La restauration des tapis, un métier d’art

Depuis sa tendre enfance, Assad Ghaderi baigne dans l’univers des tapis aux côtés de son père et de son grand-père, commerçants de tapis. Fasciné par la rénovation, il entreprend une formation chez un grand maître de la rénovation dans son pays d’origine, l’Iran.
Après des années d’apprentissage et de pratique, il crée à Genève son propre atelier dédié à la préservation des tapis. En l’écoutant, on comprend le caractère précieux d’un tapis, tant pour le bel objet qu’il représente que pour le travail méticuleux qu’il aura nécessité, pourquoi l’on doit savoir le chérir et pourquoi il est si important de le transmettre. Assad Ghaderi prend toujours le temps d’observer chacune des pièces qui entre dans son atelier, afin d’y découvrir les symboles qu’elle renferme. En passant la porte de l’atelier Simorgh, que ce soit pour une expertise, un nettoyage ou une restauration, on devine que son tapis sera traité tel un objet d’art.
Avant chaque restauration, il est préférable de nettoyer le tapis. Travail physique, le nettoyage peut prendre jusqu’à quatre heures. Après avoir enlevé toute trace de poussière qui pourrait endommager la fibre du tapis au contact de l’eau, il est aspergé et shampoigné délicatement avec un savon importé d’Iran. Le brossage se fait à la main, en respectant minutieusement le sens de la laine pour ne pas modifier l’effet des couleurs. Il est ensuite séché dans une chambre dédiée.
Place maintenant au travail d’orfèvre, la restauration. Après avoir constitué une trame sur la partie du tapis endommagé, Assad Ghaderi va, minutieusement et avec une patience infinie, réaliser le nouage autour de plusieurs trames à l’aide de fils de soie, de laine ou de coton; tous les fils proviennent spécialement d’Iran. Fort d’un savoir-faire basé sur des siècles de tradition, il va reconstituer à l’exactitude le dessin du tapis.
Assad Ghaderi voue une affection particulière à chaque tapis qui franchit la porte de son atelier et prodigue les meilleurs conseils pour que chacun de ces objets retrouve son lustre d’antan.

Esthel Brunschwick