Jean-Claude Brechbühler.

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Jean-Claude Brechbühler, Président du Conseil communal de Val-de-Ruz

Innovation et qualité de vie

28 Sep 2022 | Articles de Une

– Une décennie après la fusion, quel regard portez-vous sur la commune?
– C’est une commune qui évolue bien. Nous avons atteint les 17 350 habitants, alors qu’avant la fusion, la population était d’environ 16 000 personnes. En 2021, nous avons été la commune qui a enregistré le plus de nouveaux habitants dans le canton de Neuchâtel. Depuis la fusion, beaucoup de villages ont connu une nette augmentation de leur population par la création de nouveaux quartiers d’habitation. On entend que les habitants du bas du canton viennent à Val-de-Ruz pour sa qualité de vie, entre lac et montagnes, ainsi que pour l’habitat à des prix encore abordables. Les habitants du haut descendent s’installer dans notre commune pour profiter d’une météo plus clémente, notamment en hiver, et d’une qualité de vie proche de la nature.
Cette situation a eu un impact sur les prix de l’immobilier, qui ont pris l’ascenseur. Certaines villas ont atteint un million de francs et même davantage, ce dont nous n’avions pas l’habitude ici. Aujourd’hui, le prix du terrain dépasse les 400 francs/m2. Nous avons aussi dû densifier notre zone à bâtir, avec la construction d’habitats groupés notamment. Cela étant, les prix de l’immobilier semblent maintenant se stabiliser, sans préjuger de variations futures.

– Les infrastructures, notamment scolaires, sont-elles encore adaptées?
– Avec l’arrivée de nombreuses familles, il est vrai que les classes des collèges sont bien pleines, mais nous avons encore une marge de manœuvre dans les villages du Cercle scolaire de Val-de-Ruz (CSVR). Par ailleurs, le projet pilote «Ma journée à l’école» (MAE) qu’a lancé le canton et auquel Val-de-Ruz participe, va aussi avoir un impact sur la commune. Le projet MAE intègre, pour les parents qui le souhaitent, le repas de midi, les devoirs surveillés et des activités extrascolaires, sportives et culturelles pour leurs enfants. Reste à définir si les infrastructures seront adaptées à la demande, surtout en regard du coût financier futur à charge de la commune. Val-de-Ruz a déjà refusé à deux reprises une augmentation d’impôt. La première fois, il s’agissait d’une hausse de cinq points, et l’année dernière de deux points.

– Comment s’est faite l’intégration des nouveaux habitants à Val-de-Ruz?
– Nous sommes une région à vocation agricole qui offre, lorsqu’on la regarde de haut, un patchwork de cultures diverses, dont les couleurs évoluent au fil des saisons. L’arrivée de nouveaux habitants s’intègre parfaitement dans ce panorama, ainsi que dans la politique d’accueil que nous avons mise en place depuis de nombreuses années. L’entente est excellente car, dès leur arrivée, les nouveaux habitants sont accueillis et intégrés à la vie de la commune, grâce notamment à de nombreuses associations et sociétés diverses. Seulement pour le football, nous avons trois clubs: le FC Val-de-Ruz, le FC Bosna et le FC Coffrane. Il y a un vrai mélange de population lors des différents manifestations organisées dans la commune et lors des trois foires que connaît Val-de-Ruz. Les nombreuses activités permettent de ne pas transformer la commune en cité dortoir. Aussi vivre à Val-de-Ruz est-il fort agréable!

– La mobilité est un enjeu crucial pour une commune rurale. Qu’en est-il à Val-de-Ruz?
– Dans le cadre du RER neuchâtelois, la création d’une gare ferroviaire à Cernier est prévue, ce qui permettra une liaison rapide Neuchâtel – Cernier – La Chaux-de-Fonds. Le projet devrait aboutir en 2035 et nous attendons aujourd’hui l’emplacement exact de la gare. La construction de celle-ci s’accompagnera de projets immobiliers, qui vont être réalisés au fur et à mesure et vont dynamiser ce nouveau quartier. Par ailleurs, la commune est bien desservie par la route, mais les liaisons par bus devraient être améliorées, notamment vers le haut du canton, peu desservi sauf l’hiver pour les personnes qui viennent faire du ski de fond à La Vue-des-Alpes ou à Tête-de-Ran et du ski de piste au Crêt-Meuron.

