Bernard Bruttin, Président de Mont-Noble/VS

En fait, cette nouvelle et potentielle fusion interviendrait après celle des villages de Nax, Vernamiège et Mase, qui forment aujourd’hui Mont-Noble. Pour Bernard Bruttin, Président de la commune, une fusion avec Sion permettrait la poursuite harmonieuse du développement de Mont-Noble.

– Quelle a été l’évolution de Mont-Noble depuis sa fondation?
– La fusion entre les trois communes a eu lieu le 1er janvier 2011, suite à un vote populaire. Cette union était devenue obligatoire en raison de la taille des communes et de la professionnalisation grandissante des dossiers. L’élément déclencheur a été la difficulté rencontrée par deux communes pour trouver des personnes acceptant de siéger à l’Exécutif. Depuis dix ans maintenant, la commune connaît un développement important, avec une hausse de 25% de sa population, qui atteint aujourd’hui 1120 habitants. La fusion a vraiment été un succès, car elle a permis de se doter d’une administration professionnelle et d’investir dans les infrastructures. La commune dispose d’une école enfantine et primaire, ainsi que d’une crèche qui accepte les bébés dès l’âge de trois mois. C’est un élément important pour les jeunes couples, d’autant plus qu’il n’y a pas de liste d’attente. Enfin, nous avons un centre commercial alpin, une boulangerie tea-room, un magasin d’alimentation, un coiffeur, un office de poste, un bancomat et une station d’essence.
Dans chaque village, avec le soutien de notre Municipalité, une épicerie de proximité a été maintenue. Nous sommes une petite commune, avec une bonne infrastructure, à proximité de Sion, à 15 minutes en voiture.
Dans un rayon de 30 km, de nombreuses activités sont à la disposition de notre population: station de ski, golf, bains thermaux. Concernant le sport et la culture, notre commune offre aussi des opportunités qui vont du swin-golf et foot-golf au tir à l’arc ou au court de tennis, en passant par 120 kilomètres de chemins pédestres. Une via ferrata avec vue imprenable sur la vallée du Rhône est ouverte au public lors de la bonne saison, gratuitement. L’hiver, nous avons un jardin des neiges avec tapis roulant, du ski jöring, une piste de ski de fond/raquettes, piste de luge et snowtubing. Nous bénéficions aussi de 35 kilomètres de pistes de ski alpin avec les remontées mécaniques de Télé Mont-Noble SA, dont notre Municipalité est actionnaire majoritaire.
La commune de Mont-Noble possède aussi un théâtre couvert, mais ouvert sur la vallée du Rhône, nommé «Le Balcon du Ciel». A Vernamiège, un Musée des costumes valaisans. A Mase, via une initiative privée sous la dénomination «Lettres de soie», un festival de la correspondance, mais aussi «le» village de la correspondance, ce qui suscite un écho bien au-delà de nos limites communales.

– Comment s’est intégré l’immobilier dans le développement de la commune?
– Aujourd’hui, le marché est à sec. Les prix ont flambé, mais dans des proportions moins importantes que celles enregistrées dans d’autres communes. Le prix du mètre carré est passé de 120 à 180, puis 200 francs. Avec une aide au logement réservée exclusivement à la construction de la résidence principale, en comparaison avec les prix pratiqués en plaine, nous considérons que l’acquisition d’un logement sur notre territoire est séduisant. Concernant les nouvelles constructions, les projets qui nous ont été soumis correspondaient tous à nos exigences en matière de style architectural et d’intégration dans l’environnement. Il n’y a pas eu de difficulté insurmontable.

Une priorité pour Mont-Noble: la préservation du patrimoine.

