Durabilité: Meyrin agit sur tous les fronts!

En introduction à la journée, Eric Cornuz, Conseiller administratif de la Ville de Meyrin, a relevé l’importance de la rénovation des bâtiments pour répondre aux objectifs énergétiques; en effet, 60% des émissions de CO2 du canton sont imputables au parc bâti. «En matière de politique énergétique, Meyrin a été pionnière, a-t-il rappelé. Très tôt, la commune a posé des jalons vers une Société à 2000 Watts et a obtenu sa première labellisation ‘Cité de l’énergie’ en 2002 déjà, confirmée en 2014 par le label ‘Cité de l’énergie Gold’. En 2011, elle s’équipait d’un Plan directeur des énergies, alors que la discipline de la planification énergétique territoriale n’en était qu’à ses débuts. En 2011 également, un Fonds communal énergie fut mis en place. En 2021, le Conseil municipal a voté la déclaration de l’urgence climatique et l’adoption de la Charte pour le climat et l’énergie des villes et communes». Ces fondements ont donné lieu, en 2022, au nouveau Plan directeur communal de l’énergie (PDE) 2020-2030. Les mesures nécessaires à l’atteinte des objectifs fixés sont désormais identifiées; parmi les plus importantes: l’isolation des bâtiments, le recours à l’énergie solaire et à la géothermie, le développement de réseaux de chaleur et l’utilisation plus rationnelle de l’énergie par des appareils et procédés efficaces.

Faciliter les projets de rénovation grâce à l’intercommunalité

Le programme Commune-Rénove s’adres-se aux propriétaires (institutionnels ou privés) et régisseurs qui souhaitent rénover leur(s) immeuble(s). Initié à Onex en 2016, ce dispositif est proposé par les communes genevoises de Lancy, Carouge, Grand-Saconnex, Meyrin, Vernier et Versoix, en collaboration avec le Département du territoire et SIG-éco21. «Nous bénéficions de l’expérience des autres Municipalités et parvenons à mutualiser nos coûts», s’enthousiasme Dario Poroli, chef de projet Energie à Meyrin.
Les six villes participantes représentent 30% de la population du canton. Quelque 120 projets de rénovation énergétique ont été traités, avec la collaboration d’une cinquantaine de propriétaires/régisseurs et d’une vingtaine d’experts. Les mesures déployées sont diverses et dépendent du niveau d’intervention souhaité. Chaque fois que cela s’avère judicieux, l’ambition du projet est augmentée, pour l’élever même au-delà des exigences légales. Pour Pierre Olivier, mandataire et concepteur de Commune-Rénove, le programme a pour but de «doper» le taux de rénovation à Genève, tout en améliorant la qualité des interventions.
La journée de travail à Meyrin s’est déroulée en deux étapes. Les ateliers de niveau 1 ont permis aux participants – propriétaires et régisseurs immobiliers – d’échanger avec les assistants à maîtrise d’ouvrage énergie (AMOén) pour se faire une première idée du potentiel de rénovation de leurs bâtiments. L’après-midi, consacré au niveau 2, a mis en présence les porteurs de projet et de nombreux experts tels qu’offices préaviseurs de l’Etat, architectes, ingénieurs, représentants de l’Hepia et de SIG (thermique, pompe à chaleur, photovoltaïque, durabilité, etc.).
Nouveauté à cette session: l’Office cantonal de l’agriculture et de la nature (OCAN) a pris part aux échanges. La forme de speed-dating adoptée – les experts passent tour à tour à chaque table-projet – a rencontré un franc succès. «Plus besoin de glaner les informations çà et là, elles sont disponibles en quelques heures seulement et dans un même lieu, s’exclame une participante. Nous avons pu anticiper les exigences et les attentes des services étatiques, trouvé des réponses à nos questions et affiné nos objectifs de rénovation». Un AMOén, attitré à chaque table, a assuré la cohérence et le suivi des discussions.
Les Meyrinois présents à la journée ont échangé sur leurs projets, parfois d’envergure: en effet, la commune compte encore de nombreux immeubles trop voraces en énergie, en particulier ceux de la Cité satellite datant des années 1960. «Il s’agit de ménager les ressources par le biais de la densification, de la rénovation et de la surélévation des bâtiments. Nous prônons aussi le réemploi des matériaux de construction dans les projets lorsque cela est possible», résume le Conseiller administratif de Meyrin.
En cas d’intérêt, les participants au programme Commune-Rénove ont la possibilité de bénéficier d’un suivi, par le biais de deux solutions complémentaires (subventionnées). La première consiste en une assistance à maîtrise d’ouvrage énergie (AMOén): un ingénieur assure l’intégration de la dimension énergétique dans les phases du processus et maximise l’atteinte des objectifs de performance énergétique fixés. La seconde solution est l’assistance à maîtrise d’usage (AMU), qui vise à faciliter la communication avec les locataires avant, pendant et après les travaux, tout en encourageant les bons comportements et écogestes.

