Du côté des Crosets.

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la fête des maires - Ismaël Perrin, Président de la commune de Val-d’Illiez/VS

«Les gens aiment notre âme de village»

21 Août 2024 | Articles de Une

En Valais, le Val d’Illiez, surnommé la «vallée des orchidées» car il en abrite plus de trente espèces, attire depuis plusieurs années de nouveaux habitants, séduits par sa qualité de vie. Mais, comme le souligne Ismaël Perrin, président de commune, Val-d’Illiez se distingue aussi par son dynamisme et ses projets: nouvelle maison de commune, nouvelles infrastructures pour la petite enfance ou encore projet hôtelier dans la station de Champoussin.

– Quel portrait faites-vous de Val-d’Illiez?
– Nous sommes une commune dynamique avec une population qui augmente chaque année depuis plus de douze ans. Notre rythme de croissance est du reste supérieur à la moyenne cantonale. Aujourd’hui, nous comptons près de 2200 habitants, mais restons une commune à taille humaine avec une vraie conscience citoyenne et un engagement en faveur de notre village, de notre destination Région Dents du Midi et de nos deux stations, Les Crosets et Champoussin, qui font partie du domaine skiable franco-suisse des Portes du Soleil.

– Qu’est-ce qui attire les nouveaux habitants?
– Avant tout, l’âme villageoise de notre commune! Nous bénéficions aussi d’une situation géographique favorable, puisque nous sommes situés à dix kilomètres seulement de Monthey. Les habitants disposent de bons services et de commerces dans la commune, ainsi que d’une offre culturelle et sportive étoffée grâce à plus de vingt associations locales.
Nous avons aussi la chance d’être desservis par le train et les transports publics du Chablais. En fait, on peut habiter en pleine nature, au pied des Dents du Midi, avec le son des cloches, et aller travailler facilement à Lausanne, à Morges et même à Genève.
Auparavant les nouveaux habitants étaient surtout des personnes qui avaient une résidence secondaire dans la commune et s’y installaient à leur retraite. Mais depuis cinq ans environ, nous accueillons également de jeunes couples et familles. Nous avons aussi la chance d’avoir suffisamment de familles avec des enfants pour maintenir une école primaire avec un seul niveau par classe. Pour les enfants, la commune offre un cadre de vie très agréable: par exemple, ils peuvent encore – pour un certain nombre d’entre eux – aller à pied à l’école.

– Combien y a-t-il d’enfants?
– Entre l’école enfantine et l’école primaire, il y a entre 150 et 165 élèves. Pour le secondaire, les enfants, soit une cinquantaine actuellement, vont au cycle d’orientation à Troistorrents. En revanche, nous sommes un peu à l’étroit concernant l’offre pour la petite enfance. Nous avons donc le projet d’un nouveau bâtiment qui sera situé à 100 mètres environ du centre scolaire. Le nouveau bâtiment comprendra une crèche, une UAPE (Unité d’accueil pour écoliers) et une nurserie. Nous sommes en train de finaliser le projet, qui est de l’ordre de sept à huit millions de francs, et l’objectif est de commencer les travaux l’année prochaine.

– D’autres projets?
– Oui, début 2025, les services administratifs vont emménager dans une nouvelle maison de commune. Les travaux devraient être terminés à la fin de cette année. Ce déménagement était devenu obligatoire car nos locaux actuels sont vraiment trop exigus et inadaptés. Nous avons étudié la possibilité d’agrandir le bâtiment, mais il s’est avéré plus judicieux de transformer un chalet centenaire pour y installer notre nouvelle maison de commune. De plus, ce chalet étant situé au cœur du village, à proximité immédiate de l’école, notre choix s’inscrit dans notre volonté de redynamisation, étape par étape, du centre du village. Le budget se monte à 3,5 millions de francs.

