Les projets de transformation et de rénovation offrent des contextes particulièrement propices au réemploi de matériaux existants.

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économie circulaire

Le réemploi a le vent en poupe!

5 Avr 2023 | Articles de Une

Loin d’être des pratiques nouvelles, le réemploi et la réutilisation ont accompagné l’acte de bâtir depuis l’Antiquité et leur disparition au XXe siècle paraît n’être qu’une exception historique. Ayant pour objet d’éviter aux matériaux perdant leur usage d’être mis au rebut, l’une se distingue de l’autre par la fonction pour laquelle un élément trouve une nouvelle vie. Ainsi, le réemploi est l’acte de remettre en œuvre un élément dans son intégrité physique et fonctionnelle, tandis que la réutilisation implique la modification de sa fonction et/ou de sa forme.

A Genève, ces pratiques vertueuses d’économie des ressources se développent et de plus en plus de maîtres d’ouvrage de tous horizons se lancent dans l’aventure. La filière se structure sous l’impulsion de ces chantiers pilotes et intègre une variété toujours croissante d’éléments de construction. On se souvient de la déconstruction de la caserne des Vernets ou des projets du Jardin Botanique et du stade des Arbères (FAZ Architectes) à Meyrin, qui ont ouvert la voie à la réutilisation d’éléments de béton de démolition sciés comme dallage extérieur. Ces premières expériences dans le canton ont marqué les esprits et cette pratique est à présent encouragée jusque dans les programmes des nouveaux concours.

Une diversité d’interventions

Désormais, le réemploi concerne des démolitions complètes de bâtiments – qui deviennent alors des déconstructions – en offrant la possibilité de valoriser aussi bien des revêtements intérieurs et extérieurs que des éléments d’enveloppe et de structure. C’est notamment le cas de l’immeuble d’habitation «Acacias 66» qui, en intégrant une démarche d’inventaire des matériaux et de recherche de repreneurs, a permis de préserver 1400 m2 de parquet, près de 100  m3 de poutres en bois, 43 salles de bains complètes, 87 fenêtres et un lot exceptionnel de carreaux de ciment du XIXe siècle. Par ailleurs, grâce à cette réalisation, les acteurs du projet – ingénieurs et entreprise de démolition – ont pu gagner en compétences, s’appuyant sur l’expertise de Matériuum dans la valorisation et la dépose soignée de matériaux de construction.
Les projets de transformation et de rénovation, quant à eux, offrent des contextes particulièrement propices au réemploi de matériaux existants, et ce directement sur place. La Caisse de prévoyance de l’Etat de Genève (CPEG) s’est récemment engagée dans une telle démarche dans le cadre de la rénovation du quartier PAV (Pointe Nord), où elle transforme des bâtiments de bureaux et de laboratoires en surfaces administratives. Le projet, mené par le bureau d’architecture Baud et Früh avec le soutien de Matériuum, s’est efforcé de préserver le plus d’éléments possible. La réalisation d’un inventaire-réemploi des éléments voués à être remplacés a complété cette démarche et a permis leur commercialisation, puis l’adaptation du chantier pour organiser leur démontage soigné, leur conditionnement en vue du transport et leur stockage sur site en attendant une nouvelle vie.
Les projets d’architecture d’intérieur, qui se prêtent parfaitement à l’exercice, s’engagent eux aussi dans cette voie. Ils mobilisent plutôt des éléments de second-œuvre, des luminaires ou du mobilier et peuvent être prétextes à une plus grande liberté d’appropriation des matériaux. C’est le cas des ateliers partagés de «Factory 36» à Plan-les-Ouates. En partant du mobilier laissé sur place par les locataires précédents, l’atelier YKRA a conçu le nouvel aménagement, puis l’a fait réaliser par Studio TEC, qui s’est saisi de ces éléments pour les réinventer: au total, plus de deux tonnes de matière ont pu être revalorisées. Les structures métalliques sont celles d’origine et la moitié du bois utilisé, ainsi que les bâches des assises, sont issus de sources extérieures au projet.
Materiuum est une association qui accompagne des maîtres d’ouvrage dans ces démarches, de l’inventaire-réemploi à la recherche de matériaux de seconde main. Elle a participé au développement d’une solution dédiée, le programme C-BAT de SIG éco-21, qui offre notamment des incitations financières pour les prestations d’inventaire, d’assistance à maîtrise d’œuvre et de sourcing.

 

Morgane Bigonnet
et l’équipe Matériuum

Association Matériuum
Chemin des Sports 87
1203 Genève
www.materiuum.ch