Le Prix Wakker 2022 a distingué la Ville de Meyrin pour son urbanisme inventif et la qualité de ses aménagements extérieurs.

Pour une vision globale

Les rénovations énergétiques sont aussi l’occasion d’améliorer notre cadre de vie. Tel fut en substance le message apporté par les organisateurs de la journée. La Ville de Meyrin montre l’exemple en favorisant la nature sur son territoire: poumons de verdure, îlots de fraîcheur, infrastructures bleues et vertes, végétalisation de toitures, etc. Le Prix Wakker 2022 a d’ailleurs distingué cette commune pour son urbanisme inventif et la qualité de ses aménagements extérieurs. Afin d’inciter les particuliers, ainsi que les associations et les entreprises, à faire de même, la Municipalité meyrinoise a lancé en janvier 2022 un catalogue de subventions qui regroupe les thèmes de l’énergie, du climat et de la biodiversité.
Ce Fonds – qui vient s’ajouter aux financements du Canton ou de la Confédération – est destiné à des projets réalisés dans la commune (plafond maximal de CHF  50  000.- par projet). «Il nous semblait important d’étendre notre Fonds énergie – qui existait déjà – à d’autres paramètres comme la biodiversité et la mobilité, car notre environnement forme un tout qu’il est préjudiciable de fragmenter», souligne Eric Cornuz. Le catalogue est évolutif; d’autres aspects pourront être intégrés ou au contraire supprimés selon les besoins du moment.
En tant qu’invitée à la journée, la directrice de l’Association suisse pour des quartiers durables Sarah Schalles a exposé les grandes lignes de Seed next generation living. «La mission de la certification SEED est de réinventer l’habitat en concevant des quartiers durables et solidaires, axés sur le respect de l’environnement et le bien-être de ses habitants», a-t-elle relevé. En parallèle, une méthode – disponible librement – permet d’évaluer l’apport de la biodiversité. Cette démarche accompagne les projets immobiliers, quelle que soit leur taille, de la conception à l’exploitation. La valeur biologique des projets, leur impact sur la biodiversité et leur intégration dans le contexte sont calculés et suivis avec une grande rigueur, déterminant ceux d’entre eux qui sont les plus qualitatifs.
Enfin, les propriétaires ont tout avantage à mutualiser les interventions en agissant à la fois sur la rénovation thermique et acoustique des bâtiments. Alison Grimond-Teste, représentante de l’Aéroport international de Genève, a présenté le programme (2017-2027) d’insonorisation des logements exposés au bruit des avions. Lorsqu’un immeuble se situe dans une zone qui dépasse les valeurs réglementaires, le propriétaire a l’obligation de l’insonoriser et bénéficie d’un financement (sous certaines conditions). Depuis le début du programme en 2004, 3390 logements dans 495 bâtiments ont pu profiter de cette aide à la rénovation.
Grâce aux différents leviers existants – qu’ils soient d’ordre financier ou d’accompagnement/conseil – les contributions locales, même modestes, pourront avoir un effet significatif à l’échelle de notre planète!

Véronique Stein