NATURE - Le lac de Genève, une fenêtre de nature
Evasion hivernale 100% locale
Voir un martin-pêcheur, un héron cendré ou un brochet, est-ce vraiment possible en se promenant sur les quais? Oui, car le lac est un espace de reconquête pour la nature! Roselières, lagune, récifs: jusqu’au cœur de la ville, le paysage lacustre s’enrichit régulièrement, pour le plus grand bonheur de la faune sauvage et des curieux. Vous n’y croyez pas? Participez à la Journée mondiale des zones humides le 2 février et vous serez convaincu.
Le 2 février, Genève célèbre la richesse des espaces aquatiques. «Vive la renaturation urbaine!»: cette année, les animations invitent la population à découvrir nos rives longtemps bétonnées mais devenues, depuis une quinzaine d’années, plus accueillantes pour la nature. Un dynamique réseau d’acteurs associatifs et institutionnels a regroupé ses forces afin d’organiser des activités gratuites mettant en lumière la valeur des zones humides.
Des Eaux-Vives à la Perle du Lac
En ce premier dimanche de février, il sera possible de s’initier à l’ornithologie urbaine. Et si l’on adoptait le point de vue des oiseaux pour glisser sur l’eau et revoir les enjeux des rives lacustres? Grèbes huppés occupés par leur ballet nuptial, martins-pêcheurs dépendant des poissons ou chevaliers guignettes arpentant les plages: quel regard peuvent-ils porter sur les aménagements innovants qui redessinent aujourd’hui les berges genevoises du lac? Entre le dépaysement d’une croisière locale et les anecdotes autour de nos oiseaux d’eau les plus emblématiques, ce grand tour de la Rade en compagnie de l’Inspecteur de la faune vous donnera l’occasion d’apprécier une nature urbaine insoupçonnée.
Autre activité de la journée: en compagnie d’ornithologues du Muséum d’histoire naturelle, vous apprendrez à reconnaître les principaux oiseaux d’eau urbains présents en hiver. Le Groupe Ornithologique du bassin genevois (GOBG) propose, quant à lui, une promenade à la recherche du martin-pêcheur et de l’énigmatique fuligule nyroca, canard européen hivernant régulièrement en Suisse. Du Port-Noir au Jardin anglais, les richesses que recèlent les ports n’auront plus de secret.
Comment les oiseaux, les pieds dans l’eau, résistent-ils au froid? Pour tout savoir sur les richesses du lac, l’Association pour la sauvegarde du Léman (ASL) vous invite à l’«Espace Léman», son centre nature dédié au lac, pour un atelier à la découverte des oiseaux lémaniques, de leurs habitats et des efforts entrepris pour leur préservation. Puis, place à la pratique pour aller explorer les sites renaturés des Eaux-Vives. Une belle palette d’activités qui nous feront oublier la morosité de l’hiver et redécouvrir sous un autre œil les eaux pleines de surprises du Léman!
Cartographie des milieux humides du canton de Genève sous protection internationale,
fédérale ou cantonale.
Un paysage lacustre urbain
métamorphosé
Secteur de renaturation, complémentaire à la plage et au port public réalisés aux Eaux-Vives, la lagune apporte une réelle plus-value à la biodiversité régionale. Grâce à la recréation de milieux riverains disparus sur le lac, ce site est un refuge pour de nombreux animaux et plantes, permettant d’envisager le retour d’espèces sensibles aux portes de la ville. Mesure de compensation réussie, cet espace de biodiversité a pu voir le jour grâce à une politique d’intégration de la nature par l’Etat de Genève, dans le cadre des aménagements de loisir réalisés aux Eaux-Vives et finalisés en 2020. Il constitue un atout pour les berges lacustres, grâce à la création de milieux devenus exceptionnels autour du lac: plage naturelle, roselière, plan d’eau abrité et végétalisé, etc. Il est relié à la plage grâce à une prairie de connexion. Le site remplit les conditions pour être inclus dans la réserve fédérale d’oiseaux d’eau (Ordonnance sur les réserves d’oiseaux d’eau et de migrateurs d’importance internationale et nationale «Rive gauche du Petit-lac»), afin de consolider durablement sa protection légale.
Le plan d’eau aux rives inondées a été aménagé pour permettre le retour de plantes aquatiques en déclin, comme la rare littorelle ou le nénuphar blanc, avec une végétation dynamique qui évoluera au fil du temps. Ce site constitue aujourd’hui un havre pour différentes espèces de libellules, ainsi qu’un site de reproduction idéal pour les poissons du lac et les oiseaux d’eau. Véritable refuge de nature, il offre une halte aux oiseaux migrateurs et hivernants et pourrait même accueillir le passage de castors.
Le patrimoine aquatique de Genève, une valeur à préserver
Le territoire genevois se distingue par une diversité de zones humides, étroitement imbriquées à la vie locale et valorisées par une politique publique volontariste. Le canton, traversé par le Rhône, peut se prévaloir de nombreuses actions. Les zones humides totalisent près de 5000 hectares, notamment grâce au lac, et bénéficient d’une solide protection légale. Des plans de gestion maintiennent durablement leur richesse, tandis que des mesures ciblées assurent des conditions favorables à la faune, en particulier les oiseaux d’eau, ainsi que la sensibilisation du public.
L’Etat de Genève met en œuvre un programme dynamique de renaturation des espaces aquatiques financés par une taxe hydraulique: depuis 1997, plus de cent actions ont porté leurs fruits, allant de la remise à ciel ouvert de rivières et de la restauration de la vitalité des cours d’eau à la création de nouvelles zones humides, avec notamment l’objectif de renforcer l’accès au public. Par ailleurs, les sites aquatiques font l’objet d’une surveillance active et des dispositifs visent à prévenir les pollutions ponctuelles ou diffuses. Les incertitudes liées au climat sont également prises en compte. En effet, la bonne gestion des zones humides est un rouage clef du fonctionnement de notre territoire: absorption des trop-pleins météorologiques (le Rhône évacue 54 milliards de m3 d’eau chaque année), alimentation des nappes souterraines, écarts climatiques tempérés, soutien à la production de biomasse ou d’oxygène et captation naturelle de CO2. Enfin et par ses dimensions esthétique, culturelle et touristique, le patrimoine aquatique est un réservoir infini de ressourcement et de loisirs de proximité. Un cadre de vie à respecter et à valoriser!
Véronique Stein
Heureux, les canards!
GROS PLAN
Traité de référence
Chaque hiver, le 2 février marque l’anniversaire de la signature, en 1971, de la Convention internationale de Ramsar. Ce traité majeur vise à protéger les espaces aquatiques emblématiques de notre planète, soit 2500 sites à ce jour, avec parmi eux le Rade et le Rhône genevois. Cette date a été instituée comme la Journée mondiale des zones humides, donnant lieu à de nombreuses
manifestations à travers le monde.
Programme complet de la journée du 2 février:
www.dansmanature.ch