Le bois, matériau naturel, noble et authentique, s’avère un allié de poids dans la lutte contre le réchauffement climatique et la crise énergétique que nous traversons. Il faut en avoir davantage conscience. Par ses qualités thermiques, il permet de réaliser de substantielles économies d’énergie. Mais il faut pour en tirer parti mieux organiser la filière.
Construire en bois? Il y a quelques années, c’était: «Mais vous n’y pensez pas!». La modernité s’incarnait dans le béton, l’acier, l’aluminium, le verre, les matériaux synthétiques et composites. A l’exception des chalets en montagne, le bois n’était plus à l’ordre du jour. Il apparaissait ringard, dépassé, définitivement renvoyé aux vestiges du passé… Et puis, les choses se mirent graduellement à changer.
On redécouvre le bois
Tout d’abord, les préoccupations environnementales ont fait peu à peu évoluer les mentalités. Sans coup férir, elles réhabilitaient le bois, matière noble, naturelle, sentant bon l’authenticité dans un monde de plus en plus sensible aux effets indésirables des produits chimiques et des perturbateurs endocriniens.
On s’est également rendu compte que construire en bois était bon pour le climat! En effet, il est prouvé que le bois retient le CO2, alors que le béton, le ciment et autres matériaux dont sont faits les bâtiments de nos villes, en rejettent beaucoup… beaucoup trop. Construire en bois est donc une contribution non négligeable à la lutte contre le dérèglement climatique. C’est un choix de raison.
Et voilà que, dopée par la guerre en Ukraine et les différents embargos qui ont suivi, la crise énergétique, déjà perceptible avec l’épuisement à terme des ressources fossiles, s’est tout d’un coup aggravée. Les économies d’énergies deviennent ainsi un auxiliaire indispensable de la transition énergétique qui prendra du temps, car on ne pourra basculer rapidement et massivement vers le renouvelable.
Le bois, notre allié énergétique
A ce moment, que découvre-t-on? On découvre que le bois est, là encore, d’une aide appréciable. S’il n’est pas à proprement parler un isolant thermique, il s’avère doué d’une très faible conductivité et se distingue, pour cette raison, par des performances énergétiques remarquables.
Sait-on que le bois isole 6 fois plus que la brique, 12 fois plus que le béton, 350 fois plus que l’acier, et 1500 fois plus que l’aluminium? Ce n’est pas rien! Et pour améliorer encore ses performances, on peut sans difficulté insérer dans les panneaux de bois des isolants thermiques comme la laine de verre.
Le 18 juin, le peuple suisse devra se pencher sur son avenir énergétique. C’est le moment de rappeler que le bois, encore sous-employé dans les constructions, offre des solutions de ce point de vue. Par ailleurs, comme le relèvent diverses études et le souligne notamment le Professeur Ernest Zürcher de l’EPFL, les parois en bois ont, sur les occupants des maisons, classes d’écoles, certains espaces médicaux, appartements et divers locaux, un effet apaisant.
Combler le retard
Genève est en retard sur le bois. Si l’on regarde un peu au-devant de nous, on se dit qu’à coup sûr, dans quelques années, les mentalités auront évolué. Alors, si cela ne change pas, on se demandera sûrement comment on a pu imaginer en 2023 de faire sortir de terre un quartier comme le PAV en ignorant totalement ce matériau dont nous venons de décrire certaines des principales qualités. Évitons qu’il en soit ainsi et ayons un premier grand projet bois emblématique, suivi par de multiples applications.
Il faut que tous les acteurs de la construction, encouragés par les autorités, prennent conscience de cette carence, dans leurs actes et pas seulement dans leurs discours. Un exemple: les appels d’offres publiques et privées devraient mettre plus d’accent sur la composante bois. Les jurys devraient aussi compter des spécialistes de cette filière pour en apprécier les applications.
Il faut aussi agir pour soutenir la formation, donner envie à plus de jeunes de s’orienter vers les métiers du bois, qui ne sont pas des professions du passé mais des métiers d’avenir. En complément à l’excellente filière CFC, nous devons aussi former plus d’architectes à ces techniques particulières. Nous manquons singulièrement de professionnels maîtrisant ce matériau et promouvant le bois.
Le développement durable passe par les économies d’énergie, et les économies par une utilisation plus large du bois dans les constructions. Faisons rapidement des efforts en ce sens! Ils seront gagnants.