le canton de Genève, cette étude proposera une carte innovante présentant les aménagements potentiels pour favoriser la biodiversité urbaine et concevoir des villes mieux adaptées au changement climatique. Un jeu, géolocalisé à l’échelle du Grand Genève, offrira aux citoyens la possibilité d’aller à la rencontre de cette «famille» d’insectes.
Second projet: «La ville avec ses marges», une proposition de type ethnographique qui associe la HETS et la HedS. Comment les populations les plus précarisées, vulnérables et vieillissantes appréhendent-elles la ville? Quelle est la place de ces personnes marginalisées dans des territoires en mutation comme le canton de Genève? Comprendre les stratégies mises en place par cette frange de la population permettra de construire des villes plus inclusives, plus hospitalières et en santé. «Un livre blanc» sera élaboré, avec une série de recommandations destinées aux professionnels et aux décideurs politiques.
Le projet «Nouvelles solidarités alimentaires» a pour ambition de fournir des données clefs pour l’élaboration d’une politique publique transversale en matière d’alimentation à l’échelle cantonale. Les chercheurs (HedS, HEAD et HETS) proposent «un chèque d’alimentation durable»: ce dispositif assurera aux personnes précarisées l’accès à une diversité d’offres alimentaires, en toute discrétion. Des restaurants et épiceries, des paniers de produits frais, des cours de cuisine feront partie de l’aide déployée.
Contrairement aux trois projets précédents qui sont élaborés à l’échelle du canton, «Faire commun» (Hepia et HEAD) concerne un site spécifique: le domaine de Rigot dans le quartier des Nations. L’équipe de recherche souhaite tester une série d’aménagements et d’interventions artistiques dans le but de rendre le parc plus durable et «appropriable» par une diversité d’usagers. Ateliers pratiques, conférences et performances exploreront les liens entre le vivant, humain et non-humain.
«Les quatre projets de Territoire en Recherche témoignent de la capacité des Hautes Ecoles spécialisées genevoises à mobiliser leurs expertises complémentaires au service des grands enjeux urbains. Au-delà des résultats attendus, ces recherches nourrissent la réflexion sur les modèles de la ville de demain», indique Simon Gaberell, responsable de CITÉ HES-SO Genève. En favorisant les synergies entre chercheurs, collectivités publiques et acteurs de terrain, le programme contribue activement à une transition réussie. Une dynamique qui, sans aucun doute, inspirera d’autres territoires en quête d’un développement plus durable et solidaire.

 

Véronique Stein

«Evaluation de la biodiversité entomologique en fonction de la densité urbaine» envisage la présence des syrphes en ville comme indicateur de durabilité.
Un projet se penche sur la manière dont les populations marginalisées appréhendent la ville.
Un dispositif assurera aux personnes précarisées l’accès à une diversité d’offres alimentaires, comme des paniers de produits frais.

GROS PLAN

La HES-SO Genève offre des formations tertiaires de niveau universitaire axées sur la pratique professionnelle; elle regroupe:
La Haute école du paysage, 
d’ingénierie et d’architecture (HEPIA)
La Haute école de gestion (HEG)
La Haute école d’art et de design
(HEAD)
La Haute école de musique (HEM)
La Haute école de santé (HedS)
La Haute école de travail social (HETS)