Les entreprises genevoises s’engagent pour le préapprentissage d’intégration

Le PAI prépare à une entrée en formation professionnelle initiale (AFP/CFC) ou à une prise d’emploi. Ce dispositif accompagne les entreprises formatrices et les préapprentis à l’insertion professionnelle: une formation duale de dix mois qui comprend trois jours en entreprise et deux jours de formation scolaire pour l’enseignement des mathématiques, du français et de la culture générale. Cette année, septante-quatre préapprentis s’activent dans différents domaines professionnels. «Et l’année dernière, plus de 68% des participants ont continué directement en AFP, en CFC, dans une autre formation ou en emploi. Ce qui démontre les qualités d’insertion du PAI, explique Léna Strasser, répondante du dispositif intégration, à l’OFPC, à Genève. L’objectif est de qualifier les jeunes issus de la migration, arrivés tardivement en Suisse, pour qu’ils raccrochent de manière pérenne le monde du travail. Ce dispositif répond ainsi à la pénurie de main-d’œuvre actuelle, tout en évitant l’aide sociale».

Toujours progresser

«Nous cherchons toujours à donner sa chance à une personne au parcours différent. Nous sommes pilote depuis l’année passée dans le domaine de l’électricité, qui nécessite des profils exigeants. Premier préapprenti PAI électricien, Amir s’est montré si impliqué, précis et mature lors de son stage qu’il a vite fait l’unanimité au sein de l’équipe: nous lui avons offert la possibilité d’embrayer directement sur le CFC d’électricien de montage», approuve David Baeza, co-directeur de Coelec SA, entreprise formatrice de longue date.
Arrivé d’Afghanistan avec sa famille voici deux ans et demi, Amirnawaz Zadran (dit Amir), trente ans, confie qu’il a d’abord dû lutter contre sa timidité pour prendre la parole en français dans une salle de classe de la Roseraie avant de saisir cette opportunité du PAI, qui le fait se sentir véritablement intégré. «J’aime arriver tôt au travail, m’organiser avec mes collègues autour d’un café avant de partir en dépannage ou sur un chantier, toujours accompagné d’un professionnel à qui j’ose poser des questions». Car pour lui, les tableaux électriques, les câbles d’alimentation sont aussi des réminiscences de son passé, dans son village natal où on l’appelait pour réparer les défaillances du système électrique. Ce père de deux filles en bas âge sourit: «Le week-end, après une grande balade avec les enfants, je dois parfois m’exiler… au calme d’une bibliothèque universitaire pour réviser mes maths». Il vise l’option d’installateur électricien CFC, en quatre ans, qui lui permettra de progresser rapidement dans la profession.

ADN formateur

«Dans notre entreprise inclusive, à l’ADN formateur, engager des préapprentis PAI va de soi», appuie Antonella Zadotti, responsable régionale de la formation professionnelle à IKEA. Et Thomas Meisner, formateur à IKEA-Vernier, d’ajouter: «Amener une jeune personne sur le chemin de l’autonomie professionnelle et qui peut, selon ses aspirations, continuer à se former chez nous, c’est un travail d’équipe. Quand on sait que la candidate repart avec une qualification, c’est une réussite pour tous!»
Depuis six ans à Genève, à virevolter entre les emplois précaires, la jeune Franco-Dominicaine Juliette Gouilliart a trouvé, grâce au PAI, la voie d’entrée en formation. «Après avoir essuyé des dizaines de réponses négatives à mes postulations d’apprentissage comme gestionnaire du commerce de détail CFC, je suis maintenant intégrée depuis deux mois, au contact des clients, dans une équipe qui me soutient. Cela me motive et m’encourage à continuer vers le CFC».

Eliane Schneider
Office pour l’orientation, la formation
professionnelle et continue (OFPC-Genève)