«Cette technologie va repenser la gestion des papiers-valeurs et créer de nouveaux actifs financiers», explique Christophe Utelli, vice-CEO de Cité Gestion.

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La banque privée Cité Gestion pionnière

«La blockchain va changer la vie des banquiers et de leurs clients»

19 Oct 2022 | Articles de Une

Un événement inédit à Genève, consacré à la blockchain et aux actifs numériques, a été coorganisé le 5 octobre par la start-up suisse WeCan Group SA, l’école Crea-Omnes Education, mais aussi Cité Gestion. Pourquoi le concours d’une banque privée à une conférence sur le Web 3.0? Parce que la chaîne de blocs constitue pour la gestion de fortune un avantage indéniable. Pour son vice-CEO Christophe Utelli et Andrea Baldassa, responsable de projets, cette nouvelle technologie facilitera franchement la vie des banquiers et de leurs clients. Entretien.

– Quelle est l’implication de Cité Gestion dans la conférence genevoise sur les actifs numériques?
– Andrea Baldassa: Il existe de nombreux événements sur le sujet à Zoug, à Zurich ou au Tessin, mais aucun à Genève. Nous avons donc décidé de monter, en partenariat avec Vincent Pignon de Wecan Group SA et Frédéric Dumonal de l’école Crea-Omnes Education, une conférence à l’attention de la place financière genevoise, étant moi-même certifié en Stratégie Blockchain de l’école Crea-Omnes Education. J’y apporte le réseau que j’ai acquis lors de mon expérience professionnelle et lors de participations à plus de 50 conférences en Suisse et Europe.

– Pourquoi une banque privée de votre taille (ndlr: 100 collaborateurs, 7 milliards d’en-cours), se lance-t-elle dans cette aventure?
– Christophe Utelli: Notre taille modeste nous permet davantage de flexibilité que certaines grandes banques pour envisager l’évolution de nos processus dans le futur, mais aussi dès à présent. D’ailleurs, nous tokénisons déjà nos propres actions détenues par les Associés de Cité Gestion, ce qui serait inimaginable pour un établissement important, coté en Bourse, aujourd’hui. Nous pouvons aussi aider les acteurs naissant dans l’écosystème, ce que d’autres banques ne souhaitent pas faire. Il s’agit pour nous uniquement d’apprendre, de comprendre et de nous préparer à cette nouvelle technologie. La mise en œuvre complète de la blockchain ne se fera qu’une fois tous les paramètres garantissant une parfaite sécurité opérationnelle seront réunis et régulés par les instances suisses et internationales.

– Quelle est votre dynamique dans l’écosystème 3.0?
– Christophe Utelli: Notre démarche découle de notre curiosité intellectuelle, ainsi que de notre approche d’entrepreneurs, dont la mission consiste à soutenir les sociétés et initiatives dans ce domaine, qui peinent à trouver un appui auprès d’autres établissements, davantage concentrés sur les activités traditionnelles. Ce n’est pas tant les cryptodevises qui nous importent, mais la technologie qui porte cet univers.

Andrea Baldassa: «Nous avons vécu le lancement d’internet, puis aujourd’hui vivons celui de la blockchain, dont les applications immédiates vont changer la vie des banquiers et de leurs clients».

– Quels sont les avantages de la blockchain pour les financiers?
– Andrea Baldassa: La technologie sous-jacente au back-office, où transitent les paiements, basée sur la chaîne de blocs, apportera un service plus rapide au client. Le transfert complet d’un hedge fund d’une banque à une autre requiert dans la vie réelle jusqu’à six mois, alors qu’il est possible avec la blockchain de virer des bitcoins en dix minutes d’un institut à un autre. Ce système décentralisé permet également de conserver durablement un très grand volume de détails. Grâce au principe de traçabilité, nous pouvons vérifier l’authenticité des avoirs «on-chain» et avoir une meilleure clarté sur l’origine de la fortune de la clientèle.
– Christophe Utelli: C’est toute la gestion des papiers-valeurs déposés qui va être repensée, avec des processus entièrement automatisés. La blockchain permet par exemple de connaître plus facilement la composition d’un registre d’actionnaires. La tâche fastidieuse de détachement des coupons sera facilitée. Un immeuble pourra être tokénisé et revendu sur une place de marché. La blockchain ne va pas remplacer la finance traditionnelle, mais va ouvrir la voie à la création d’actions ou d’obligations numériques. Ce qui non seulement fournit un champ d’investissement plus large, mais offre aussi un traitement plus facile de ces actifs financiers à venir.

– Comment vos clients voient-ils ces activités?
– Christophe Utelli: Bien que nous nous profilions à 99% comme une banque privée classique, nous recevons un intérêt de la clientèle traditionnelle, ainsi que des individus qui évoluent dans l’écosystème et qui apprécient notre démarche, dans la mesure où nous venons en complément des établissements comme les banques Sygnum ou Seba, dont la blockchain est au cœur des activités. Mais en général, nos clients sont étonnés de voir une société de cent personnes posséder des compétences dans le domaine. Il est toutefois important de bien démarquer notre démarche de la performance des cryptomonnaies.
– Andrea Baldassa: Nous avons vécu le lancement d’internet, puis aujourd’hui vivons celui de la blockchain, dont les applications immédiates vont changer la vie des banquiers et de leurs clients. C’est une chance inouïe.

 

Propos recueillis
par Salima Barragan

Cet article a été réalisé et publié sur le site
www.allnews.ch. Il est reproduit ici avec l’autorisation
de ce média. ©allnews 2022.

GROS PLAN

Qu’est-ce que la blockchain?

 

Le cabinet de conseil Deloitte a récemment donné sa définition de la blockchain.Vous, l’utilisateur (appelé «nœud»), avez un fichier de transactions sur votre ordinateur (un «registre»). Deux comptables publics (que nous appellerons des «mineurs») possèdent le même registre sur leur ordinateur respectif (il est donc «distribué»). Lorsque vous effectuez une transaction, votre ordinateur envoie un e-mail à chaque comptable pour les en informer.
Chaque comptable se précipite pour être le premier à vérifier que vous pouvez vous permettre cette transaction (et gagner son salaire en «bitcoins»). Le premier à effectuer la vérification et la validation appuie sur «répondre à tous», et joint sa technique de vérification de la transaction (le «proof-of-work»). Si l’autre comptable est d’accord, tout le monde actualise son fichier…
La technologie de chaîne de blocs originale est libre de droits et offre une alternative aux intermédiaires traditionnels pour les transferts en monnaie numérique de type «bitcoin». L’intermédiaire est remplacé par la vérification collective de l’écosystème, ce qui offre un degré élevé de traçabilité, de sécurité et de rapidité. La technologie de chaîne de blocs n’est pas nécessairement réservée à la sphère publique. Elle peut être utilisée dans le privé, les nœuds constituant alors simplement les points d’un réseau privé et la chaîne de blocs étant utilisée comme un registre distribué. La technologie de chaîne de blocs ne se limite pas non plus à la finance. Elle peut être appliquée à toute transaction en plusieurs étapes nécessitant traçabilité et visibilité. Au niveau de la chaîne logistique notamment, la blockchain peut permettre de gérer et de signer des contrats, ainsi que de vérifier la provenance des produits. Plus les mondes numérique et physique convergeront, plus les applications pratiques de la blockchain se développeront.

 

François Berset

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