Spectacle son et lumière.

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INAUGURATION DE BELLE-TERRE

La poésie s’invite dans un ensemble immobilier

29 Sep 2021 | Articles de Une

A Belle-Terre, tous les ingrédients d’un écoquartier ont été réunis: habitat aux typologies variées, mixité, mobilité douce, durabilité, végétalisation, gestion optimale de l’énergie… Cependant, il ne suffit pas de construire un nouveau quartier, aussi parfait soit-il, pour qu’il prenne vie. Que faire pour que les habitants s’approprient les lieux? Rien de tel qu’une belle fête, gratuite et ouverte à tous, où l’on arpente le site et l’on apprend à connaître ses futurs voisins. Retour sur «Raconte-moi Belle-Terre», une manifestation organisée les 17 et 18 septembre par les autorités thônésiennes et Antigel, avec le soutien du Comptoir Immobilier et de Batima-C2I notamment.

Discours officiels et petits fours ont précédé l’ouverture au public du «Village», un chapiteau installé au centre du nouveau quartier. Durant deux jours, food trucks, buvettes, jeux, roller-skate party et autres animations ont rythmé le vaste périmètre de 38 hectares. Parmi les futurs habitants et visiteurs, certains ont rejoint le rallye reliant la gare des Eaux-Vives à Belle-Terre, via la Voie verte. D’autres, un audioguide à la main, sont partis à la découverte du quartier et de son histoire, surpris çà et là par des performances artistiques. Des balades en tuk-tuk et taxibike ont été proposées, ainsi qu’une fresque participative à laquelle les enfants ont contribué avec plaisir. Mais le moment fort du week-end a certainement été le spectacle son et lumière «Raconte-moi Belle-Terre». Les foules se sont amassées au cœur de l’un des îlots encore en construction. L’événement signé Antigel, artistique et poétique, avait pour but annoncé de forger le sentiment d’appartenance à une seule et même entité, Thônex, la «vi(ll)e en expansion». «Un lien urbanistique à tisser, un rapprochement à créer entre anciens et nouveaux habitants», ont déclaré d’une seule voix les instances politiques de Thônex lors de l’inauguration.

Fruit d’une co-conception

Il y a une vingtaine d’années, le grand projet des Communaux d’Ambilly – rebaptisé «Belle-Terre» – émergeait, telle une nouvelle cité sortie de terre. Aujourd’hui, le chantier arrive au terme de sa première étape (pièces urbaines A2 et B), avec 670 logements locatifs et en PPE, une école, ainsi que des bureaux et commerces répartis dans 14 immeubles. A très haute performance énergétique, les bâtiments sont le fruit du travail de quatre bureaux d’architectes de renom; ces derniers ont décliné des volumes et hauteurs variés, toutefois cohérents dans leurs tons clairs et leur aspect sobre. «Une évolution non négligeable, a rappelé Marc Kilcher, maire de Thônex, puisque les premières ébauches de 1999 prévoyaient quatre barres d’immeubles uniformes de 15 étages… Après plus de trois ans de travaux, la Ville de Thônex s’apprête à compter quelque 1500 habitants supplémentaires et dispose d’un nouveau groupe scolaire qui vient de vivre sa première rentrée». A la première étape succédera la construction d’autres bâtiments, pour totaliser 2600 logements à l’horizon 2030.
Belle-Terre a impliqué la collaboration de multiples acteurs: le groupement de développeurs Batima-C2I SA, les services de l’Etat de Genève, les représentants des communes concernées, les riverains et les associations; une centaine de spécialistes ont également fourni leur apport. CI Conseils, le département spécialisé dans l’assistance à maîtrise d’ouvrage du Comptoir Immobilier (CI), co-pilote et coordinateur de l’ensemble de l’opération avec Batima (Suisse) SA; le groupe CI est également chargé de la commercialisation et de la gérance du projet, avec ses départements CI Commercial et CI Gérance.

Promenade centrale arborée.

