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Eléctions

Elections Fédérales du 22 Octobre 2023

6 Sep 2023 | Articles de Une

L’ex-maire vise le National

Sami Kanaan (PS/GE): «Mes priorités: le coût de la vie, l’emploi, les transports, l’Europe…»

Conseiller administratif depuis 2011 et trois fois maire de Genève, Sami Kanaan se présente pour la première fois en candidat sur la liste du Parti socialiste pour le Conseil National.

Sami Kanaan: «On va manquer cruellement de forces de travail. Je pense que c’est l’un des enjeux les plus importants pour l’avenir de notre pays».

– Pourquoi êtes-vous candidat au National?
– J’ai toujours eu une passion pour la politique fédérale, car c’est quand même à Berne que se dessinent les grandes lois qui gouvernent notre pays. Quand on parle de l’assurance maladie, du droit du bail, de l’assurance chômage, de nos relations avec l’Europe, c’est là-bas que ça se passe et j’y apporterai notamment douze années d’expérience à la tête de la seconde ville de Suisse. En outre, à moitié suisse alémanique, par ma mère, je parle schwyzertütsch et je trouve important que Genève, canton parfois perçu comme un peu périphérique, soit représenté efficacement sous la Coupole.

– Quels sont les principaux thèmes qui vous tiennent à cœur?
– J’ai la chance d’être très polyvalent. Il y a des enjeux de base comme l’assurance maladie, l’assurance chômage, les retraites, le numérique… J’ai été aussi très actif dans la politique des transports, j’ai co-fondé le Comité genevois pour le Ceva (devenu le Léman Express), dans lequel on trouvait d’ailleurs votre rédacteur en chef Thierry Oppikofer! Mais on voit aujourd’hui les problèmes qui se posent au niveau des CFF avec tous les retards d’investissement: les horaires dégradés, les pannes, le retard énorme du chantier de la gare de Lausanne et le même risque pour celle de Genève. Il y a eu un retard dans le degré de priorité accordé aux enjeux de l’Arc lémanique par rapport à d’autres cantons qui ont été plus malins ou plus assidus dans leur lobbying, par exemple Berne, Zurich ou Bâle.

– D’autres priorités?
– Je travaille aussi sur les questions d’emploi, parce qu’on sait qu’il y des générations entières de salariés et de salariées qui vont partir à la retraite dans de nombreuses branches comme la santé, le social ou même l’informatique. On va manquer cruellement de forces de travail. Je pense que c’est l’un des enjeux les plus importants pour l’avenir de notre pays. On a besoin de gens qualifiés et motivés pour notre économie, même si certaines forces comme l’UDC n’arrêtent pas de diaboliser l’immigration et de peindre le diable sur la muraille. Qui va s’occuper de nos personnes âgées? Qui va apporter les compétences nécessaires à nos entreprises et nos usines? Il faut une approche plus rationnelle et constructive sur les questions migratoires. Donc ce sont aussi nos relations avec l’Europe qui sont en jeu. Nous devons trouver un accord raisonnable avec l’UE. Je vois par exemple à quel point nos Hautes Ecoles sont coupées des accords de recherche, pénalisant la relève. La Suisse ne peut pas être isolée.

– Mais quel accord trouver?
– Il faut bien sûr éviter qu’il y ait une concurrence salariale déloyale en Suisse, mais on peut trouver un accord institutionnel qui soit mutuellement bénéficiaire. Le Conseil fédéral a malheureusement décidé de se retirer de l’accord tel qu’il était esquissé alors que, d’après de nombreux échos, on était assez près du but. Même si la Suisse n’est pas encore mûre pour l’adhésion, on ne peut tout de même pas ignorer l’Union européenne qui nous entoure et reste nécessairement notre premier partenaire.

– Vous avez fait toute votre carrière politique à Genève où vous êtes conseiller administratif depuis 2011. Comment envisagez-vous un éloignement de Genève?
– Les élus fédéraux restent très ancrés dans leur canton. Entre les sessions plénières, on revient à domicile. Comme le Conseil National n’est pas une charge à plein temps, je pourrai continuer de m’engager dans des projets et des activités à Genève. Ce serait une nouvelle phase pour moi même si, comme étudiant et au début de mon parcours professionnel, j’étais très actif au niveau suisse à Berne ou Zurich. Aujourd’hui encore, je suis président de la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse et je vais régulièrement à Berne pour l’Union des villes suisses et le Dialogue culturel national. Je reviens d’ailleurs de la Journée des villes suisses à Aarau.

