Philippe Fleury.

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économie - Comment faire (mieux) vivre Genève?

Les entrepreneurs définissent leur vision

15 Mai 2024 | Articles de Une

Issue de sept organisations économiques genevoises, «Agir pour Genève» est une feuille de route qui aborde 11 thématiques et liste 72 propositions: elle vise à améliorer la qualité de vie et à défendre la prospérité économique et sociale du canton. Plutôt qu’un document figé, les axes de réflexion et les priorités de ce programme sont amenés à évoluer. Philippe Fleury, directeur général de la Fédération des Entreprises Romandes Genève (FER Genève) – une des associations portant le projet – répond à nos questions.

– D’où est venue l’idée de réaliser ce document?
– En 2023, les principales associations économiques de Genève ont collaboré dans le but de contrer trois initiatives de la gauche en matière fiscale. Ces initiatives, si elles avaient été acceptées par le peuple, auraient nettement péjoré les conditions-cadres de notre canton. Dans le prolongement de ces réflexions sur la fiscalité, les organisations économiques ont décidé d’élargir la discussion à d’autres sujets en menant une démarche commune. Les thèmes qui nous réunissent en matière d’économie et de conditions-cadres à Genève ont ainsi été ciblés. Après plusieurs mois d’échange, les grands principes ont pu être retranscrits dans la brochure. Des capsules vidéo s’ont venues s’y ajouter.

– A-t-il été facile, pour les différents partenaires, de s’accorder sur les diverses propositions?
– Sans surprise, nous étions relativement d’accord sur la plupart des questions, notamment celles en lien avec le marché du travail, la formation, la fiscalité, l’état des finances publiques et même la durabilité et le Grand Genève. D’autres thématiques, comme l’aménagement du territoire ou le logement, ont donné lieu à des débats plus vifs. Dans l’ensemble, une bonne harmonie ressort de la brochure: le plus petit dénominateur commun – avec toute sa substance – y est présenté.

– Quelle est l’ambition de la démarche?
– Nous comptons suivre de près les
réalisations politiques, soit les travaux du Parlement et du Gouvernement, en fonction de cette feuille de route. Nous entendons établir un dialogue suivi avec les autorités sur les actions à entreprendre.

– A qui s’adresse ce document de réflexion?
– Plusieurs publics sont concernés: les membres des différentes associations, pour défendre leurs intérêts; les milieux politiques (Législatif et Exécutif), afin de leur faire part de nos priorités; enfin, le document est destiné à la population dans son ensemble, soit à toute personne concernée par l’avenir économique du canton.

– Comment peut-on obtenir la brochure?
– Elle est téléchargeable sur le site de la Fédération des Entreprises Romandes (FER) ou peut être commandée en version papier. Lors du lancement de la feuille de route, les médias s’en sont fait l’écho; nous comptons poursuivre la communication lorsque des actions particulières seront mises en œuvre.

– Quelles ont été les réactions des autorités politiques?
– Il faut avant tout mentionner que cette brochure n’a pas été éditée en réaction contre le programme de législature (2023-2028) du Conseil d’Etat genevois. La diffusion de notre document a même été différée pour ne pas «entrer en collision» avec le programme cantonal. Ce sont des propositions destinées aux autorités et non des oppositions à leur encontre. Il apparaît que notre travail a été pris en considération; certains points ont requis des éclaircissements. Un débat s’est donc instauré.

– Y a-t-il des liens entre «Agir pour Genève» et le programme de législature du Conseil d’Etat?
– Nous sommes alignés sur plusieurs points. Les deux documents se recoupent sur la baisse de la fiscalité des personnes physiques et morales, le marché du travail (mise en avant du partenariat social), la volonté de conclure des relations stables et pérennes avec l’Union européenne, le développement de l’employabilité, la formation… pour ne citer que quelques exemples.

– Quels sont, à vos yeux, les principaux axes de la brochure?
– Nous ne traitons pas seulement de sujets économiques, mais aussi de thèmes sociétaux qui ont une influence sur l’économie. L’aménagement du territoire, la durabilité ou le Grand Genève expriment cette vision plus large. Il nous semble important de considérer l’écosystème: Genève est un canton étroitement lié à sa région, ce qui implique une politique qui tienne compte du bassin franco-valdo-genevois dans son ensemble. A la FER, il est évident que nous sommes attachés au marché du travail et à l’emploi, avec, parmi nos priorités, l’accès au marché européen. En outre, le développement de l’employabilité de la population – en collaboration avec l’Etat et les partenaires sociaux – est essentiel dans le but de réduire le socle du chômage et de préparer les actifs aux emplois de demain.
En matière de fiscalité et afin de maintenir la compétitivité de Genève pour les entreprises, nous ambitionnons une réduction des impôts sur la fortune (par le biais de la Loi sur l’estimation fiscale des immeubles (LEFI), dont l’application est suspendue), ainsi que sur les personnes morales (Révision de la fiscalité de l’outil de travail) et sur les personnes physiques. Du point de vue de la mobilité, nous aspirons à davantage de fluidité du trafic, afin que les entrepreneurs puissent mener à bien leurs activités. En termes de durabilité, bien que l’on ne soit pas toujours attendu sur ce sujet, nos propositions portent sur la promotion des énergies renouvelables et une mobilité sobre en carbone.

– Qu’en est-il du logement?
– Il s’agit de lutter contre la pénurie de logement, tout en favorisant le logement des actifs sur le territoire cantonal: habiter à proximité de son lieu de travail est primordial pour le bien-être de tous. Par ailleurs, les opérations de démolition-reconstruction doivent être favorisées, afin de préserver les zones non bâties, tout comme le soutien aux propriétaires en faveur de la transition énergétique. Enfin, nous devons appuyer ceux qui souhaitent devenir propriétaires d’un bien immobilier.

– Le document a-t-il une couleur politique?
– Sans être partisan, «Agir pour Genève» se veut politique au sens de «gestion de la Cité». Mais si l’on devait donner une orientation, ce serait celle du centre-droit. A noter toutefois que les personnes qui ont collaboré à l’élaboration de la brochure l’ont fait en tant que représentantes de leur association économique respective et non pour porter la voix d’un parti.

 

Propos recueillis par
Véronique Stein

La brochure est disponible sous:
www.fer-ge.ch/agir-pour-geneve