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Induni & Cie SA

L’acier dans la construction: un levier majeur pour la transition énergétique

22 Mai 2024 | Articles de Une

Le gros œuvre est responsable d’environ deux tiers des émissions de CO2 en lien avec le secteur de la construction, les aciers (et les ciments) figurant parmi les principaux postes. Ainsi, Induni propose à ses clients de neutraliser cet impact, grâce à des aciers moins émissifs et compensés en carbone. Aurélien Dondelet, directeur Activités Supports, Développement et Innovation chez Induni, nous explique les atouts de cette nouvelle solution.

– Quels types d’aciers utilisez-vous pour vos proiets?
– Il n’existe en Suisse qu’une seule aciérie, Stahl Gerlafingen (Soleure), filiale de Group Beltrame. C’est notre fournisseur principal et notre partenaire de longue date. Les armatures qui y sont fabriquées sont 100% recyclées. Comme la partie noble – soit le minerai de fer – n’entre pas dans le procédé, le bilan carbone est extrêmement faible. De plus, les livraisons de Gerlafingen aux usines de façonnage partenaires s’effectuent en train et non par camion. Depuis peu, un nouveau produit est apparu et nous sommes parmi les premiers à le proposer massivement à nos clients: le «Chalibria», une solution qui consiste a neutraliser – par le biais de certificats – les émissions de CO2 résiduelles en lien avec la fabrication des aciers, soit 0,376 t de CO2/t de produit fini (contre
2 t de CO2/t de produit fini pour la moyenne européenne). Si ces aciers affichent déjà une bonne performance, les émissions de gaz à effet de serre n’en restent pas moins considérables, tant la fabrication d’acier est un secteur énergivore. A titre d’exemple, pour un chantier de 5000 m3 de béton armé (soit environ l’équivalent d’un immeuble de 30 lots) – les aciers représentant environ 90 kg de CO2/m3 de béton mis en place – l’empreinte carbone s’élèvera à 450 t de CO2 (avec 131 kg d’acier par m3 de béton – pour rappel l’empreinte carbone annuelle d’un individu est de 10 t de CO2), ce qui est loin d’être négligeable!

– Comment se passe la certification des aciers compensés?
– L’impact CO2 de chaque paquet d’armatures est vérifié par l’organisme indépendant RINA, conformément à la norme ISO 14064. A l’issue de cette procédure rigoureuse, des bons carbone sont délivrés, puis transmis à nos clients finaux: ces derniers auront la garantie de la compensation dans des projets (européens) certifiés par VCS et Gold Standard. Nous avons conscience que la compensation ne suffira pas à moyen et long terme; elle est cependant, dans le domaine des armatures, la meilleure et la seule réponse immédiate aux enjeux climatiques.

– Ces aciers sont-ils différents, en termes qualitatifs, de ceux employés traditionnellement sur les chantiers?
– Non, si ce n’est qu’ils sont fabriqués selon un circuit de recyclage et qu’ils font l’objet d’un processus administratif pour les certifier. Il faut compter une plus-value d’environ 10% sur le prix de l’acier lorsqu’on recourt à cette compensation. A noter toutefois qu’Induni n’engrange aucune marge, la valeur donnée par le fabricant étant directement retranscrite à nos clients; c’est notre engagement.

– Depuis quand proposez-vous Chalibria?
– Nous avons débuté ce printemps et sentons déjà un fort intérêt de la part de nos clients, qui apprécient l’implantation géographique suisse de l’usine et que la compensation soit réalisée au travers de projets certifiés par VCS et Gold Standard.

– Quelles sont les actions mises en œuvre chez Induni pour réduire directement l’impact CO2 dans la construction, sans passer par la solution de compensation?
– Nous proposons plusieurs variantes au ciment de base, beaucoup moins émissives. En outre, 80% de nos bétons sont fabriqués directement sur les chantiers (centrales à béton), ce qui limite le transport des matières premières et permet une flexibilité accrue. Autre action: en collaboration avec la société Edaphos Engineering SA, notre secteur Génie civil s’engage dans le domaine de la séquestration du carbone. Un premier test a été effectué pour la renaturation de l’Aire, où certaines terres excavées ont pu être retravaillées sur site. Améliorés par l’apport de champignons, ces sols absorbent le CO2 de l’atmosphère, se dépolluent et évitent des mises en décharge. Par ailleurs, nous renouvelons régulièrement notre parc de machines et nos conteneurs de base vie (abris pour ouvriers) pour rester à la pointe en matière environnementale et énergétique. Autre exemple: le siège administratif d’Induni, au Petit-Lancy/GE, a fait l’objet d’une rénovation globale et sa centrale photovoltaïque devrait faire l’objet d’une extension (près de 4000 m2 à terme).
Compensation ou projets à faible impact carbone: l’essentiel est d’agir sans tarder et d’éviter les dérives du greenwashing, en proposant des solutions efficaces et concrètes !

 

Propos recueillis
par Véronique Stein

Aurélien Dondelet.