– Si vous êtes élu, allez-vous rester au Conseil administratif?
– Mon mandat actuel se termine en 2025, c’est mon troisième mandat et je vais arrêter quoi qu’il advienne. Si je suis élu, cela accélérera juste un peu les choses. Les règles de mon parti ne permettent pas le cumul, mais même si mon parti m’autorisait à faire un double mandat, je dirais «non» parce qu’il faut laisser la place à d’autres. Donc je démissionnerais pour le début de l’année prochaine. Ce qui veut dire qu’il y aurait une élection partielle en Ville de Genève.

– Passer de l’Exécutif au Législatif, c’est aussi un exercice politique…
– Oui, je passerais des problèmes très concrets au débat des idées et des lois. Je trouve cela passionnant. Ça fait plus de douze ans que je suis à l’Exécutif, j’ai eu l’occasion et le plaisir d’être sur le terrain et dans l’action concrète. C’est un changement de rôle qui m’intéresse, même si, parfois, je regretterai sûrement le terrain. Je me réjouis aussi de participer à de grands débats, par exemple sur la manière de répondre à la crise climatique, l’approvisionnement énergétique, le numérique, l’inflation et la cherté de la vie.

– A combien évaluez-vous vos chances d’être élu?
– C’est difficile à dire. Il y a nombre de listes à Genève, avec des candidatures solides. Les quatre listes de droite, qui n’ont rien en commun sur le plan des valeurs, sont alliées, mais nous sommes heureusement alliés avec les Verts et la gauche de la gauche. Disons que mes chances d’être élu sont de 50%!

 

Propos recueillis par Robert Habel

Conseil National

Jean-Luc Addor (UDC/VS):
«Nous sommes aux limites du Parlement de milice»

Représentant depuis 2015 une droite valaisanne assumée, l’avocat Jean-Luc Addor brigue une réélection et n’a rien perdu de son énergie à défendre des idées conservatrices.

Jean-Luc Addor: «Après huit ans de Conseil National, je pense pouvoir mettre une expérience utile au service du Valais et de la Suisse».

– Vous siégez au Conseil National depuis 2015. Votre enthousiasme est-il toujours aussi fort?
– Evidemment! Car la tâche est passionnante. Et immense aussi. La Suisse va mal. Elle fait face à des tentatives de déconstruction sur les fronts les plus divers: de la neutralité au langage (avec le langage épicène) en passant par la famille (pressions du lobby LGBTQ+++) et par l’appel presque général à l’immigration plutôt que de miser sur la formation des Suisses, sans parler de l’invasion migratoire que notre pays subit passivement comme presque tous les pays d’Europe. Après huit ans de Conseil National, avec les réseaux que j’ai pu me constituer à Berne et ailleurs, je pense pouvoir mettre une expérience utile au service du Valais et de la Suisse.

– Quelles seront vos priorités lors de la prochaine législature?
– D’abord, défendre le pouvoir d’achat des gens qui travaillent dans ce pays, ainsi que des retraités (en agissant notamment sur les coûts de l’énergie et sur les primes d’assurance maladie).
Ensuite, stopper la surpopulation, dont l’immigration est la cause unique. C’est ça, l’écologie: stopper la pression toujours croissante sur notre territoire, nos infrastructures, la demande en énergies ou encore en prestations sociales et de santé, facteur décisif dans la hausse des prix des terrains et des loyers.
Enfin, restaurer la neutralité et l’indépendance de la Suisse face à l’OTAN, donc aux USA.

– Vous êtes très attaché à l’indépendance de la Suisse et à l’armée de milice. Estimez-vous que les choix diplomatiques du Conseil fédéral, notamment dans le cadre du conflit en Ukraine, ont été dommageables pour la neutralité?
– C’est peu dire! En réalité, en s’alignant servilement sur les sanction décidées par d’autres dans cette guerre certes proche de nous, mais qui n’est pas la nôtre, par l’otanisation rampante de notre politique de sécurité, le Conseil fédéral a ruiné la crédibilité de notre neutralité. Celle-ci n’est bientôt plus, dans sa bouche, qu’un mot auquel la Russie, au premier chef, a cessé de croire depuis le début du conflit.

