Bienne, charmante et bucolique.

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la fête des maires - Erich Fehr, Maire de Bienne

La ville qui monte

19 Juin 2024 | Articles de Une

Mise en lumière par la victoire de Nemo à l’Eurovision, Bienne est une ville débordante d’énergie qui s’est largement transformée au cours des vingt dernières années. Qu’il s’agisse du logement, de l’emploi ou encore des infrastructures, toute l’offre a été largement améliorée, comme l’explique Erich Fehr, le très sympathique maire de Bienne qui quittera ses fonctions à la fin de l’année.

– Après quatorze ans à la tête de la ville de Bienne, quel portrait en faites-vous?
– Nous sommes en plein développement, avec une hausse de la population de 1% par an, avec une légère stagnation liée à la pandémie de Covid. Nous avons des emplois et des logements. Contrairement à d’autres villes, nous ne souffrons pas de pénurie, nous disposons même de logements vides. Il s’agit de biens plutôt anciens qui doivent être remis au goût du jour. En revanche, les logements neufs sont très vite loués et les PPE se vendent comme des petits pains chauds. Les prix à la location restent abordables et les logements sont de qualité.
La ville a toujours eu une politique foncière très active en matière d’octroi de parcelles en droit de superficie. Bienne a aussi d’autres atouts, comme de très bonnes structures d’accueil extra-familiales et des transports publics efficaces.

– Qui sont les nouveaux habitants?
– Nous avons des familles et des couples. Souvent, l’un travaille à Zurich et l’autre à Lausanne ou à Genève et ils choisissent donc Bienne, à mi-chemin, pour s’installer. Ces dernières années, nous avons constaté que les Romands étaient de plus en plus nombreux à s’installer ici. Nous comptons maintenant un taux de francophones entre 43% et 44% alors qu’il se situait au-dessous de 40% il y a encore quelques années.
Nous observons aussi les résultats de notre campagne «Bienvenue à Bienne», que nous avons lancée il y a bientôt dix ans et dont l’objectif est de faire, des personnes qui travaillent à Bienne, de vrais habitants. Cette politique a été élaborée en collaboration avec les milieux économiques qui avaient de la peine à trouver des collaborateurs qualifiés. Nous avons ainsi mis en place une plate-forme permettant d’entrer directement en contact avec des Biennoises et Biennois, afin de demander des conseils ou de les rencontrer pour découvrir la ville.

– Comment se passe la cohabitation entre Romands et Alémaniques?
– Très bien, car elle est repose depuis toujours sur les mêmes droits et obligations pour les deux communautés.

– Les entreprises ont-elles toujours de la peine à recruter?
– La période entre 2021 et 2022 a été difficile suite à la Covid. Nous l’avons nous-mêmes constaté lors des recrutements à la Ville de Bienne. La pandémie a été l’occasion pour certaines personnes d’une remise en question et d’un changement de secteur d’activité. L’économie est maintenant repartie et la situation s’est normalisée.

– La hausse de la population met-elle les infrastructures sous pression?
– Nous avons besoin d’un nouveau collège et le projet de la «Champagne» a été accepté par le peuple le 9 juin. Il s’agit d’une réalisation importante avec un budget de près de 60 millions. Le collège comprendra une vingtaine de salles de classe et deux salles de gym. Le dernier collège de cette envergure pour l’école obligatoire a été construit il y a soixante ans.

– Qu’en est-il de l’emploi?
– La situation est bonne avec un taux de chômage d’environ 4%, alors qu’il était de 10% il y a trente ans. L’horlogerie se porte très bien, tandis que le secteur des machines-outils peine un peu en raison du tassement économique que connaît l’Allemagne, le principal marché pour les entreprises suisses dans ce domaine d’activité. Le secteur de l’automobile en Allemagne a notamment des difficultés, ce qui se répercute ici. Cela étant, je pense que le Jura bernois souffre davantage de cette situation que Bienne.
Après la crise de l’horlogerie dans les années 70 et 80, l’économie s’est diversifiée à Bienne et aujourd’hui, nous disposons aussi d’entreprises qui se sont développées dans des domaines liés à la mécanique de précision comme, par exemple, les instruments médicaux. C’est une activité qui ne connaît pas de cycles.

– Quels sont les grands projets immobiliers qui définissent Bienne?
– Il y en a plusieurs, mais cette année, il y a le projet pilote sur l’emplacement du parc de la Gurzelen. Il s’agit d’un programme de logements d’utilité publique de 60 à 80 appartements. Cette première étape donnera lieu ensuite à la construction de plusieurs centaines d’autres logements sur le périmètre de l’ancien stade de football.
On peut aussi citer l’Esplanade, à proximité immédiate du centre-ville, qui a été entièrement réaménagée. La place, plus vaste, est maintenant dotée d’un parc et d’un parking souterrain. Une résidence comprenant 74 appartements en PPE et 86 appartements en location accompagnait le projet.
Mais les projets peut-être les plus emblématiques sont le Jardin du Paradis et l’Île-de-la-Suze, la dernière a été plusieurs fois primée. La nouvelle île aménagée sur la Suze, la rivière qui traverse Bienne, et le complexe Jardin du Paradis, qui compte 279 logements, sont en parfaite harmonie. Le parc a été récompensé par le prix Flâneur d’Or 2017 et le Lapin d’or 2017.
La mise en œuvre de grands projets dans le futur va être plus difficile, car la ville a énormément changé ces vingt dernières années et les gens ont besoin d’une pause. Par ailleurs, la situation internationale génère un climat d’insécurité peu favorable à de nouveaux projets de grande envergure.

– Vous allez quitter vos fonctions à la fin de l’année. Quelles sont les réalisations qui vous tiennent le plus à cœur?
– Le Switzerland Innovation Park, ouvert il y a trois ans, et le campus de la Haute école spécialisée bernoise (BFH), en cours de construction. Ces deux réalisations sont essentielles pour former la main-d’œuvre de demain et rester compétitif sur le plan économique.

 

Propos recueillis par
Virginia Aubert

Eric Fehr.