Les toits végétalisés au nombre des stratégies d’écogestion.

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Nouveau campus

Firmenich confirme son ancrage helvétique

19 Oct 2022 | Articles de Une

Le géant mondial des parfums et des arômes a inauguré la semaine dernière son nouveau campus ultra sophistiqué établi à Satigny et La Plaine/GE. Coût de l’investissement: 200 millions de francs en cinq ans. Une façon de réaffirmer le caractère foncièrement genevois et suisse de l’entreprise, malgré sa récente fusion avec la société néerlandaise DSM.

Généralement discrète, l’entreprise a ouvert grand ses portes à la presse pour l’inauguration de ses nouveaux bâtiments, qui totalisent 132 000 mètres carrés sur une parcelle de 225 000, entre Satigny et La Plaine. Composé de trois usines de production, de laboratoires, d’une plate-forme logistique, d’un entrepôt automatisé, d’une usine pilote de recherche et développement en biotechnologie et d’un pavillon de pause et de restauration dédié au personnel, le campus représente un investissement de près de 200 millions de francs, «le plus important que la firme ait jamais réalisé sur un seul site», indique Patrick Firmenich, président du Conseil d’administration. «Le campus genevois est notre site le plus important dans le monde et l’un des plus avancés dans le secteur en matière de technologie, numérisation, innovation, science et produits naturels», précise Gilbert Ghostine, CEO de Firmenich.

De la parfumerie fine au
hamburger végétal

Vu de l’extérieur, le campus – qui emploie 1450 collaborateurs – n’a rien de flamboyant. La recherche architecturale a cédé le pas à une fonctionnalité à l’épreuve du temps qui intègre les dernières innovations robotiques et de l’intelligence artificielle. Fleuron du leader mondial qui contribue à faire de Genève la Silicon Valley des parfums et des arômes, le dispositif permet d’assurer à lui seul une capacité de production de 61 000 tonnes par an. Les espaces intègrent, outre une importante capacité de stockage, plusieurs lignes de fabrication assistées par ordinateur et alimentées via
60 km de tuyauterie dernier cri.
Construit en plusieurs phases dès 2017, après la vente au Canton du site industriel de la Jonction, le campus a d’abord accueilli l’usine de parfums, capable d’assembler au vingtième de millimètre quelque 1800 ingrédients différents nécessaires à la création et de réaliser près de 50 000 essais de parfums par an pour ses clients. Firmenich a dépensé plus de 60 millions pour refaire cette usine à Satigny, doublant au passage la superficie du bâtiment.
Partout, c’est une avalanche d’odeurs accumulées dans une atmosphère volontairement aseptisée. Car dans la vie, tout a forcément un léger parfum du bout du lac. Faire le ménage chez soi, se doucher à New York, manger une soupe, se parfumer ou boire un soda à l’autre bout du monde, le moindre geste du quotidien ramène inexorablement à Firmenich. «Chaque jour, 4,5 milliards de consommateurs dans le monde utilisent des produits que nous fabriquons», indique Gilbert Ghostine.
Quant aux tendances renforcées du marché post-Covid pour le bien-être, la beauté, la nutrition, elles font notamment la part belle au département des arômes. Au cœur de l’étage dédié à la nourriture: des nuggets et hamburgers véganes. «Les protéines végétales ont souvent une amertume qu’il faut masquer avec des ingrédients naturels et des arômes qui donnent des tonalités de saveur habituelles», explique Nicolas Maire, le chef des lieux. Ce sont autant d’ingrédients d’avant-garde réalisés par le site Recherche et Développement, garant des innovations les plus compliquées, auquel Firmenich alloue près de 400 millions de francs par an. Le potentiel de la branche alimentaire est énorme. Le marché des protéines végétales devrait peser 100 milliards de francs d’ici à dix ans.

Célébration officielle. De gauche à droite: Gilbert Ghostine, CEO de Firmenich; Mauro Poggia, président du Conseil d’Etat; Fabienne Fischer, conseillère d’Etat; Patrick Firmenich, président de Firmenich.

Un engagement écologique

Conçus pour limiter leur impact sur l’environnement, les bâtiments certifiés de Haute performance énergétique (HPE) bénéficient de plusieurs stratégies d’écogestion, dont le système d’enveloppes thermiques et les toitures végétalisées, les pompes à chaleur et les forages géothermiques. Les nombreux espaces verts favorisent la biodiversité. Le site utilise l’énergie verte de SIG depuis 2014. «Depuis février 2020, Firmenich tourne à 100% à l’électricité renouvelable dans le monde, souligne Gilbert Ghostine. Nous enregistrerons plus d’avance dans les deux prochaines décennies que lors du siècle passé».
A la question de l’approvisionnement en matières premières lors de la pandémie, la direction répond que «l’augmentation de 300 millions de francs de stock de sécurité avant la crise a permis d’assurer une livraison permanente».

Une présence genevoise pérenne

Dans un contexte de crainte pour l’emploi accentuée par la délocalisation du siège de l’entreprise en Argovie et la fusion récente de Firmenich avec l’entreprise néerlandaise DSM, l’inauguration a aussi été l’occasion de rassurer. Le directeur général insiste sur le caractère foncièrement suisse de la nouvelle entité. «Les directions mondiales de la parfumerie et de la beauté seront gérées à Genève, tout comme la gestion de la recherche pour les ingrédients des secteurs alimentaire, beauté et parfumerie, précise-t-il. C’est un engagement pérenne. Nos actionnaires qui continuent de posséder 34,5% des parts sont des Genevois très attachés à leur ville. Nous n’avons aucune intention de quitter le canton».
Rappelons que Firmenich est un entreprise familiale, fondée à Genève il y a 127 ans. Elle emploie aujourd’hui 11 000 personnes dans le monde, dont 15% à Genève. Avec une progression de 11,1% sur l’exercice 2021-2022, son chiffre d’affaires annuel se montait à fin juin dernier à 4,7milliards de francs.
L’inauguration officielle s’est déroulée en présence de Mauro Poggia, président du Conseil d’Etat, Fabienne Fischer, conseillère d’Etat en charge de l’Economie et de l’Emploi, des maires de communes de Satigny et de La Plaine, de dirigeants de la sphère économique et de représentants académiques de l’Université de Genève et de l’EPFL.

 

Viviane Scaramiglia