Le plaisir du ski, à Verbier ou à la Tzoumaz.

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LA fête des maires - Christel Duc, Présidente de Riddes/VS

«Le Valais en miniature»

6 Déc 2023 | Articles de Une

Riddes, dont le village de plaine est entouré de vergers, est une commune à la tessiture remarquable. Son territoire s’étend des berges du Rhône jusqu’au Mont-Gelé à 3023 mètres d’altitude, «le Valais en miniature», comme résume sa Présidente de commune, Christel Duc. Riddes affiche un fort développement avec une augmentation marquée de sa population, un tourisme florissant et la construction du premier magasin Ikea en Valais.

– Comment se présente la saison d’hiver?
– Elle s’annonce très bien avec les précipitations arrivées particulièrement tôt cette année, sans parler de l’abondante neige tombée ces derniers jours. Cette situation a permis d’ouvrir les premières pistes dès le week-end du 11 novembre dans le secteur du lac des Vaux. Ce bon début se traduit déjà à travers les réservations qui sont très positives, alors que la tendance, ces dernières années, était plutôt à la dernière minute: les gens se décidaient en fonction de l’enneigement, bien qu’en ce qui nous concerne, nous ayons peu souffert de l’enneigement limité des dernières saisons, contrairement à d’autres stations. Nous avons en effet la chance de bénéficier d’une situation géographique favorable, car nous faisons partie du domaine skiable des 4 Vallées. A La Tzoumaz, les pistes sont orientées au nord, ce qui permet de skier de décembre à avril. Par ailleurs, l’intégralité du domaine est enneigé mécaniquement, ce qui assure des conditions optimales tout l’hiver.
La pandémie nous a été particulièrement clémente, puisque nous avons enregistré une hausse importante du tourisme de l’ordre de plus de 60% des nuitées estivales pour la période 2020-2021, assortie d’une fréquentation réjouissante de la partie germanophone de notre pays, clientèle que nous n’avions pas l’habitude d’accueillir. Les chiffres se sont ensuite tassés en 2022 et 2023 pour revenir au niveau d’avant-Covid, avec un supplément de 5% à 6%.

– Le tourisme d’été est-il pour vous un axe de développement?
– Absolument. Nous ne pouvons pas nous contenter d’axer notre développement sur l’hiver, ce d’autant que notre destination a tout pour séduire en été. Un magnifique réseau de sentiers de randonnées pédestres, des itinéraires et une piste de descente de VTT, un lac alpin, véritable écrin de nature préservé… mais notre atout clef est l’Espace Nature avec la Maison de la forêt, sa chaleureuse buvette et ses petits plats où les étoiles sont dans les yeux des visiteurs. Celle-ci a également construit sa réputation au travers des expositions qui se renouvellent régulièrement, l’actuelle étant consacrée à l’écosystème forestier. De là, vous pourrez cheminer sur le Sentier des Sens, qui ramène le visiteur aux sources de la forêt avec des expériences et des découvertes ludiques autour des cinq sens. A relever qu’une partie de ce cheminement est également accessible aux personnes à mobilité réduite, fruit d’une étroite collaboration avec notamment le Projet Interreg franco-suisse Nature pour Tous. Cette particularité attire aussi les familles avec petits enfants qui profitent d’un cheminement idéal avec les poussettes.
Et le dernier-né, «les Défis de la Rivière», avec des jeux et des épreuves d’agilité pour réveiller les sens et vivifier le corps au contact de l’eau bien fraîche de La Faraz.
Nous souhaitons ainsi clairement poursuivre le développement de La Tzoumaz à la belle saison, notamment aussi en automne, où l’été indien qui s’y installe au son du brâme du cerf permet de profiter pleinement de vacances reposantes, mais tout en activités variées.

– Comment La Tzoumaz se positionne-t-elle par rapport à Verbier?
– Nous sommes très complémentaires. La Tzoumaz est un peu la petite sœur de Verbier. Du reste, nous collaborons avec notre voisine, notamment pour la promotion à l’international par le biais de la société Verbier Promotion SA. La notoriété de Verbier est clairement un avantage pour La Tzoumaz et notre clientèle profite pleinement de cette proximité, qui vaut également dans l’autre sens, avec les visiteurs de Verbier qui apprécient le côté plus authentique de ce côté-ci de la montagne.

– Quel bilan tirez-vous de la Lex Weber?
– La loi est positive, dans le sens où elle a eu pour effet une rénovation du bâti. De nombreux propriétaires ont vendu et les nouveaux ont rénové et agrandi. Ces rénovations ont souvent permis un assainissement énergétique, voire le changement du système de chauffage ou la pose de panneaux solaires.
Un grand nombre de transactions immobilières ont été enregistrées depuis la Covid, avec un phénomène qui semble se confirmer, soit une occupation plus importante de la part des nouveaux acquéreurs. Ces derniers sont de surcroît plus enclins à mettre leur bien en location.
Parallèlement, les prix ont nettement augmenté, la demande pour des résidences secondaires étant bien supérieure à l’offre. Jusqu’à présent, le prix d’un chalet ne dépassait jamais le million de francs, tandis qu’aujourd’hui un chalet ou un appartement transformé style loft peut aisément dépasser ce prix.
Le succès de la location des biens de luxe, en particulier les grands chalets, est en constante progression. La variété des biens en location permet toutefois aux familles avec un budget plus modeste de trouver leur bonheur.