Voyage insolite à Belle-Terre

Si le chantier a débuté en 2018, ce sont plusieurs décennies de discussions et de négociations qui ont été nécessaires afin d’arriver au résultat que l’on découvre aujourd’hui. Cette histoire, pleine de rebondissements, a été mise en scène dans un décor inédit. «Raconte-moi Belle-Terre», Made in Antigel – une performance entièrement créée pour l’occasion – a requis la participation de plus de 40 artistes. «Un travail culturel de longue haleine, nécessitant flexibilité, créativité et agilité. En effet, nous avons répété côte à côte avec les ouvriers, dans un chantier en constante transformation», relève Thuy San Dinh, co-directrice d’Antigel.
Saviez-vous qu’une pelleteuse de chantier est capable de danser? Cette prouesse artistique, Antigel l’a relevée. Mais pas seulement. Pour les spectateurs, debout au milieu des immeubles, les surprises – mêlant théâtre, danse et cirque – se sont succédé. Levant la tête, ils aperçoivent des comédiens sur les balcons, dialoguant sur la genèse du projet Belle-Terre: «Autrefois un champ entrecoupé de chemins, un lieu sans adresse, un bout de terre proche de la forêt de Belle-Idée». Du rêve des architectes aux dessins esquissés dans des carnets et aux plans, en passant par les sources d’inspiration…l’évocation est simple mais vibrante. «C’est la caresse du temps sur l’espace. J’ai soudain vu des bâtiments de quelques étages, pensés comme des accolades aux montagnes». Outre ces moments de récit encourageant la poésie au quotidien, une belle chorégraphie a animé les façades, illuminées par des jeux de lumière. Plus tard, apparue de nulle part, une cavalière-ange a traversé la cour sur sa monture, puis des acrobates ont interprété le thème de la rencontre et du vivre-ensemble.


L’écoquartier qui se construit aujourd’hui à Thônex ne manquera pas de foisonner d’idées et de projets, dans le sens de la participation chère à Thierry Apothéloz, conseiller d’Etat chargé du Département de la cohésion sociale (DCS). Ce dernier assure: «Il est particulièrement émouvant pour un élu d’inaugurer un bâtiment, à plus forte raison un quartier. Ce que nous saluons ce soir dépasse certainement le domaine de la pierre et de l’urbanisme. Nous parlons d’un cadre de vie, du creuset d’une organisation humaine. Les architectes l’ont conçu, les ouvriers l’ont construit, il appartient désormais aux habitants, aux associations et aux collectivités publiques de viser l’excellence sociétale. Autrement dit, de réaliser la vie en commun dans cet écrin!». Démocratique, inspirant et constructif, telles sont les ambitions du quartier de Belle-Terre.

 

Véronique Stein

BRÈVE

Parfum de futur durable

 

L’aménagement paysager est un aspect central du projet Belle-Terre: mail central bordé d’arbres, esplanades, cours champêtres, verger, prairies fleuries, noues paysagères reliant les rivières de la Seymaz et du Foron, forêt «participative», etc. viendront agrémenter le périmètre d’ambiances variées. En tout, 50% des surfaces du quartier seront dédiées à la nature. Par ailleurs, Belle-Terre se veut un périmètre sans voiture (parking uniquement en sous-sol); il fait la part belle à la mobilité douce, avec de généreux trottoirs, des pistes cyclables dédiées et une vaste promenade. La proximité des deux gares du Léman Express de Chêne-Bourg et d’Annemasse met le secteur en connexion avec la région transfrontalière.

L’ensemble bâti est chauffé et climatisé grâce à un système innovant, basé sur la géothermie et la récupération des rejets thermiques. «Le quartier fonctionne avec 85% d’énergie renouvelable, soit un taux supérieur à la réglementation genevoise fixée à 80% pour les nouveaux bâtiments, explique Vincent Collignon, directeur Clients SIG. Les émissions de CO2 seront réduites d’environ 90% dans ce quartier, par rapport à un chauffage fonctionnant au mazout». Pour tendre vers cet objectif «zéro carbone», SIG a redonné vie au puits de géothermie profonde de Thônex, à l’abandon depuis la fin des années 1990. Ce puits descend à plus de 2000 mètres de profondeur et 89 sondes ont été installées en complément, à 300 mètres de profondeur. Le sous-sol jouera ainsi un rôle de stockage thermique entre les saisons.
En outre, quinze centrales solaires photovoltaïques gérées par SIG ont été installées pour produire de l’électricité dans le quartier, soit 5800 m2 de panneaux solaires. Les futurs habitants pourront intégrer la communauté d’autoconsommation regroupant l’ensemble des bâtiments du quartier, pour bénéficier d’une production d’électricité 100% renouvelable et locale.

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