De gauche à droite: Christian Danz, Marco Danz, Emmanuelle Gallay et Robert Gallay.

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Induni & Cie SA

L’avenir commence aujourd’hui

25 Mai 2022 | Articles de Une

Entreprise de plus de 600 employés, Induni & Cie SA achève le passage de témoin entre deux générations. L’accent mis sur le numérique, la formation et l’environnement permet à cette vieille dame de 105 ans de voir l’avenir avec confiance.

A peine les flonflons du centenaire s’étaient-ils tus en 2017 qu’Induni & Cie SA, constructeur incontournable sur l’Arc lémanique dans les domaines du bâtiment, du génie civil et de l’entreprise générale, traversait un trou d’air qui l’amenait à restructurer son management et revoir ses prévisions à la baisse. Fortes et fières de la confiance du personnel, les familles Danz et Gallay, propriétaires, ont repris la main sur l’opérationnel pour pérenniser la société. Pari réussi: «Certains acteurs s’étonnent probablement de nous voir revenir si vite», remarque Marco Danz, directeur général depuis octobre 2018.
Il n’y a pas d’arrogance dans les propos de celui qui dit devoir encore gagner en expérience après treize ans d’entreprise. Sens de la responsabilité sociale, liberté permise par l’actionnariat familial, ainsi que choix de s’entourer d’administrateurs externes pour s’assurer des regards croisés et une palette de compétences ont permis à Induni & Cie SA de traverser la crise en préservant sa substance.
Les turbulences ont accéléré le renouvellement du management avec l’accession de Marco Danz à la direction générale et l’entrée dans l’opérationnel depuis 2018 d’Emmanuelle Gallay en tant qu’attachée à la direction générale, en charge notamment du support contractuel. Ce tournant s’est achevé ce printemps avec la désignation d’Yves Perrin, directeur romand du promoteur HIAG, au sein d’un conseil d’administration également en renouvellement. «Le succès d’Induni & Cie SA vient surtout de son collège de directeurs, qui ont une grande autonomie de décision, chacun dans son secteur», souligne Emmanuelle Gallay.

Une numérisation rapide

En parallèle, le constructeur a notamment investi dans des engins de chantier guidés par GPS, dans les infrastructures informatiques nécessaires à la mise en application du BIM ou encore dans des tablettes pointant sur la plate-forme de GED mise en œuvre juste avant la pandémie.
L’entreprise a activé pour la première fois son application BIM sur le chantier En Gruvatiez, à Orbe/VD. Cet ensemble d’immeubles est le premier de Suisse à recevoir le label SEED, développé avec le WWF et décerné aux quartiers durables. Cela a fortement contribué à développer l’expertise quant à la certification des bâtiments et a stimulé la réflexion sur l’intégration des enjeux environnementaux dans l’activité de la société.
Marco Danz et Emmanuelle Gallay soulignent à l’unisson l’importance de ces thématiques dans un secteur souvent pointé du doigt pour son impact environnemental. Une réglementation claire, un terrain favorable à l’innovation au sein des écoles d’ingénieurs et un soutien des décideurs politiques sont indispensables pour avancer sur ces sujets, relèvent-ils.
Parallèlement, ils plaident pour un rééquilibrage des rapports contractuels entre les constructeurs et les maîtres d’ouvrage, qui tendent à se surprotéger en sous-estimant l’importance du dialogue continu entre promoteur et bâtisseur pour le succès des travaux liés à l’ouvrage.
L’assainissement du parc immobilier sous l’angle énergétique promet des années de travaux. Dans ce contexte, les entreprises attentives aux enjeux ESG (Environnementaux, sociaux et de gouvernance), à leurs ressources humaines et à la formation, bénéficieront d’un avantage considérable, remarque Marco Danz. La branche de la construction va devoir relever un défi majeur autour du constat bien réel de la difficulté à assurer la relève professionnelle des métiers du gros œuvre.

 

Cesare Accardi

GROS PLAN

Une transmission réussie

 

Il a fallu deux management buy outs successifs pour qu’Induni & Cie SA redevienne l’entreprise familiale qu’elle était à l’origine. Créé en 1917 par Pierre Induni, reprise par ses fils, la société est achetée en 1985 par le Zurichois Züblin. En 1997, six cadres acquièrent le capital. En 2007, deux d’entre eux, Christian Danz et Robert Gallay, aujourd’hui co-présidents du Conseil d’administration, rachètent le constructeur et lui restituent sa dimension familiale initiale.
Lorsque Marco Danz débute en Comptabilité Finances en 2009, il a déjà effectué divers stages au sein de l’entreprise, mais il est loin d’imaginer en devenir directeur général. «Je me suis investie dans l’entreprise parce que l’opportunité s’est présentée et que le milieu de la construction m’intéressait, indique pour sa part Emmanuelle Gallay. Dès que j’ai abordé l’opérationnel en 2018, j’ai su que je m’y plairais».
Préserver l’âme de l’entreprise tout en laissant la nouvelle génération faire des ajustements est la clef d’une transmission réussie. Parole de Robert Gallay. Ni lui ni Christian Danz n’avaient imaginé que leurs enfants reprendraient les rênes d’Induni & Cie SA , pas plus qu’ils n’avaient projeté être un jour seuls maîtres à bord.
La transmission s’est faite naturellement. «Nous n’avons pas été coachés par nos pères, relève Emmanuelle Gallay, il y a eu une influence naturelle». «Le passage de flambeau s’est fait de manière informelle, à travers nos échanges réguliers», confirme Marco Danz.
En quoi la jeune génération s’écarte-elle des codes parentaux? Emmanuelle Gallay avoue être volontairement provocante avec son père quant à la place des femmes, tout en reconnaissant la rareté des postulations féminines pour des emplois de technicien en bâtiment ou en génie civil. «Ce sont encore des métiers à inertie forte, mais cela changera».
Après deux années dans sa nouvelle fonction, Marco Danz raconte avoir organisé un atelier avec la nouvelle direction pour marquer le changement générationnel. Cet exercice comprenait une évaluation à 360° du poste de directeur général. «Avec cette démarche, j’ai bousculé Robert et mon père», se souvient-il en souriant.

GROS PLAN

Induni en quatre chiffres

 

250 millions de francs de chiffre d’affaires
50 chantiers par an
45 métiers différents
60T/an de rejets CO2 évités grâce à ses installations photovoltaïques