Bénédicte Montant et Carmelo Stendardo

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Bénédicte Montant et Carmelo Stendardo

L’architecture en tandem

13 Oct 2021 | Articles de Une

Leur bureau d’architectes a fêté l’année dernière ses vingt ans d’existence. Si Bénédicte Montant et Carmelo Stendardo se sont associés et travaillent ensemble depuis plus de deux décennies, c’est qu’ils partagent la même conception d’une architecture qui vise d’abord au bien-être des usagers.

Leur bureau, 3BM3 Atelier d’architecture, est situé au début de la route de Saint-Julien, tout près du tunnel de Carouge: un immeuble moderne et lumineux, ouvert, aux lignes simples et équilibrées. Une quarantaine de collaborateurs avec toujours, comme un acte citoyen, un apprenti en formation. Très connus à Genève, Bénédicte Montant et Carmelo Stendardo forment depuis plus de vingt ans un tandem d’architectes hyperactifs et dynamiques, qui construisent beaucoup et dans des genres très différents, jamais répétitifs. Très engagés dans la vie genevoise et dans celle de leur profession, ils font partie de la vie de la cité et y contribuent largement: Bénédicte Montant a été députée au Grand Conseil genevois, présidente de l’Association genevoise d’architectes (AGA), membre de nombreux comités et conseils de Fondation. Carmelo Stendardo, lui aussi, a présidé la Commission des monuments et des sites, la Commission d’architecture, la FAI (Fédération des architectes et ingénieurs), l’AGA, sans oublier de nombreux jurys de concours d’architecture.

Immeuble situé sur la place des Charmilles, au 77 de la rue de Lyon

«Notre métier, c’est l’être
humain»

«Nous avons la passion de notre métier, disent-il en chœur, et notre métier c’est l’être humain. C’est une manière d’insérer et de faire vivre l’homme (et la femme!) dans le système sociétal. Nous voulons une architecture simple, organisée et utilisable au quotidien par les gens qui vivront dans les immeubles que nous concevons. Nous aimons construire des bâtiments de toute sorte, que ce soit une villa ou un grand immeuble comme celui que nous avons construit à la place des Charmilles».
Concevoir un projet, imaginer les formes, les matériaux, l’allure générale, travailler sur les contraintes de l’environnement, mettre tout cela en musique pour passer ensuite à la construction proprement dite, l’exécution… Comment un immeuble trouvera-t-il sa place dans son environnement? Et comment cet immeuble sera-t-il ressenti, perçu, intériorisé par ses futurs locataires? Autant de questions sans réponses, ou plutôt autant de questions qui ne trouveront de réponses que plus tard, quand les bâtiments auront été construits.

Une construction éphémère au Musée des transports à Lucerne

Traduire l’intention en volumes
et en formes

«Nous sommes un peu comme des chefs d’orchestre, explique Bénédicte Montant, qui conçoivent et gèrent tout de manière rigoureuse et avec un sens aigu de la qualité. C’est un processus exigeant, mais aussi passionnant. Nous faisons naître des émotions qui accompagneront la vie des gens». «La forme d’un bâtiment résulte toujours d’un point de départ qui est la discussion avec notre client, ajoute Carmelo Stendardo. Il y a une première phase d’écoute et il faudra ensuite traduire l’intention et l’envie du client dans un ensemble de formes, de volumes, de lignes, d’espaces».
Bénédicte Montant et Carmelo Stendardo veulent que leurs constructions soient belles et qu’elles contribuent à l’harmonie de la ville, mais ils ne cultivent pas le show-off et le spectaculaire. «On pense avant tout à la vie que les gens vont mener dans nos immeubles, explique Bénédicte Montant. Nous voulons construire un lieu où ils se sentiront bien dans leur vie quotidienne. Les proportions, l’équilibre, les formes, tout cela est important, mais le plus important c’est la façon dont les gens vivront à l’intérieur. La lumière, par exemple, est un élément clef».
Une architecture qui s’inscrit dans le tissu urbain, mais qui le questionne et le met au défi, si l’on peut dire. «Les contraintes sont un exercice de liberté, dit Bénédicte Montant. Nous partons d’une réalité qui existe, nous tenons compte du contexte, mais c’est une invitation à faire autre chose et à réfléchir davantage».
Parmi les très nombreuses réalisations de leur atelier 3BM3, relevons, parmi les plus récentes, l’extraordinaire immeuble situé sur la place des Charmilles, au 77 de la rue de Lyon. Un immeuble qui capte l’attention, qui impressionne et qui séduit. Il faut aller sur place, à pied, et regarder ce petit géant de cinquante mètres de hauteur, parfaitement intégré dans son environnement, élégant et troublant. Des bureaux dans la partie basse, des logements dans la partie haute, un parfait exemple de mixité. Une façade forte et épurée, une silhouette qui domine le paysage urbain et lui donne une nouvelle vigueur, une espèce de force tranquille.
Autres créations étonnantes, une surélévation aux Pâquis, à l’angle de la rue de la Môle et de la place de la Navigation, qui a donné naissance à une trentaine de logements. Un exercice d’équilibrisme entre un immeuble ancré dans un tissu urbain et un nouvel espace, à la fois distinct et intégré.
De même, une construction éphémère au Musée des transports à Lucerne, qui remet le Cervin au goût du jour. Un Cervin miniature baptisé «The Edge», avec un mur de grimpe à l’intérieur, qui propose les sensations de la montagne, y compris du vertige, aux visiteurs du musée. «The Edge» va bientôt commencer un tour d’Europe: une manière de faire descendre la montagne en ville et dans les capitales.

 

Robert Habel