La fête des maires - Philippe Moser, maire de Chêne-Bourg
La petite commune au développement réussi
Malgré sa taille – c’est la plus petite commune genevoise avec 128 hectares – Chêne-Bourg connaît ces dernières années un développement important et une hausse de sa population, s’acheminant vers les 10 000 habitants. Une croissance bien maîtrisée, comme l’explique son maire, Philippe Moser.
– En cette fin de législature, quel regard portez-vous sur la commune?
– Si nous faisons l’historique de ces cinq dernières années, nous pouvons dire que nous étions une petite commune qui a commencé à se développer avec l’arrivée du Léman Express. La dynamisation progressive de la commune peut en effet être datée de la mise en service de la gare CFF de Chêne-Bourg, le 15 décembre 2019, juste avant le début de notre quinquennat municipal le 1er juin 2020. Nous avons poussé les CFF à augmenter la cadence du Léman Express. Aujourd’hui, le nombre de trains qui s’arrêtent à Chêne-Bourg est de six dans les deux sens, contre quatre au début. Nous pouvons même dire que la capacité a carrément doublé en cinq ans. Dès le début, il y avait la volonté de faire de la gare un pôle d’attraction avec des constructions plus importantes, comme la Tour Opale.
Maintenant, nous avons cette place de la gare, au début très bétonnée et que nous avons transformée en remplaçant le béton par de la pierre et en ajoutant des arbres afin de créer une canopée. Nous essayons de valoriser chaque mètre carré. Nous avons, par exemple, inauguré en 2023 la place de la Micheline, à la rue Peillonnex, qui est située entre des immeubles. L’objectif est vraiment d’améliorer la qualité de vie au quotidien. Dans cette optique, nous allons organiser de plus en plus de fêtes sur la place de la Gare.
– Vous avez déjà créé un marché sur cette place.
– Oui, le résultat est prometteur, mais il a encore besoin de stabilité. Cependant le fait de l’avoir déménagé sur la place de la Gare est positif. Il y a davantage de mouvement et le marché bénéficie du passage des personnes qui transitent sur la place. De toute façon, ce type de projet prend du temps à s’ancrer, mais nous allons continuer, car nous y croyons.
– La réhabilitation de l’ancienne gare de Chêne-Bourg va également avoir un impact positif. Où en est le projet?
– Le projet était arrêté depuis cinq ans en raison d’un désaccord entre le titulaire du droit de superficie et les autorités communales et cantonales, différend lié à un problème d’étanchéité en sous-sol du bâtiment. C’est désormais réglé et la transformation de cette ancienne gare en café-théâtre va se faire rapidement d’ici l’automne. Une terrasse devrait voir le jour dès mi-juin, ce qui permettra d’animer la place et d’amener du monde pour le marché. Au début du projet, nous avions évoqué la possibilité d’une bibliothèque pour les Trois-Chêne, mais nous voulions quelque chose qui dynamise la place, d’où l’idée du café-théâtre. C’était aussi l’occasion de faire quelque chose en faveur de la culture.
– D’autres réhabilitations de bâtiments sont-elles en vue?
– Oui, sur la Voie verte, citons l’ancienne maison des garde-barrière. C’est un bâtiment à l’architecture typiquement française. Il y en a deux seulement en Suisse. Nous avons donc dû le conserver. Au cours de cette législature, nous avons inauguré, en 2023, le 13 Gothard. Il s’agit d’un ancien couvent datant des années 1800 que nous avons rénové pour y installer les bureaux de Trois-Chêne Emploi au rez-de-chaussée. A l’étage se trouvent les Services de la cohésion sociale, de la culture et de la communication. Dans les combles, nous avons installé notre salle du Conseil municipal. C’était une rénovation délicate, car le bâtiment est surveillé par le Service des monuments et sites et il n’était pas possible de le modifier selon nos souhaits. Nous avons, par exemple, dû conserver la pierre et les escaliers intérieurs. Récemment, nous avons inauguré le toit couvert de l’école de la place Favre. C’est une vieille bâtisse de 120 ans et l’installation d’un toit couvert, une opération de base, est devenue un casse-tête. Mais nous y sommes parvenus. Il s’agit d’une construction élégante réalisée dans un bois noble. Des panneaux solaires ont été placés sur le toit. Nous avons aussi créé des jardins potagers pour les enfants, dans un but didactique.
