Miguel Perez.

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Miguel Perez, Président de la Ville du Locle/NE

La nouvelle vitalité du Locle

15 Juin 2022 | Articles de Une

«Le Locle est en train de changer», s’enthousiasme Miguel Perez, Président du Conseil communal de la Ville neuchâteloise. Alors que son mandat actuel se termine dans quelques semaines – le 30 juin -, il dresse le portrait d’une cité économiquement et culturellement dynamique, bénéficiant d’une grande qualité de vie. D’importants projets, tels que le contournement routier de la ville et la mise en place d’une ligne de train directe Neuchâtel – La Chaux-de-Fonds devraient soutenir son développement et attirer de nouveaux habitants.

– Comment Le Locle a-t-il évolué au cours de la dernière décennie?
– Le 1er janvier 2021, Le Locle a fusionné avec Les Brenets, petite commune située juste à côté. Elle comptait plus de 1000 habitants et Le Locle environ 10 000, ce qui fait que nous sommes aujourd’hui à plus de 11 000 âmes. La fusion s’est faite très naturellement. Les Brenets étaient demandeurs, car ils avaient des difficultés à trouver des autorités politiques prêtes à s’engager pour leur commune. Par ailleurs, le taux d’impôt aux Brenets était de 75, contre 69 au Locle, ce qui a aussi été un argument important en faveur de la fusion pour les Brenassiers. La fusion a été acceptée à 82% par Le Locle et à 71,8% par Les Brenets.
Nous sommes aujourd’hui confrontés à une baisse de la démographie au Locle, alors que nous avons quelque 8000 places de travail. Malheureusement, une majorité de ces travailleurs ne résident pas dans la commune et n’y paient donc pas d’impôts. Nous constatons aussi qu’auparavant les patrons et les cadres supérieurs habitaient majoritairement au Locle, près de leur lieu de travail, alors que depuis quelques lustres, ils vont s’établir ailleurs, parfois dans le Bas du canton ou de l’autre côté du lac. Concernant ces départs, certains invoquent une fiscalité trop élevée, mais il s’agit là d’une légende urbaine qui a la vie dure et à laquelle il convient de tordre le cou, puisque Le Locle possède une quotité d’impôt comparable à celle des communes du littoral neuchâtelois.
Quant aux jeunes que nous formons dans nos excellentes écoles techniques du Locle (centre professionnel et HES, entre autres), ils restent en général dans la région. Mais s’ils font des études universitaires, ils ne reviennent pas forcément s’installer ici. Ou alors plus tard, à la quarantaine. Ce recul du nombre d’habitants s’explique par un trafic excessif au centre-ville qui se vide inexorablement devant les nuisances quotidiennes de la circulation. Cette baisse démographique est d’autant plus regrettable que la ville possède trois musées, un cinéma, deux théâtres et qu’elle est animée par une vie associative très riche, tant sur le plan sportif que culturel.
La nature est omniprésente et depuis la piscine ou la patinoire, vous êtes dans la forêt ou à ski de fond en deux minutes. Le lac des Brenets est à huit minutes, le lac des Taillères à 20 et le lac de Neuchâtel à 30 minutes. Les nouveaux arrivants sont toujours étonnés des activités que l’on trouve en ville. Ils sont également enthousiasmés par la qualité du cadre de vie et la proximité d’une nature reposante.
Nous espérons que les efforts actuels fournis pour inverser la tendance et faire venir de nouveaux habitants porteront prochainement leurs fruits. Pour le moment, nous sommes encore dans la phase de stabilisation.

Fresque réalisée par deux artistes néerlandais, terminée il y a 15 jours.

