Pierre Dessemontet.

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Pierre Dessemontet, Syndic d’Yverdon-les-Bains/VD

La transition se joue sur plusieurs plans!

23 Fév 2022 | Articles de Une

– A Yverdon-les-Bains, l’un des enjeux affirmés de cette législature est la lutte contre le réchauffement climatique. Votre région, parmi d’autres, a été touchée par des inondations cet été. Quelles actions comptez-vous entreprendre?
– Les effets des changements climatiques sur une ville comme la nôtre sont bien évidemment multiples, mais à Yverdon-les-Bains, le réchauffement climatique se manifeste par la récurrence de deux types d’événements majeurs. D’une part le risque de canicule extrême – je suis persuadé que nous passerons les 40°C prochainement -, d’autre part, le risque d’inondation, qui s’est concrétisé de nouveau l’été passé.
Concernant la lutte contre les îlots de chaleur, la Municipalité compte mener, notamment, une stratégie de végétalisation, en intégrant la dimension paysagère dans ses projets, en densifiant la végétalisation de son espace urbain et en s’assurant de sa résilience. Basé sur un diagnostic, plusieurs axes stratégiques permettront ainsi d’augmenter en quantité, en qualité et en résistance la couverture verte, perméable et arborée de la Ville, ce qui représente un important moyen de lutter contre les îlots de chaleur.
Quant aux inondations, une première mesure a consisté à sécuriser et renaturer les cours d’eau, comme cela a été fait sur la Thièle; cela a permis d’éviter des inondations ailleurs en ville et de les «limiter» au pourtour du lac durant l’été passé. La poursuite des projets de renaturation des cours d’eau, en collaboration avec le Canton, est une action que la Ville va maintenir, afin de toujours améliorer la maîtrise des eaux sur son territoire.
A plus long terme, ces événements extrêmes nous interrogent sur les conditions cadres de construction des bâtiments et des planifications urbaines, par exemple en termes de gabarits des infrastructures souterraines, ou sur la densification de la couverture végétale d’un quartier.

– De manière plus générale, vous placez la transition au cœur de votre programme. Qu’entendez-vous par là?
– Nous vivons désormais dans un monde en transition. Transition climatique, mais aussi énergétique – c’est évidemment lié -, transition sociale avec l’entrée en retraite des baby-boomers et le vieillissement, transitions économiques multiples, numérisation et intelligence artificielle, dématérialisation, renversement des circuits logistiques, ainsi que retour au local, circuits courts et économie résiliente. Bref, rien de ce que nous connaissons aujourd’hui ne peut être jugé stable sur le long terme. Se préparer à la transition dans ce cadre, c’est être agiles et flexibles, prêts à s’adapter.
Concernant la transition énergétique, nous souhaitons être à la pointe. Nous y consacrons des moyens, via notre Service des énergies, qui pilote la politique énergétique vers moins de consommation, un approvisionnement renouvelable et local. Il a aussi la mission d’orchestrer l’action des sociétés créées par la Ville et dont le but est d’accélérer le développement des moyens de production d’énergies renouvelables, dans le domaine des réseaux thermiques notamment. Sur le plus long terme, nous nous attaquons à l’élaboration de notre Plan climat, qui doit nous projeter dans un futur durable et décarboné.

Développer des projets d’aménagement d’espaces publics, afin d’améliorer la qualité de vie
de 30 000 habitants.

– Vous menez de front plusieurs projets urbains, de plus ou moins grande envergure. Quel est le plus emblématique d’entre eux? Pouvez-vous nous décrire la vision territoriale qui sous-tend ces projets?
– Le développement urbain de la ville, piloté par la Co-Syndique Carmen Tanner, s’appuie sur deux piliers qui se déploient à des échelles distinctes. En premier lieu, la planification de futurs quartiers, destinés à accueillir plusieurs milliers d’habitants dans les quinze prochaines années, avec en particulier 3800 personnes dans le périmètre Gare-Lac, situé à quelques minutes à pied de la gare. Nous sommes l’une des dernières villes de Suisse romande à bénéficier encore de telles friches. C’est une opportunité unique pour réaliser des morceaux de ville répondant aux enjeux actuels.
En second lieu, il s’agit de développer des projets d’aménagement d’espaces publics, afin d’améliorer la qualité de vie de nos 30 000 habitants. Pour mener à bien cette ambition partout en ville, nous allons lancer ce printemps une vaste démarche participative, visant à consulter la population résidante sur le thème des espaces de proximité de leurs quartiers. Cela s’inscrit dans un projet modèle soutenu par la Confédération, intitulé «Un espace public à 5 minutes de chaque Yverdonnois-e». Par ailleurs, nous sommes en train de rénover l’ensemble des cours d’école de la ville, pour en faire des espaces de quartier. Le projet pilote de la cour de Fontenay a été inauguré en 2021 et un guide a été édité pour réaliser les prochaines interventions, à raison de deux écoles au moins par année.

– Yverdon-les-Bains est très active dans le domaine de la formation et joue également un rôle pionner dans celui de la promotion du sport. Comment souhaitez-vous affirmer/renforcer ces positions?
– La taille de la commune, avec ses quelque 30 000 habitants, est un atout pour développer les collaborations, déjà nombreuses, avec la Haute Ecole d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud (HEIG-VD). Entre l’administration municipale et la haute école, les relations sont aisées. La Ville va par exemple participer aux ateliers «Crunch Time», en sollicitant les compétences des étudiants dans un temps limité et sur des questions précises en lien avec l’innovation. L’an dernier, nous avons aussi signé un partenariat avec la HEIG-VD portant sur la transition énergétique.
En ce qui concerne le sport, nous venons juste de renommer le Service des sports et de l’activité physique pour bien marquer la volonté de mettre en mouvement toutes les générations. Plus largement, nous cherchons aussi à positionner la Ville à la charnière entre sport et santé, comme actrice de santé durable par ce biais. Nous disposons d’un excellent Plan directeur du sport et de l’activité physique, sur lequel nous nous appuierons pour développer les axes stratégiques clefs de ce domaine, tels que sport associatif, relève et sport d’élite, manifestations, activité physique libre et infrastructures.

 

Propos recueillis par
Véronique Stein

La Fête des maires, c’est toute l’année!

 

Situé au bord du lac de Neuchâtel, Yverdon-les-Bains est réputé pour les sources sulfureuses de son Centre thermal. C’est également une ville d’affaires dotée d’un vaste parc technologique, qui accueille de nombreux séminaires. S’ajoute un riche patrimoine bâti (menhirs néolithiques, castrum romain, château médiéval, bâtisses du XVIIIe siècle) et naturel (réserve lacustre de la Grande Cariçaie). Interview de son Syndic, Pierre Dessemontet. En charge du Secrétariat général, des Finances et de l’Informatique, il dispose d’une formation de géographe de l’Université de Lausanne et est titulaire d’un doctorat ès sciences obtenu à l’EPFL. Son ambition est d’organiser et développer le chef-lieu du Jura-Nord vaudois afin d’accueillir les nouveaux arrivants, tout en maintenant une qualité de vie bénéfique aux citoyens.

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