– Le développement de la commune s’est accompagné de celui de la population. Comment cela se passe-t-il?
– Au 31 décembre 2024, Chêne-Bourg comptait 9 588 habitants. Nous avons vraiment fait un bond en 2023 avec l’arrivée de 500 nouveaux résidents en raison de la livraison des logements dans les tours Opale, Saphir et Tourmaline. Il y a une mixité de logements, dont certains sociaux. Nous avions beaucoup planifié en avance, notamment pour les écoles avec un éventuel agrandissement, mais qui n’a pas été nécessaire car dans la tour Opale, par exemple, il y a très peu d’enfants.
Par contre, nous avons dû augmenter aussi les prestations sociales. Nous avons créé un véritable Service de cohésion sociale, qui n’existait pas il y a cinq ans et emploie aujourd’hui environ cinq personnes. C’est une vraie équipe, ce qui permet d’offrir un accueil de proximité offrant une permanence quatre jours par semaine, avec deux assistantes sociales. C’est un travail que j’ai commencé en 2020 lorsque j’ai repris le dicastère de la Cohésion sociale. Maintenant, le côté social est en adéquation avec l’augmentation de la population.
– L’arrivée de cette nouvelle population a-t-elle modifié le visage de la commune?
– Le pôle d’attraction du Vieux-Bourg, voire de la place Favre, s’est déplacé vers la place de la Gare. Elle est devenue le cœur des Trois-Chêne. C’est là que l’animation s’intensifiera ces prochaines années. Les jeunes, en raison de la présence des travailleurs sociaux, sont également présents dans ce secteur.
– L’époque des grands chantiers est-elle terminée pour Chêne-Bourg?
– Non, nous avons encore trois PLQ en perspective, dont un à l’ancienne Migros. Ce bâtiment va être détruit et remplacé par des constructions de qualité. Un nouveau parc va également être créé. La Commune a prévu d’installer une crèche publique pour une soixantaine d’enfants dans ce secteur, car nous manquons de places. Nous aimerions aussi donner un côté un peu intergénérationnel à cette partie de la commune.
– La demande pour des logements sociaux ou à loyer modéré est-elle forte?
– Nous gérons une liste d’attente. On trouve des logements sociaux dans le bâtiment Tourmaline et des logements à loyer libre dans la tour Opale; les trois premiers étages du bâtiment Tourmaline sont des appartements pour les seniors et, dans les étages supérieurs se situent des appartements de six pièces pour des jeunes en cohabitation. Les loyers sont à des niveaux raisonnables. Dans le cadre de la Fondation pour le logement social, nous avons mis à disposition récemment, sur toute une allée, au 61 rue de Bel-Air, 14 appartements LUP pour des personnes à bas revenus. Nous essayons de trouver un équilibre entre HLM, HBM, HM et logements un peu plus luxueux pour une diversité harmonieuse et des rentrées fiscales pour financer le social.
– Le sport et la culture ont-ils été des outils de mixité sociale?
– Totalement, pour le sport, nous n’avons pas la place, ni les moyens de construire une piscine. Mais nous avons le club sportif de Sous-Moulin pour les trois communes de Chêne. Nous avons fait venir notamment l’Académie de football féminin, basée à Chêne-Bourg. Nous avons aussi le curling, le volley et le handball. Nous avons aussi développé des terrains multisports en différents lieux. Il y a maintenant une grande demande pour des skate parks. Nous menons une réflexion à ce sujet, mais la commune est petite et trouver de la place est difficile.
Pour les jeunes, nous organisons aussi des découvertes. Je vais aux Vernets avec eux pour des matches de hockey. Certains de ces jeunes n’étaient jamais sortis des Trois-Chêne. J’ai mis en place également des marches intergénérationnelles en montagne. L’objectif des cinq ans à venir est de mettre en place des contrats de quartier. En fonction de ce que les gens aimeraient développer, l’idée étant de leur donner les moyens financiers de le faire.
Côté culture, rappelons le Point Favre, où nous recevons de jeunes artistes. Tant des one-man-shows que des orchestres émaillent nos soirées. Nous avons aussi des projets pour organiser des événements sous chapiteau, des festivals et même des concerts dans la cour de l’ancien couvent, prévus dès septembre prochain.