Chaque détail a été traité avec soin.

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rénovation - Régie Pilet & Renaud

Haute performance énergétique dans un écrin du passé

16 Avr 2025 | Articles de Une

Si le virage énergétique fait aujourd’hui consensus, rénover un bâtiment inscrit au patrimoine reste un exercice délicat. C’est le cas d’un immeuble situé au centre-ville de Genève, où les équipes du département «Rénovation durable» de la régie Pilet & Renaud ont réussi à améliorer les performances énergétiques tout en respectant les strictes exigences du Service cantonal des monuments et sites. Les professionnels ont dû faire face à des contraintes techniques majeures; corollaire, un coût plus élevé à assumer pour le maître d’ouvrage. Le résultat est une opération de qualité, où chaque détail patrimonial a été traité avec le plus grand soin.

Conçu par l’architecte genevois Julien Flegenheimer (1880-1938), l’immeuble à la rue du Vuache, composé de sept étages et d’une trentaine d’appartements, souffrait de faibles performances énergétiques, tout en présentant une valeur patrimoniale à préserver. Caractérisé par une structure hétéroclite et l’utilisation de matériaux nobles comme la pierre naturelle, le bâtiment représentait un défi de taille pour la régie Pilet & Renaud. Un préavis sous condition, accordé par le Service des monuments et sites (SMS) en juin 2024, n’a pas permis de lancer immédiatement le chantier. Certains aspects du projet ont dû être retravaillés par les architectes, entraînant le dépôt d’une nouvelle demande, finalement validée. Entre les premières études et l’obtention de l’autorisation de construire, deux ans se sont écoulés, une attente qui souligne la complexité de concilier exigences patrimoniales et rénovation énergétique. La fin des travaux est prévue pour septembre 2025.
Au-delà du retard du chantier, des surcoûts ont également émergé. «Les subventions de l’Etat, notamment celles liées au label Haute Performance Energétique (HPE), sont importantes, mais elles ne sont pas adaptées à des bâtiments de ce type, construits dans les années 1930», explique Bruno Frisa, architecte chez Pilet & Renaud. Il souligne que les propriétaires doivent financer les travaux sans pouvoir répercuter ces coûts sur les loyers, en raison de la Loi sur les démolitions, transformations et rénovations de maisons d’habitation (LDTR).

Un savoir-faire mis à l’épreuve

La rénovation de la rue du Vuache a concerné à la fois l’enveloppe extérieure et l’intérieur de l’immeuble. Une étape clef a été l’installation d’une isolation thermique adaptée à la configuration du bâtiment. Pour obtenir la labellisation Haute Performance Energétique (HPE), une solution sur mesure a été mise en place: côté rue, un crépi de 3,5 cm de type aérogel s’intègre parfaitement à l’esthétique d’époque, tandis que côté cour, une isolation de type laine de bois de 14 cm garantit une isolation performante, ainsi que l’emploi de matériaux écologiques. «Nous avons remplacé les fenêtres, améliorant ainsi non seulement l’isolation thermique, mais réduisant aussi les nuisances sonores liées à la proximité des voies ferrées, explique Bruno Frisa. Des vitrages isolants ont été posés sur la verrière centrale du hall de l’immeuble et le plafond du sous-sol a également été isolé».
La production de chaleur au gaz a été remplacée par quatre pompes à chaleur
air/eau, et des panneaux solaires thermiques et photovoltaïques ont été installés en toiture. La rénovation a également permis d’optimiser le système de ventilation, désormais hygroréglable. A terme, l’indice de dépense de chaleur sera divisé par deux, une performance qui sera contrôlée par l’Office cantonal de l’énergie (OCEN) pour assurer le maintien du label HPE.
Si les grands principes de rénovation sont bien établis, leur mise en œuvre sur un bâtiment classé requiert un savoir-faire technique de haut niveau. Le fossé entre les directives politiques et la réalité du chantier est souvent important. A la rue du Vuache, un travail minutieux a permis de préserver ou de restaurer les détails architecturaux d’origine, tels que les corniches, frontons, balcons, tablettes et encadrements de fenêtres. La toiture a également été refaite avec soin, incluant l’isolation, le remplacement des tuiles et la réfection des éléments de ferblanterie. Une attention toute particulière a été portée aux travaux de menuiserie/charpente, afin de respecter les détails existants tout en s’adaptant à la nouvelle configuration.

La rénovation de la rue du Vuache a concerné à la fois l’enveloppe extérieure
et l’intérieur de l’immeuble.

Des travaux en site occupé

Le fait que la régie Pilet & Renaud assure également la gestion de l’immeuble a représenté un atout majeur dans le cadre de cette rénovation. Cette double casquette a permis d’accorder une attention particulière aux locataires et d’éviter une absence de communication souvent synonyme de réclamations. Avant le lancement des travaux, des séances d’information ont été organisées pour tenir les locataires au courant du déroulement du chantier. Les responsables de la régie sont restés à l’écoute tout au long du projet, prêts à intervenir rapidement en cas de problème. «Tout chantier occasionne des nuisances, mais notre présence et notre suivi nous permettent de les limiter», souligne Philippe Mercier, sous-directeur Gérance et responsable technique chez Pilet & Renaud.
Ce projet exemplaire a suscité l’intérêt du Service des Monuments et Sites (SMS), qui envisage de s’en inspirer pour d’autres rénovations à Genève. Précurseur dans plusieurs domaines, notamment sur les chantiers «zéro déchet», la régie Pilet & Renaud confirme ici sa capacité à conjuguer préservation du patrimoine et innovation technique.

 

Véronique Stein

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