Le brumisateur géant.

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Micro-territoires urbains

La Cité d’Onex cultive sa nature

15 Juin 2022 | Articles de Une

Comme une citrouille cache un carrosse, chaque espace public qui passe inaperçu entre les barres de béton recèle un trésor. Le temps d’un été, des installations éphémères prennent à rebrousse-poil la dure réalité moderniste, au nom du mieux-vivre et de la transition écologique. L’expérimentation intitulée «micro-territoires» fait appel à l’imagination des habitants pour élaborer des aménagements pérennes.

Sur l’avenue des Grandes-Communes, un brumisateur géant, un aqueduc qui alimente un bassin, des plates-formes qui permettent à la population de se reposer et se rafraîchir sont autant de structures en bois réalisées par les étudiants de première année de l’EPFL et qui serviront à leurs recherches sur les îlots de chaleur. «Tel est le résultat d’un projet académique qui, loin des ordinateurs, a mis à pied d’œuvre leurs auteurs, qui ont travaillé d’arrache-pied sur le terrain», relevait Daniel Zamarbide, codirecteur du laboratoire Alice de l’EPFL, lors de la visite guidée dédiée à la presse du début juin. Erigées le temps d’un été, préfigurant la future Voie verte allant de Bernex à La Bâtie, ces installations comptent parmi les six interventions enchantées disséminées dans la cité onésienne.

Sur l’espace herbeux du parc de Morillon, à proximité de la piscine communale de la rue des Bossons, une grande fenêtre juchée sur une estrade en bois conçue par l’association Largescalestudios invite le public à jeter un regard sur ce site désert et à noter ses souhaits pour l’aménager. Non loin, flanqué d’un cabanon abritant un récupérateur d’eau, un petit potager en permaculture réalisé par le bureau d’urbanisme Oris et Robyr commence à croître entre l’école d’Onex et des barres locatives. Les installations route de Loëx, place des Deux-Eglises et rue des Grandes-Portes, font partie des micro-territoires d’expérimentation à explorer, qui seront inaugurés le 19 juin, dernier jour d’Explore 2022, le festival de la ville de demain.

Avenue des Grandes-Communes, les îlots de fraîcheur et espaces de convivialité en bois créés par des étudiants de l’EPFL.

Pour et avec la population

La démarche d’«Onex micro-territoires» réunit le Canton et la Commune pour repenser les espaces ouverts dans un contexte de transition écologique. Pour Maria Yunus Ebener, conseillère administrative chargée du Territoire communal, il était important de faire des propositions aux habitants en phase avec les enjeux et les besoins actuels. A la modernité urbaine très fonctionnaliste des années 1960 – grandes avenues et parkings au bas des immeubles de
béton -, il s’agit d’ajouter des lieux de convivialité, synonymes de meilleure qualité de vie. «Onex a beaucoup d’atouts naturels, avec le Rhône, l’Aire, les bois et forêts, le parc des Evaux, relève-t-elle. Le réflexe des gens est d’aller au supermarché pour trouver de la fraîcheur. Avec ce projet que j’ai lancé il y a deux ans, l’idée est qu’ils puissent découvrir et se réapproprier l’espace public trop méconnu».
«L’Office de l’urbanisme ne doit pas s’intéresser qu’aux zones de développement, mais aussi à l’environnement déjà bâti, qui représente l’immense majorité du territoire», souligne Antonio Hodgers, conseiller d’Etat en charge de l’Aménagement.
Dès juillet et jusqu’en 2024, des actions de concertation avec la population favoriseront son implication dans les projets d’aménagement de l’environnement naturel. Certaines installations éphémères particulièrement appréciées pourront devenir pérennes. D’ores et déjà, des boîtes à idées sur les sites investis jusqu’à la mi-août permettent aux citoyens de donner leur avis.

 

Viviane Scaramiglia