Sylvain Dumoulin.

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Sylvain Dumoulin, président de Savièse

Le village qui devenait petite ville

22 Déc 2021 | Articles de Une

Savièse n’était pas à l’abri de se transformer en quartier-dortoir de Sion, mais le «vivre-ensemble» et l’esprit villageois défendus becs et ongles par le Conseil municipal sont en passe de se greffer avec succès sur le centre modernisé de la commune.

Avant de devenir une commune riche et prospère sur les hauts de Sion, Savièse c’est toute une histoire: un hameau néolithique sur la colline de la Soie près de 5000 ans avant J.-C.; un groupe de villages, du Haut-Moyen Âge au XVe siècle; une communauté vassale du Prince-Evêque de Sion (acte donation du comté du Valais datant de 999), dès le XIe siècle; la construction du mythique Bisse du Torrent-Neuf en 1430; le pillage de la commune par les hommes du Comte de Savoie en 1475; un livre entier ne suffirait pas à tout conter.
Savièse – la chose est peu connue hors canton – est également un ensemble de villages et de hameaux aux noms familiers loin à la ronde: Saint-Germain (chef-lieu de la municipalité), Chandolin, Drône, Granois, Ormône, Roumaz, ainsi que les Hauts de Savièse avec Binii, Les Rochers, Prafirmin, Prarainson, Mossevron et les Mayens-de-la-Zour.
Avec 280 ha de vignes, Savièse est la cinquième commune viticole du Valais. Son carnaval et sa Fête-Dieu sont des événements connus loin à la ronde. Sa fantastique collection des peintres de l’Ecole de Savièse (Ritz, Biéler, Chavaz etc.) et son théâtre du Baladin lui assurent un rayonnement culturel aux quatre coins de la Suisse.

Combattre le risque
du quartier-dortoir

Le décor est planté. Solide, enraciné, varié, doté d’une multitude d’atouts, mais aussi confronté à un danger majeur, comme le souligne le président Sylvain Dumoulin, 40 ans, ingénieur civil de formation, et politicien new-look en Valais puisque pragmatique avant que d’être partisan: «Quand on a dépassé la barre des 8000 habitants et qu’on est à cinq minutes de voiture de la capitale, on a forcément un risque de dériver vers un profil de quartier-dortoir, et tout l’enjeu de notre politique, c’est précisément d’imposer une autre personnalité!». Un pari que le jeune politicien est en passe de concrétiser partiellement avec la réalisation sans faute d’un nouveau «centre-ville» à St-Germain, autour d’une Maison de la Santé, d’un parking, de commerces, de bureaux, d’appartements protégés et de logements.
«Aujourd’hui, poursuit le président, la demande est forte, notamment au centre de la commune et dans les quartiers résidentiels, alors que l’intérieur des villages historiques connaît moins de succès qu’autrefois. Pour nous, l’important est de soigner ce «vivre-ensemble» si important pour les Saviésans, comme nous l’a démontré l’élaboration de manière participative de notre stratégie «Savièse 2030». Offrir juste à côté de la Maison de commune et de l’Eglise, des professionnels de santé en tous genres, une pharmacie, une boulangerie, du commerce de détail, des appartements protégés, un centre culturel et un parking de 270 places, c’était un premier pas déjà intéressant. Mais soigner la mixité de ce nouveau quartier en proposant par ailleurs des logements accessibles à tous, ça va faire la différence, car cela prend aussi en compte la sociologie de nos villages. C’est une vision complète de l’urbanisme, dont nous pouvons être fiers. Et ce quartier de St-Germain sera animé en journée comme en soirée!».

La Fête-Dieu à Savièse: légendaire.

Intégrer les habitants
des nouvelles zones à bâtir

Dans une commune où pullulent les projets de construction privés et décentrés (notamment un lot très discuté de 60 à 70 logements signés Christian Constantin), créer du lien social est sans conteste une priorité. Les nombreuses associations locales (musicales, théâtrales, sportives, culturelles) y contribuent grandement, mais à l’évidence, un événement prend le pas sur elles: la légendaire Fête-Dieu de Savièse.
«Elle est au cœur de nos plus belles traditions, résume Sylvain Dumoulin. C’est une fête que nos villages organisent à tour de rôle dans un tournus de cinq ans, et les préparatifs durent plusieurs mois. Les nouveaux citoyens l’apprécient énormément, car elle est pour eux un moyen de s’intégrer et de partager beaucoup de bons moments avec leurs voisins, tout en ayant la fierté de pouvoir y participer. La Fête-Dieu, c’est clairement l’un des composants essentiel du ciment de notre population».
Dans les projets d’urbanisme de la commune, notons encore l’amélioration de la mobilité, primordiale notamment pour les 3000 à 4000 pendulaires de Savièse. «Une chose est sûre, constate le président Dumoulin, la politique du canton tend à ne plus être guère favorable à la construction de nouvelles routes. Notre projet dit de la route de contournement a d’ailleurs quelques difficultés et risque de ne pas voir le jour. Alors, on envisage d’autres pistes pour améliorer les tronçons routiers existants, sans créer pour autant de nouvelles voies… Cela soulagerait sans doute le trafic dans plusieurs de nos villages. Cela dit, on n’est pas orientés sur la seule voiture: nous avons également toute une réflexion sur les transports en commun et les mobilités plus douces».
«Les matériaux de l’urbanisme sont le soleil, les arbres, le ciel, l’acier, le ciment, dans cet ordre hiérarchique et indissolublement». Cette vision quasi prophétique de Charles-Edouard Jeanneret, dit Le Corbusier, colle bien à celle de la commune de Savièse, qui a lancé un programme original: pour chaque naissance, un arbre planté. Une garantie de verdure pour ces villages de charme qui ont séduit jadis les remarquables peintres de l’Ecole de Savièse, et qui ont su préserver leurs valeurs tout en s’offrant les infrastructures d’une ville à taille humaine.

 

Jean-François Fournier

La Fête des maires, c’est toute l’année!

 

Délimitée géographiquement à l’est par la vallée de la Sionne, à l’ouest par la vallée de la Morge, au nord par la chaîne des Alpes bernoises en limite des cantons de Berne et de Vaud et au sud par la commune de Sion, Savièse s’étend sur un magnifique plateau dominant en son sud la capitale du Valais. Viticole, accueillante, chaleureuse, elle séduit chaque visiteur. Les premières traces d’établissement d’une communauté sur le territoire ont été mis au jour au château de la Soie et datent de 4800 ans av. J.-C. Autant dire que les nombreux Romands (entre autres) amoureux de Savièse ont eu de nombreux prédécesseurs!