Les Hauts-Geneveys, une ex-commune rattachée à Val-de-Ruz.

– Les habitants sont-ils prêts à s’impliquer sur le plan politique? Certaines communes sont confrontées à de gros problèmes…
– Effectivement, il faut chercher des personnes dévouées et prêtes à s’engager, ce qui devient difficile à trouver, tant sur le plan politique qu’associatif, soit dit en passant. La charge de travail liée à la fonction est aussi lourde et, d’année en année, les dossiers deviennent plus complexes. Dans la fonction de conseiller communal, il faut entre autres savoir faire preuve d’ouverture et de diplomatie, avec également quelques talents de négociateur… J’ai la chance d’être passionné, d’aimer ce que je fais, les contacts avec la population et d’avoir mes racines ici, ce qui m’aide également dans mon travail de tous les jours. Les gens se connaissent et ont l’occasion, tout au long de l’année, de se côtoyer lors des nombreuses manifestations qui sont organisées ici.

– Quelle est la situation économique de la commune?
– La situation est positive et nous avons la chance d’avoir bon nombre de PME familiale très actives, réparties dans les villages, ainsi que de plus grandes entreprises, parmi lesquelles ETA, Codec, Felco, Patric Métal, Hifi Filter, MOM Le Prélet, Bernasconi et bien d’autres encore, qui dynamisent ainsi notre vallée. Globalement, la commune profite d’un bon tissu économique.

– Avez-vous des projets en cours?
– Nous allons rénover la piscine d’Engollon, inaugurée en 1968 et dont les bâtiments et le toboggan arrivent en fin de vie. Le chantier du toboggan pourrait débuter l’année prochaine. Dans une deuxième phase, nous allons reconstruire les bâtiments de la piscine. Ce projet, dont le budget n’est pas encore arrêté, est porteur pour tout Val-de-Ruz. Sur le plan de la transition énergétique, nous voulons développer le projet de trois parcs éoliens, qui seraient en mesure d’assurer une production attendue de 60 à 78 GWh/an. Cette production permettrait d’atteindre l’autosuffisance électrique de la vallée.

– Du côté de la culture et des sports, la commune peut se vanter d’accueillir des événements d’envergure et de développer des projets porteurs.
– Effectivement, depuis plus de deux décennies, la Grange aux Concerts de Cernier, avec ses Jardins musicaux, offre une programmation toujours riche et éclectique, ainsi que le FestiValdeRuz, le festival hip-hop qui se tient tous les deux ans à Savagnier. La salle de spectacle de Fontainemelon accueille régulièrement des manifestations officielles, culturelles et associatives. Notre vallée a vu l’arrivée du Bibliobus, lequel permet de développer la lecture publique sur tout le territoire de Val-de-Ruz et pour toutes les catégories d’âge. Dans le même ordre d’idées, le déménagement de la bibliothèque de Fontainemelon sur un site plus centralisé à Cernier est également prévu, permettant d’améliorer considérablement son accès pour les personnes âgées ou à mobilité réduite. Sur le plan sportif, citons le traditionnel triathlon de Val-de-Ruz qui rencontre un large succès populaire et le Campus Tour, où les 2200 élèves du CSVR se déplacent à pied ou à vélo sur des parcours dans la vallée durant une journée, événement visant à promouvoir la persévérance, l’estime et le dépassement de soi.

 

Propos recueillis par Virginia Aubert

La Fête des maires, c’est toute l’année!

 

Située dans le canton de Neuchâtel, la commune de Val-de-Ruz est née de la plus grande fusion de communes de Suisse. Le 1er janvier 2013, Val-de-Ruz fusionnait quinze communes en une commune unique. Près d’une décennie plus tard, celle-ci fait preuve de dynamisme avec des projets forts, comme l’installation de trois parcs éoliens, soit sept éoliennes au Crêt-Meuron, trois aux Quatre-Bornes et sept au Montperreux. La commune, qui a reçu cette année la distinction annuelle de la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage, reste très attachée à sa qualité de la vie, comme le souligne Jean-Claude Brechbühler, président du Conseil communal.