– Quelle stratégie notre pays devrait-il suivre à votre avis, pour assurer au mieux son rôle international, la protection de la population et la défense de ses intérêts?
– En lien avec la guerre en Ukraine, la Suisse doit redevenir capable de parler à tous les protagonistes sans apparaître comme partie à une guerre qui n’est pas la nôtre (elle ne profite qu’aux USA, qui vendent leur gaz de schiste et font tourner leurs usines d’armement en divisant l’Europe de la Russie et plus encore à la Chine, qui reste habilement à l’écart en poursuivant sa progression silencieuse visant à s’assurer le contrôle d’entreprises, d’infrastructures et de pays clefs). En mettant à disposition ses diplomates, ses bons offices et la Genève internationale, elle doit redevenir ce pays qui se met au service de la paix plutôt que de souffler avec Joe Biden sur les braises d’une guerre dont les pays européens sortiront plus affaiblis encore qu’ils ne le sont déjà.

– Au cours de ces années bernoises, avez-vous le sentiment que la tâche des élus s’est alourdie? En d’autres termes, peut-on facilement concilier une profession libérale comme la vôtre, un mandat fédéral et une vie de famille?
– La tâche s’est effectivement alourdie. Les parlementaires qui, comme moi, conservent une vraie activité professionnelle sont de plus en plus rares. Nous sommes aux limites du Parlement de milice. Des réflexions s’imposent pour donner aux parlementaires les moyens de s’assurer davantage l’appui de collaborateurs pour «régater» avec les professionnels de l’administration. Ainsi déchargés, nous ferons effectivement moins souffrir nos familles…

– L’UDC, votre parti, est le premier de Suisse. Quel type de relations préconisez-vous avec les autres partis de droite et du centre? Les alliances souvent fructueuses nouées dans divers cantons marquent-elles la fin d’un certain ostracisme de la part de partis de droite plus modérée?
– Après l’inévitable compétition des élections, je souhaite que les partis que l’on dit «bourgeois» recommencent à se parler plus, dans l’intérêt du Pays. Le succès de certaines alliances doit effectivement nous encourager dans cette voie.

– L’attachement des Suisses à la politique, à la défense nationale, à la neutralité, va-t-il décroissant selon vous?
– Je n’en suis pas sûr. Mais c’est un risque et un défi pour le monde politique. C’est tout particulièrement le cas, si l’on songe à la démocratie directe, si, trop souvent, comme il l’a fait avec l’immigration de masse ou encore avec l’expulsion des étrangers criminels, le Parlement ignore délibérément la volonté du peuple. Le danger, c’est de saper la confiance des citoyens dans cet outil unique au monde qu’est notre démocratie directe.

– Les mesures fédérales et cantonales visant à lutter contre le dérèglement climatique sont-elles à votre avis suffisantes, exagérées, insuffisantes?
– A l’évidence exagérées. La Stratégie énergétique 2050 a échoué. L’abandon annoncé du nucléaire est une catastrophe annoncée. A juste titre, avec l’UDC mais contre presque tout le monde politique, les Suisses ont refusé la loi CO2. Les perdants de cette votation, qui veulent garantir un approvisionnement en énergie sûr et à des prix abordables, doivent enfin cesser d’avoir peur de la gauche et des Verts et faire confiance à la majorité des citoyens qui les élisent. Ne rien faire n’est certes pas une option. Le défi, certes de taille, c’est d’encourager les citoyens, sans imposer ni taxer, à prendre des mesures réalistes et supportables financièrement.

– Quelles seraient les conditions idéales, à vos yeux, pour que la Suisse de 2050 soit prospère et heureuse?
– Restaurer notre neutralité, reprendre le contrôle de l’immigration, garantir un approvisionnement en énergie sûr et aussi autonome que possible (nucléaire, hydro-électricité) et laisser les gens et les entreprises travailler (c’est mon côté libéral), toutefois sans laisser personne au bord de la route parmi ceux qui travaillent ou les retraités (ça s’appelle la solidarité).