– Comment financez-vous ces projets?
… Le financement est effectivement complexe. Pour la nouvelle maison de commune, nous avons trouvé un partenaire qui a pris en charge la rénovation du chalet et nous sommes locataires. C’est un partenariat privé/public très satisfaisant et nous aimerions mettre en place un modèle dans le même esprit pour le projet de l’UAPE.
Ce système de location a l’avantage de permettre d’établir un budget et d’éviter toute mauvaise surprise. De plus, il faut bien admettre qu’emprunter auprès d’une banque n’est plus aussi facile qu’auparavant..

– Quelle est votre politique énergétique?
– Jusqu’à présent, elle n’était pas très développée; nous nous sommes concentrés sur l’avenir du tourisme et l’aide à l’agriculture. Nous allons maintenant mettre en place une stratégie, mais d’abord prendre le temps de l’analyse pour être efficients dans la durée et éviter des initiatives parfois hâtives qui seraient ensuite abandonnées.
Nous voulons aussi prendre des mesures afin de réduire la consommation et pour cela nous travaillons avec un bureau spécialisé dans la planification énergétique du territoire. L’objectif est d’identifier les besoins, les soutiens à mettre en place et les potentiels d’économie.
Nous allons déjà revoir l’éclairage du centre scolaire pour passer au LED et réduire l’éclairage public. Nous avons fait le choix de ne pas l’éteindre pour des raisons de sécurité. Il y a une vraie mobilité au sein de la vallée, avec des gens qui partent travailler pendant la nuit.

Niché dans les Alpes.

– La commune a-t-elle encore des terrains à construire?
– Oui et même beaucoup trop en raison de la stratégie touristique dépoyée par la commune, qui a été freinée à partir de 2016 par la Lex Weber. L’activité immobilière s’est mise à stagner dans les stations. Aujourd’hui, il nous manque des lits hôteliers, car nos deux stations, Les Crosets et Champoussin, n’ont pas encore une taille critique et elles doivent grandir.
Un projet hôtelier à Champoussin, soutenu par la commune, est à l’enquête. Les parcelles ont été intégrées dans une zone à bâtir spécifique avec un plan d’aménagement détaillé, élaboré dans ce but. C’est capital si l’on veut attirer des projets d’envergure et œuvrer hors du modèle des résidences secondaires qui n’est plus possible dans notre commune.
Le projet, qui comprend 100 chambres et 25 appartements-hôtels, se situe dans le moyen de gamme; il plutôt axé sur des services liés à la prévention santé et au ressourcement. Cette construction permettra aussi de créer un cœur de station. La première étape de la mise à l’enquête a déjà été réalisée.

– Quelle est la place de l’agriculture?
– Nous sommes une commune avec seulement 4% à 5% du territoire bâti, le reste est du pâturage, de la forêt et des montagnes. Quelque 25% de la population vivent en dehors de la zone à bâtir, dans des chalets agricoles datant du siècle dernier ou plus. Val-d’Illiez, qui compte entre 40 et 50 familles d’agriculteurs, est parmi les plus gros producteurs de lait du Valais.
La Commune, avec celles de Troistorrents et Champéry, et le Canton soutiennent la valorisation de la filière lait par le biais de la transformation en fromage. Dans cette optique, la coopérative La Cavagne, une vitrine des produits du terroir, est une réussite.
C’est dans cet esprit qu’en 2023, en collaboration avec la région Dents du Midi, a eu lieu à Morgins la première édition
des championnats du monde de la raclette.

– Que faut-il faire lorsqu’on visite Val-d’Illiez?
– Il y a beaucoup d’activités, mais je citerais nos balades gourmandes que l’on peut faire à pied ou à VTT et la découverte des innombrables buvettes d’alpage. Dans les années à venir, nous entendons, du reste, miser sur le vélo. D’autant plus que, pour la première fois dans l’histoire des Championnats du monde de Mountain Bike qui se tiendront du 2 au 14 septembre 2025, les différentes épreuves se dérouleront toutes dans une seule région, à savoir le Valais.

 

propos recueillis par Virginia Aubert

Ismaël Perrin.

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