– Certaines stations ont fait le pari de monter en gamme afin d’attirer une autre clientèle. Avez-vous envisagé cette option?
– Non, La Tzoumaz est une station familiale et entend le rester. Nous bénéficions de la proximité de Verbier, ce qui permet aux touristes de profiter des boutiques et restaurants de luxe. Et inversement, beaucoup de personnes séjournant à Verbier viennent ici pour la nature et l’ambiance plus familiale.

– Vous avez évoqué les canons à neige. Comment s’intègrent-ils dans la politique environnementale de la commune?
– Tout est question de pesée d’intérêts. Le ski reste la principale activité économique et nous devons la préserver. Comparativement à d’autres domaines d’activité, les canons à neige consomment peu d’eau et la société Téléverbier SA, qui exploite le domaine skiable, bénéficie d’enneigeurs de dernière génération. Ces appareils produisent une neige de grande qualité, avec moins d’eau et d’énergie que les appareils de génération précédente. D’autre part, la rationalisation de l’enneigement est bien évidemment tout à l’avantage économique d’une société de remontées mécaniques, à l’heure où le prix de l’énergie a pris l’ascenseur, sans parler du prix de l’eau, sur lequel la pression va continuer d’augmenter.

– Quelle est votre politique énergétique?
– Certifiée ISO 9001 (gestion de la qualité), 14 001 (gestion de l’environnement), Valais Excellence et «Cité de l’énergie», Riddes développe une politique énergétique ambitieuse. Notre commune, au travers de la société Genedis, dispose d’un chauffage à distance, que ce soit au village de plaine ou à La Tzoumaz, de trois minicentrales hydrauliques et de panneaux photovoltaïques sur la nouvelle école labellisée Minergie. L’installation de la technologie led pour l’éclairage public, la mise à disposition des citoyens d’outils d’analyse de leurs bâtiments, entre autres, témoignent de notre grande implication en matière d’efficacité énergétique et de développement durable. Notre prochain objectif est l’assainissement énergétique du bâtiment de l’administration communale. Ce projet doit toutefois être décalé dans le temps, d’autres infrastructures prioritaires devant être réalisées, notamment l’agrandissement du centre sportif.

– La population a donc augmenté?
– Oui, nous avons enregistré une augmentation de 135% au cours des cinq dernières années et sommes passés de 2900 habitants en 2014 à 3800 aujourd’hui. Nous avons rénové et agrandi l’école en 2014 et avions déjà prévu, à l’époque, de pouvoir rehausser le bâtiment d’un étage. Ce chantier est actuellement en cours et nous permettra de disposer de quatre nouvelles classes pour la rentrée 2024-2025.

– Comment s’explique cet intérêt pour la commune?
– Une des raisons de notre succès réside sans doute dans un réseau de transports publics performant, avec notamment notre gare et des trains à la demi-heure, ainsi qu’une sortie d’autoroute. Si Riddes est très bien desservie, la situation est plus difficile pour La Tzoumaz, d’où la poursuite du projet d’une liaison par câble depuis la gare de Riddes, qui pourrait aboutir en 2030.
Par ailleurs, les prix de l’immobilier sont abordables et nous offrons des possibilités de garde pour les enfants: nurserie, crèche, UAPE et parents d’accueil. Nous prenons en charge aujourd’hui près de 200 enfants par jour. Des terrains à bâtir sont encore disponibles et la société Losinger Marazzi est en cours de développement d’un écoquartier au lieu-dit «Les Longues Raies», qui pourrait voir sortir de terre quelque 300 logements. Le projet est encore au stade des autorisations et se fera en trois étapes, dont la première pourrait débuter en 2025.
Le Conseil communal ne souhaite plus du tout étendre sa zone à bâtir, les perspectives de développement existantes pouvant porter notre population à 5000 habitants. Les défis que comportent une telle progression sont évidemment importants. Nous souhaitons au contraire, au travers de la révision en cours de notre règlement des constructions et du plan de zone, privilégier le développement qualitatif.
Notre territoire jouit d’un très bon équilibre entre les zones résidentielle, commerciale, artisanale et agricole, que nous souhaitons préserver. Les 750 hectares de la dernière nommée font de Riddes l’une des plus grandes communes arboricoles du canton.
Je ne pourrais conclure cet entretien sans évoquer l’arrivée sur notre territoire de l’enseigne Ikea, le premier magasin en Valais et le dixième de Suisse. Le chantier est bien avancé et l’ouverture prévue pour le printemps 2024. Il va sans dire que la poursuite du développement de la zone commerciale des Babioux est une formidable opportunité pour notre commune, avec des enseignes de qualité telles que notamment Hornbach et Ikea. Je tiens à relever la future accessibilité en transport public du site – dès le prochain changement d’horaire CFF – ainsi que l’accent mis sur la mobilité douce depuis le village de Riddes.

 

Propos recueillis
par Virginia Aubert

Christel Duc.

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