– Les prémices de cette nouvelle tendance ont-ils déjà un impact sur le marché immobilier?
– Le Locle se présente avec un centre historique, classé au patrimoine mondial par l’Unesco. Il est encadré par deux coteaux où se trouvent de très beaux objets immobiliers, dont les prix sont raisonnablement élevés. Ils restent cependant nettement inférieurs à ceux du littoral neuchâtelois, par exemple. Le prix du terrain à construire se situe à environ 200 francs le mètre carré. Pour une maison familiale avec des travaux de rénovation, il faut compter environ
600 000 francs. Pour le même prix, vous pouvez acquérir un immeuble de 4 à 6 appartements qu’il faudra certes retaper, mais qui vous donnera l’occasion de vous aménager un fabuleux 200 m2 à votre goût, tout en percevant le loyer versé par vos locataires et tout cela sans les étriller.
Pendant longtemps, la ville a été décentrée et mal desservie. Mais la future ligne directe entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds, qui devrait entrer en fonction en 2035, va complètement changer la donne. Elle offrira un train rapide à la cadence au quart d’heure, avec un temps de parcours de 14 minutes, ce qui va très probablement inciter des personnes, notamment des familles du littoral qui ne peuvent pas devenir propriétaires, à s’installer au Locle. Elles pourront bénéficier d’une grande qualité de vie et de toutes les commodités, avec un accès facile et rapide au reste de la Suisse romande.
En tenant compte de ces éléments, acheter un bien immobilier au Locle est aujourd’hui très intéressant, puisque de bonnes affaires restent à réaliser.

– Vous évoquez le dynamisme économique du Locle, qui se traduit aussi par un trafic pendulaire très important. Comment le gérez-vous?
– Comme évoqué précédemment, le trafic dans le centre-ville est effectivement un gros problème. Nous avons entre 20 000 et 25 000 passages par jour. Le tunnel permettra de réduire ce nombre de manière importante. Par la suite, nous aurons uniquement le trafic des pendulaires travaillant au Locle et celui interne des Loclois. Le projet, dont le coût de 500 millions de francs est pris en charge intégralement par la Confédération, permettra le contournement du centre-ville grâce au creusement d’un tunnel bidirectionnel entre le Col-des-Roches et le Crêt-du-Locle. A l’ouest, un giratoire permettra le raccordement de la N20 avec la douane du Col France qui est très fréquentée par les frontaliers venant du Haut-Doubs. Ce projet fait vraiment l’unanimité au Locle. La fin des travaux est prévue pour 2028-2030. A terme, nous pourrons aménager le centre-ville de manière beaucoup plus conviviale avec des zones piétonnes, des places et des espaces de rencontre.

– Le tourisme de proximité s’est développé pendant la pandémie. Qu’en est-il pour Le Locle, qui a à la fois un important patrimoine bâti et une nature préservée?
– La pandémie a eu un impact positif sur le tourisme, en attirant beaucoup de Suisses alémaniques. Les hôtels ont enregistré de très bons taux de remplissage et nos trois musées ont cartonné, tout comme les balades en bateau sur le Doubs qui se terminent par la visite du lieu exceptionnel qu’est le Saut-du-Doubs. Il y aussi les fresques de street art qui sont devenues emblématiques du Locle. C’est un projet imaginé et mené par l’association Luxor Factory, que la Municipalité soutient avec une petite subvention. L’objectif est de réaliser une cinquantaine d’œuvres à travers la ville d’ici 2024. Ces fresques, souvent réalisées par des pointures internationales du street art, racontent chacune une histoire liée au Locle.

– Quelle est la politique de la ville en matière de durabilité?
– Actuellement, nous nous concentrons sur le remplacement des chauffages au gaz et au mazout, en raccordant un maximum de maisons au chauffage à distance. Ce dernier va subir des modifications, afin d’utiliser encore mieux le bois local. Parallèlement, nous accordons beaucoup d’autorisations à des particuliers pour l’installation de pompes à chaleur, souvent couplées à des panneaux solaires photovoltaïques. D’ici 2050, nous espérons pouvoir mettre en place de la géothermie de moyenne profondeur. Des sondages géologiques nous prédisent un certain succès dans ces processus.
Nous avons mis en place des voies dédiées aux bus aux heures de pointe. En parallèle, des vélos en libre-service parsèment la ville. Au quotidien, nous sommes aussi attentifs à ne pas couper d’arbres en ville, afin de prévenir les îlots de chaleur et, même si cela a l’air anecdotique, nous remplaçons au fur et à mesure les véhicules communaux par des modèles électriques, y compris ceux de la voirie lorsque cela est possible.

 

propos recueillis pAR Virginia Aubert

La Fête des maires, c’est toute l’année!

 

Le Locle, berceau de la Révolution neuchâteloise, inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco, compte un peu plus de 11 000 habitants, 8000 emplois et 900 ans d’histoire. Les domaines de l’horlogerie (Tissot, Zénith, Ulysse Nardin, Montblanc, Rolex, Zodiac, etc.), de la micro-technique et du médical sont les fleurons de l’économie locale. Son Président, membre des Verts, compte bien attirer de nouveaux résidents.