BIM: le meilleur moyen de souder une équipe autour d’un grand projet!

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Les bétonneurs sont constructifs!

23 Mar 2022 | Articles de Une

BIM: qui était déjà né au milieu du siècle dernier a de la tendresse pour ces trois lettres. «Bim, le petit âne» a su toucher le cœur des enfants d’alors, par un livre et un film où trempa Jacques Prévert. Aussi quand – au début de cette année – des annonces de toute sorte faisaient attendre un «BIM» à Palexpo, la nouvelle tapa dans l’œil du soussigné. Mais le malentendu par synonymie n’était pas fini: deux BIM se disputaient Palexpo en cette saison: la Biennale de l’Image en Mouvement, présente en force à Artgenève; et la journée sur le «Building Information Modelling», qui est à la construction ce que le dossier patient est à la médecine. Mais on n’était pas au bout des surprises…

«Le BIM a réduit par trois ou cinq le temps de gestion d’un grand chantier!»: c’est un argument choc pour un outil dont la définition est floue. A vrai dire, cette intégration de toutes les informations de tous les partenaires d’un projet semble plutôt née dans l’aéronautique. Les échanges de données selon les procédures usuelles ne suffisent pas, quand on a des fournisseurs ou ingénieurs aux quatre coins du monde. Depuis lors, le BIM a essaimé dans les chantiers navals, dans la construction et l’urbanisme, voire en archéologie. Certes, le BIM a ses sceptiques: «A être sans cesse en ligne avec une légion de partenaires, cela peut aussi créer du fouillis». Mais laissons là les considérations générales sur le BIM, qui a déjà toute une histoire écrite et vécue (voir encadré). Le 10 mars à Palexpo ce furent surtout de petites anecdotes qui en dirent long…

Trois Rochemont à Genève

On a eu droit – entre autres – au descriptif d’un campus «Pictet de Rochemont» sur lequel planche la banque Pictet & Cie aux Acacias (pas à La Treille où Pictet de Rochemont a sa statue, ni aux Eaux-Vives où il a sa rue). «Anticiper est le maître mot» fut -il dit et répété; et comme la banque est une industrie en crise et rebond constant, «les bâtiments doivent être flexibles… et convertis en logement si nécessaire». Autre nouvelle collatérale, fournie par un autre exposé sur Notre-Dame de Paris: «Notre partenaire pour la conservation du patrimoine est le meilleur de tous… un champion du monde». Méfiant envers les superlatifs – surtout attribués aux siens – le journaliste a voulu en savoir plus. «Ce n’est pas une formule creuse: la maison en question a été lancée par un tailleur de pierre qui – le premier – a su se saisir de l’informatique». Autre exposé encore, où on apprit que «Toulouse est la troisième ville de France». Vrai, Toulouse a bien grandi, mais en France comme en Suisse ou ailleurs, la liste des plus grandes villes n’est pas celle des plus grandes agglos. Mais la surprise des surprises était encore à venir…

Deux grandes nations au Nord

Walt Disney Imagineering était aussi de la journée, et l’exposé a commencé par une carte à l’écran montrant les divers parcs Disney à travers le monde. Un incident technique bloquant l’exposé pendant un quart d’heure – mais pas la guerre au Nord de la Mer Noire -, le journaliste a eu le temps de jeter un coup d’œil en ligne sur les régions vierges de Disney. Et là… surprise… un parc Disney devait s’ouvrir en juin 2023 à… Moscou. «Le BIM permet-il de faire un couper-coller pour poser le parc au Sahara, par exemple?», telle fut la question du journaliste. «En dehors de la question technique… un parc Disney a toujours des thèmes en phase avec la culture du pays: ça ne peut se transposer!», telle fut la réponse. Confirmée par ce qu’on peut trouver en ligne sur ledit parc Disney de Moscou. On y trouve encore – ou déjà – une lettre d’amour du patron de Disney à la Russie (postdatée du jour prévu de l’inauguration): «À vous tous qui venez dans ce lieu magique, bienvenue. Ici, vous découvrirez des terres enchantées de fantaisie, d’aventure, d’hier et de demain. Puisse Disneyland Moscou être éternellement le plus grand endroit de Russie. Et puisse ce royaume magique être un symbole durable de l’esprit de coopération et d’amitié entre les grandes nations que sont la Russie et les États-Unis d’Amérique». Le message de Bob Iger, prévu pour le 27 juin 2023, est émouvant, car il ramène nos pensées non plus à la guerre en Ukraine, mais aux enfants russes… petits et grands. D’ailleurs, il y a déjà à Moscou un parc russe du genre – «Dream Island» – qui semble avoir peu de succès, bien qu’assez neuf.

Une question en rade

Reste une question (au moins), à propos du BIM: que doit apprendre un ingénieur, dès lors que tout est déjà sous contrôle intégré des algorithmes? Vaut-il mieux, désormais, être champion de Lego que Nobel de physique? Une touche d’humour, pour finir… qui fait penser à la fameuse blague soviétique sur «rattraper les Américains»: «Pourquoi organisez-vous – même pour la seconde fois – un BIM Day à Palexpo, au lieu de l’intégrer à (par exemple) un salon du bâtiment?», telle fut la question posée aux géniteurs du BIM Day. D’autant que deux ou trois orateurs – de l’Ecole polytechnique de Lausanne, du Département des infrastructures de Genève – venaient d’étaler l’excellence helvétique en la matière. Et les Françai(se)s qui ont lancé le BIM Day de répondre: «Non, un forum spécial est utile… car la Suisse est en retard!».

 

Boris Engelson

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