Michèle Roullet et Alain Miserez.

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VOTATION DU 12 MARS 2023 EN VILLE DE GENÈVE - Affichage publicitaire

Les entreprises locales ont besoin de visibilité

1 Mar 2023 | Articles de Une

Cinq partis du centre et de la droite genevoise (Le Centre, le MCG, le PLR, l’UDC et les Vert’libéraux), avec à leur côté les milieux économiques, s’opposent à l’Initiative «Zéro Pub»; par ce biais, ils rappellent l’importance de l’affichage commercial en ville. Alain Miserez (Le Centre) et Michèle Roullet (PLR), coprésidents du Comité référendaire, exposent les arguments de la campagne.

– Pourquoi s’opposer à une Initiative qui entend apporter une réponse à la surconsommation?
Alain Miserez: Pour lutter contre l’urgence climatique, il est nécessaire de promouvoir les circuits courts, l’économie circulaire et les innovations. Or l’affichage publicitaire peut inciter à consommer des produits locaux et des services responsables. Nous défendons l’économie locale pour que la ville demeure un lieu qui privilégie la liberté d’expression, où l’entrepreneuriat et l’innovation aient encore un sens. La publicité informe le citoyen qui, avisé, peut choisir ses biens de consommation avec plus d’exigence. Ayons donc confiance dans le libre arbitre de nos citoyens. Par ailleurs, à l’interdiction de publicité visée, la Ville émet deux exceptions: «l’affichage culturel ou à portée éducative». Mais, comment définir ce qui est éducatif? Avec ce règlement, Netflix pourra faire de la publicité, puisqu’il distribue des films documentaires, alors que le maraîcher ou l’agriculteur du coin ne seront pas autorisés à promouvoir leurs produits et services, fussent-ils écologiques.

– Selon vous, l’Initiative est trompeuse en promettant de lutter contre la pollution visuelle.
Michèle Roullet: Si le peuple accepte cette Initiative, le paysage urbain continuera d’être occupé à 80% par l’affichage non commercial (culturel, événementiel, politique). Les 20% restants deviendront des panneaux pour l’expression dite «libre et citoyenne» ou pour promouvoir des produits lucratifs, mais à but éducatif. Or, à Genève, la publicité est soumise à des règles parmi les plus strictes au monde (pas de publicité contenant des images sexistes, discriminantes ou portant sur certains produits tels que l’alcool, le crédit à la consommation, etc.). En revanche, cette «libre expression», sans cadre réglementaire, entraînera de l’affichage sauvage avec pléthore de graffitis immondes, de slogans injurieux, sexistes… Par ailleurs, si l’affichage régulé venait à disparaître, les PME auraient de la peine à se tourner vers d’autres supports publicitaires, notamment les moyens numériques, compliqués à gérer, plus onéreux, à l’impact dilué car trop nombreux (GAFAM, Twitter, Tik-Tok, Instagram, Pinterest, etc.), et qui favorisent les grands groupes prêts à payer d’énormes montants pour être visibles.

– Vous allez plus loin en affirmant que l’acceptation de l’Initiative impliquerait indirectement une concurrence déloyale en faveur des géants américains. Qu’en est-il?
Alain Miserez: En effet, nos artisans et entrepreneurs, qui ne pourront plus promouvoir leurs produits et services à leur clientèle de proximité par affichage, seront les premières victimes de cette censure. Les gagnants seront les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), ces géants du Web très intrusifs et qui nous arrosent de publicités sur nos écrans. Ces derniers créent bien des emplois et des recettes fiscales, oui… mais en Californie et rien pour Genève! Aussi, cette Initiative favorisera la surconsommation contre laquelle elle prétend lutter.

– Quel est l’argument financier?
Alain Miserez: L’affichage publicitaire rapporte 10 millions de francs à la Ville de Genève, soit l’équivalent de 331 places de crèche. Bien que ce chiffre ait été contesté par les partisans de l’Initiative «Zéro Pub», il est maintenant accepté par certains d’entre eux, comme déclaré dans les médias. Si l’Initiative passe la rampe, ce montant devra être payé avec nos impôts. Avec un déficit de 23 millions cette année et une dette de 2 milliards, est-ce le moment de perdre tant d’argent? Enfin, si on pénalise des entrepreneurs locaux en leur interdisant de faire de la publicité, il faudra compenser cette perte. Or, il est fort probable que la Ville de Genève aille chercher cet argent dans les caisses de ces mêmes entreprises.

– Comment procédez-vous pour convain-cre la population?
Michèle Roullet: Le dialogue avec la population s’établit par le biais de stands politiques et de quatre affiches avec des QR codes donnant accès à des capsules vidéo à relayer sur les réseaux sociaux. Sept indépendants et directeurs de PME – directement touchés par cette Initiative – partagent leur expérience. S’ajoutent les propos recueillis auprès de douze personnalités politiques locales. Ensemble, ces dix-neuf protagonistes relèvent l’importance de supports de communication comme l’affichage dans la création et la longévité des entreprises. Ils soulignent combien la censure par idéologie, véhiculée par une Initiative – qui ne se préoccupe pas des impacts financiers et sociaux – est dangereuse.

 

Propos recueillis par
Véronique Stein

 

Comité référendaire Non à «Zéro Pub»
c/o Le Centre, Ville de Genève
9, rue Alcide-Jentzer – 1205 Genève
Tél.: +41791099879
Mail: contact@zeropub-non.ch

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