– Quels sont les enjeux futurs?
– Le Conseil municipal a mis en place une stratégie 2015-2025, dont l’un des axes consiste à favoriser la mobilité douce. Nous avons donc développé un projet de télécabine entre Bramois/Sion et Nax. Le projet a reçu un préavis favorable de l’Office fédéral des transports (OFT) et pourrait se concrétiser en 2026. Actuellement, la liaison est effectuée par des cars postaux, dont les horaires ne sont plus vraiment adaptés à la vie actuelle. A partir de 18 heures, par exemple, les parents passent leur temps à faire le chauffeur de leurs enfants pour les amener à leurs différentes activités en plaine. L’objectif est de proposer une liaison plus efficace, mais aussi plus écologique. Avec la télécabine, la liaison prendra 7 minutes, observant une fréquence qui pourrait être de toutes les 15 ou 30 minutes. Cette liaison rendrait notre commune encore plus attrayante.

– Vous envisagez donc une nouvelle fusion, cette fois avec la capitale valaisanne.
– Effectivement, nous avons déjà mandaté un bureau externe afin d’étudier la faisabilité de ce projet. La population pourra se prononcer sur les contours de cette fusion, avant un vote final en 2023. Si la réponse est positive, la fusion pourrait être effective le 1er janvier 2025.

– Quelles sont les raisons de ce projet?
– Gouverner, c’est prévoir! Nous devions anticiper, car avec 1120 habitants nous atteignons une limite. D’abord, nous manquons de personnes désireuses de s’engager dans la gestion de la commune, ensuite, nous sommes une petite commune de montagne et avons beaucoup de charges à caractère obligatoire. Nous allons devoir investir dans des travaux importants, tels que les eaux potables – «l’eau c’est la vie» – pour plusieurs millions. Il y aura donc un impact sur les impôts, vu que les postes en question doivent être autofinancés.
De son côté, Sion, qui compte 36 000 habitants, souhaite grandir. La fusion nous offrira une complémentarité financière, ainsi qu’un soutien juridique et technique. Sur la base du rapport de faisabilité établi par un bureau externe, le Conseil municipal a préavisé favorablement la fusion avec Sion Capitale des Alpes. La décision finale appartient à la population. Quelques-uns redoutent que l’identité de Mont-Noble se perde. Mais ce ne sera pas le cas, d’autant plus qu’il y a déjà une vraie diversité parmi les habitants, dont plusieurs d’entre eux viennent d’autres cantons.

– Le tourisme est une activité importante pour Mont-Noble. Comment voyez-vous son évolution?
– Nous avons toujours beaucoup investi dans le tourisme. Dernièrement, nous avons injecté 2,5 millions de francs dans la société Télé Mont-Noble SA, destinés au financement de la rénovation des installations, dont l’investissement total a été de l’ordre de huit millions de francs. Afin d’assurer l’avenir, nous avons mis en place un master plan pour fonctionner en tant que station sur les quatre saisons.
Aujourd’hui, après dix ans de tractations, un projet privé d’hébergement insolite est en train d’aboutir. Il s’agit de huit cabanes dans les arbres. Le chantier devrait débuter cette année encore, avec une ouverture prévue en 2023. La commune compte déjà une réalisation originale, avec un camping composé de cabanes en bois qui a beaucoup de succès. Une maison à structure de bottes de paille, destinée à nos hôtes, a été bâtie à Nax, ce qui nous a valu l’intérêt des médias. L’hébergement insolite peut être un axe de développement pour le tourisme de Mont-Noble.

– Quelle est la politique de la commune en matière de développement durable?
– Nous avons toujours été conscients que notre force réside dans la préservation du patrimoine, depuis longtemps notre priorité. Mont-Noble possède de nombreux bâtiments anciens, rénovés en conservant la typologie extérieure. Par ailleurs, nous favorisons la pose de panneaux solaires et avons installé dans notre centre alpin un chauffage à distance utilisant des pellets, dont bénéficient aussi les logements avoisinants. Notre commune est certifiée «Cité de l’énergie». Par l’intermédiaire de notre Office du tourisme, nous mettons à disposition des vélos électriques et une voiture électrique. Dans chaque village se trouvent des bornes de recharge, pour voiture et vélo.

propos recueillis pAR Virginia Aubert