Anne-Françoise Morel, Maire de Jussy/GE

Adjointe au maire puis maire élue tacitement suite à la démission de celui-ci, Anne-Françoise Morel a ensuite été élue pour une seconde législature. «C’était important pour moi de me présenter devant les électeurs», dit-elle
La petite enfance avec la crèche intercommunale qu’elle a mise en place, lui tient particulièrement à cœur, de même que la promotion d’une organisation administrative efficace et d’une structure financièrement pérenne pour la commune.

– Comment évolue la commune de Jussy?
– Nous sommes dans un secteur dont le développement est contrôlé, puisque Jussy est situé en zone agricole, où les constructions sont limitées. De nombreux bâtiments sont classés et inscrits à l’inventaire du patrimoine. La commune compte 1135 hectares, dont un tiers en forêt. Nous avons une population stable de 1200 à 1300 habitants environ, mais le nombre d’enfants augmente. Des projets immobiliers sont actuellement en cours, ce qui va entraîner une certaine croissance de la population, mais nous ignorons encore dans quelle proportion.
Concernant l’école, nous sommes en train de finaliser le projet d’agrandissement qui pourrait porter sur deux, voire quatre classes. Ensuite, il faudra voir si l’Etat autorise le projet, l’école étant située dans une zone sportive et agricole. Les travaux ne débuteraient pas avant 2023 ou 2024. Financièrement, le projet sera soutenu par le Fonds intercommunal et la commune est en mesure d’assurer cet investissement.

– Vous évoquiez des projets immobiliers. Quels sont-ils?
– Il s’agit de trois projets privés de logements en PPE qui se situent au centre du village et sur les hauts de Lullier. L’intégration à l’environnement des nouvelles constructions est toujours un point important pour la commune. Nous nous efforçons de garder le style du village, avec des toits pentus et l’utilisation de matériaux en harmonie avec l’environnement.

– Qu’en est-il des prix?
– Aujourd’hui, il est difficile pour les jeunes de la commune et les personnes âgées de trouver un petit logement à des prix raisonnables. La Fondation de la commune de Jussy pour le logement dispose de 67 appartements et de trois espaces commerciaux. Le problème actuel est que les personnes dont les enfants ont grandi ne peuvent plus quitter leur grand logement pour quelque chose de plus petit en raison des prix de l’immobilier. Elles monopolisent alors des surfaces trop grandes. La commune dispose d’un terrain sur lequel il serait possible de construire. Si cela se fait, l’objectif sera de proposer des logements à bas loyer.

– Jussy dispose d’une vie locale active, avec de nombreuses associations. Est-ce une obligation aujourd’hui pour une commune de proposer des activités?
– Nous avons effectivement beaucoup d’associations, aussi bien dans la culture que dans le sport, et nous organisons des événements importants comme la vogue de Jussy et le demi-marathon. Le corps des sapeurs-pompiers volontaires joue un rôle important au sein de la commune. Par contre, il est difficile de savoir si la quantité et la diversité des activités constituent un atout. Depuis quelques années, les gens s’impliquent moins dans la vie locale.

– Comment marche le commerce local?
– Tout ce qui est lié à l’offre médicale ou esthétique fonctionne très bien. Il en est de même pour nos trois restaurants et les petits magasins ouverts par des agriculteurs.
Par contre, nous avons eu deux tentatives d’épicerie dans le village qui n’ont pas abouti. C’était peut-être trop tôt. Aujourd’hui, notamment depuis la pandémie, les gens recherchent davantage de proximité.

Le château du Crest.

– Quels sont les grands projets actuellement en route ou à venir ?
– Nous venons de racheter une maison dans le village et allons la transformer en maison communale pour des manifestations, des rencontres et peut-être l’organisation d’expositions.
Le rapprochement de notre compagnie de pompiers volontaires avec le Service d’incendie et de secours (SIS) est aussi en train de prendre forme. Il s’agira d’un pas de plus dans la collaboration entre communes voisines.
Nous avons aussi lancé le programme d’assainissement énergétique de l’école, portant notamment sur l’enveloppe du bâtiment et les fenêtres. A terme, l’objectif est de faire passer tous les bâtiments de la commune aux énergies renouvelables.
Il y a également eu la remise à ciel ouvert d’un tronçon du cours d’eau le Chamboton, qui a permis de recréer une connexion naturelle entre les bois de Jussy et les marais de la Seymaz.
D’autres lieux seraient à renaturer, mais c’est difficile car cela signifie une diminution des mètres carrés pour les agriculteurs.

– A l’initiative des communes de Seymaz-Région, Jussy a mis en place un service des gardes ruraux…
– Avec la pandémie, il y a eu une redécouverte de la campagne, ce qui est très positif, mais ce phénomène s’est accompagné de beaucoup d’incivilités: champs saccagés, gens qui maraudent dans les vergers de l’école d’horticulture de Lullier, ou encore qui volent des poules. Au total, nous sommes sept communes – Meinier, Gy, Presinge, Puplinge, Choulex, Vandœuvres et Jussy – qui participons au financement de ce service, composé de trois personnes pour un taux d’activité global de 80%. D’autres communes de la région sont intéressées par ce concept.

– Jussy reste une commune rurale. Comment se passe la cohabitation entre hommes et animaux?
– Très bien! Nous avons mis en place des passages pour la petite faune à la route de Monniaz, qui fonctionnent bien, et un projet existe pour des aménagements similaires à la route de Juvigny, afin d’éviter le carnage des batraciens, notamment au printemps, lorsqu’ils veulent traverser la route.
Nous sommes dans une région très riche pour la faune. Nous avons aperçu un chacal doré et même un loup de passage. Des gens sont même venus spécialement pour voir ce dernier, mais il était bien sûr parti depuis longtemps!

Virginia Aubert