 

Propos recueillis par Vincent Naville

Cyril Aellen (PLR/GE):
«Mon rêve est de supprimer la valeur locative»

Député depuis plus de dix ans au Grand Conseil genevois – qui fut désigné comme primus inter pares, meilleur député par ses collègues – Cyril Aellen est un acteur central de la politique genevoise. Il est aujourd’hui candidat au Conseil National.

Cyril Aellen: «Je suis très attaché aux problématiques de pouvoir d’achat, de santé, d’assurance maladie, ou de niveau des retraites».

– Pourquoi êtes-vous candidat au Conseil National?
– Je suis investi en politique au niveau cantonal depuis de nombreuses années et aujourd’hui, j’ai envie de m’engager sur un certain nombre de thématiques un peu différentes, celles que l’on traite au niveau fédéral. Mon objectif étant tout simplement de relever un autre défi en faveur des Genevoises et des Genevois.

– Quels thèmes vous tiennent-ils à coeur?
– Il y en a plusieurs, à commencer par ceux qui sont liés à la préservation du pouvoir d’achat, mis à mal aujourd’hui, d’abord sur un plan fiscal et ensuite sur le montant des primes d’assurance maladie. C’est un problème important pour les citoyens de ce canton. J’ai beaucoup œuvré également sur des questions de prévoyance professionnelle sur le plan cantonal et je sais que les enjeux principaux en matière de retraite se jouent à Berne. Par conséquent c’est une thématique qui m’intéresse beaucoup et je pense que le PLR genevois a beaucoup à apporter sur ce thème.

– Vous voudriez faire à Berne ce que vous avez fait au niveau genevois, mais avec plus d’ampleur?
– Ce n’est pas une question d’ampleur; il s’agit plutôt d’être là où les choix politiques se font. Il est certain en revanche que l’on ne s’improvise pas conseiller national. J’ai été député à Genève pendant une décennie, j’ai été chef de groupe et j’ai su mener à bien des projets. Aujourd’hui, j’entends me fonder sur cette expérience.

– Quelle serait votre première intervention à Berne?
– Je vais d’abord écouter les autres, pour apprendre le plus vite possible et travailler les dossiers dont j’aurai la charge. Ma première intervention dépendra probablement de la commission dans laquelle j’aurai l’occasion de siéger.

– Quelle est celle dont vous rêvez? La commission juridique?
– Non, pas nécessairement. Je suis très attaché aux problématiques de pouvoir d’achat, de santé, d’assurance maladie, ou de niveau des retraites. Je suis aussi très intéressé par les thématiques concernant la propriété et le logement. Mon rêve serait par exemple de pouvoir contribuer à la suppression de la valeur locative à des conditions qui soient acceptables, en particulier avec le maintien des déductions fiscales liées à l’entretien des immeubles.

– C’est un problème clef pour tous les propriétaires.
– C’est en effet une préoccupation importante et un enjeu dont on sait déjà qu’il sera traité lors de la prochaine législature. Il est donc important d’avoir des élus qui veulent l’abolition de la valeur locative, mais ne veulent pas supprimer en même temps la déductibilité des frais d’entretien d’un immeuble, surtout dans un contexte où l’on doit faire des rénovations énergétiques pour protéger l’environnement. On ne peut pas se payer le luxe de décourager les gens d’entretenir leurs bâtiments ou de les assainir.

– Voilà deux ans, vous avez été candidat au Conseil d’Etat. Vous pensez que l’affaire Maudet a laissé des traces et qu’elle peut dissuader des électeurs du fondateur de LJS de voter pour vous?
– Pierre Maudet a été réélu au Conseil d’Etat au printemps dernier. Il a donc une légitimité populaire pleine et entière, indépendamment de son comportement passé pour lequel il a fait l’objet d’une condamnation. Je pense qu’on doit aller de l’avant et travailler avec lui chaque fois que l’intérêt du canton l’impose.

– Comment évaluez-vous vos chances d’être élu?
– C’est la question à laquelle il est difficile de répondre! Quand on s’engage en vue d’une élection, on a la conviction qu’on peut être élu et on fait tout pour l’être, Je vais faire preuve de la plus grande subjectivité et vous dire: je vais être élu!

 

PROPOS RECUEILLIS PAR ROBERT HABEL

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