Denis Dumartheray.

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Denis Dumartheray, Syndic de Gilly/VD et député au Grand Conseil vaudois

«Concilier développement et qualité de vie»

11 Mai 2022 | Articles de Une

Pour Denis Dumartheray, Syndic depuis 2006 et qui siège à la Municipalité depuis 1998, la commune de Gilly a réussi le défi de se développer tout en conservant sa qualité de vie.

– Comment se présente aujourd’hui la commune de Gilly?
La commune a beaucoup grandi ces neuf dernières années, avec une augmentation de la population de 50%. Nous sommes passés de 1000 à 1500 habitants. Cette hausse importante correspondait à la période d’application de la Loi sur l’aménagement du territoire (LAT) dans le canton de Vaud. Des communes comme Gilly disposaient alors de plusieurs terrains non construits. Face à ce développement, la commune a réagi avec la création d’une zone réservée en 2018 sur l’ensemble du territoire communal. Aujourd’hui, Gilly a terminé son développement et l’élaboration de son PaCom (plan d’affectation communal) devrait permettre une entrée en vigueur en 2022 pour les quinze prochaines années. Avec 1500 habitants, la commune a atteint le chiffre idéal.

– Quelles ont été les principales difficultés?
– Les infrastructures. Il a fallu les développer en même temps que la commune grandissait. Elles ont heureusement réussi à suivre! Nous avons dû renforcer les transports publics nous reliant à Gland et à Rolle, avec le soutien de Région de Nyon, et surtout construire, il y a trois ans, une nouvelle école avec dix classes en collaboration avec ENJEU, association scolaire de la région rolloise.
Nous avons aussi développé des synergies, parfois déjà existantes, avec d’autres communes, notamment pour le secteur scolaire (ENJEU), la distribution de l’eau, les déchets, l’Association intercommunale pour l’épuration des eaux usées de la Côte (STEP) qui regroupe 21 communes. Nous travaillons aussi avec la sécurité publique de Rolle. Pour les petites communes, l’avenir passe vraiment par des collaborations.

– Ces aménagements ont-ils mis les finances de la commune sous pression?
– La pression sur les communes vient surtout du Canton de Vaud, avec d’importantes factures pour la sécurité et le social. Concernant le développement de Gilly, l’augmentation des habitants a généré du travail et de nouvelles rentrées d’impôts. Nous avons réussi à mener nos projets en gardant un taux d’imposition dans la moyenne des communes vaudoises.

– La commune dispose d’un environnement exceptionnel, avec ses champs, ses forêts et ses vignes au cœur du vignoble de la Côte. Comment avez-vous pu intégrer les différents projets immobiliers?
– Dès le début, le choix a été fait de créer des zones près du centre du village et de ne pas disperser les constructions. L’objectif était de conserver le style du village et d’intégrer harmonieusement les nouveaux immeubles.

– Quelle a été l’évolution des prix de l’immobilier ces dernières années?
– Comme toutes les communes de La Côte, nous avons enregistré une hausse des prix du foncier. Celle-ci s’est un peu accentuée à l’approche de la fin du développement de Gilly. La présence d’une école internationale à Etoy a aussi eu un impact sur les prix, plusieurs parents d’élèves ayant fait le choix de s’installer à proximité.
Actuellement, il est difficile pour un jeune de la commune de loger à Gilly, car les prix des appartements y sont élevés, comme dans tout l’Arc lémanique. Il faut compter entre 2800 et 3000 francs pour un quatre-pièces et plus de 3000 francs pour 4,5 pièces de 100 m2 à 120 m2 avec deux parkings. Nous sommes bien conscients de ce problème et nous offrons une dizaine d’appartements pour les jeunes de la commune à un niveau de loyer raisonnable.

Avec une vue superbe sur le lac!

– La population a-t-elle changé avec le développement de la commune?
– Nous avons toujours eu une population mixte et l’arrivée de nouveaux habitants n’a pas été ressentie comme une charge, mais comme quelque chose de positif. Nous le voyons notamment au Conseil communal, où ils apportent une nouvelle vision. C’est très enrichissant.Mais il faut s’adapter. Dans les couples de nouveaux habitants, les deux parents travaillent, alors qu’ici, avec une forte proportion d’agriculteurs et de vignerons, la femme travaille souvent au domaine. Jusqu’à présent, il n’y avait donc pas besoin de crèche, par exemple.
La pandémie nous a empêchés de faire la promotion des activités de la commune, importantes pour l’intégration des nouveaux habitants. Nous avons plus d’une dizaine d’associations locales, aussi bien sportives que culturelles. L’accueil de cette nouvelle population s’est faite naturellement, grâce à la convivialité des communiers. Les vignerons, avec leurs caves ouvertes, permettent aussi de se rencontrer, de tisser des liens.
Par ailleurs, Gilly a la chance d’être épargnée par le trafic pendulaire car, dans les années 40, la commune avait participé avec d’autres à un projet d’évitement. Aujourd’hui, le trafic de transit est très raisonnable.

– La commune comprend 132 hectares de vignes et 240 hectares de forêts. Dans un tel contexte, la durabilité est une question essentielle…
– Effectivement, nous allons devoir mettre en place un agenda, mais nous travaillons depuis longtemps sur ce sujet. Tous les bâtiments communaux, par exemple, sont désormais chauffés au bois. Le nouveau bâtiment scolaire a été construit en bois suisse. La plupart des vignerons sont maintenant en bio ou en cours de reconversion, la biodynamie et autres modes de cultures respectueux de l’environnement deviennent habituels pour les autres.
Les mentalités ont beaucoup évolué ces dernières années. Depuis deux ans, nous avons aussi adapté et baissé la puissance de l’éclairage la nuit et nous envisageons d’aller encore plus loin avec un projet d’extinction des réverbères entre 23 heures et 6 heures du matin. Nous allons lancer très prochainement une étude dans toute la commune et nous ferons des propositions en fonction de la situation de chaque quartier.
Nous travaillons aussi avec le réseau écologique cantonal sur des projets de plantation d’arbres fruitiers et de corridors écologiques pour les animaux.

 

Virginia Aubert

La Fête des maires, c’est toute l’année!

 

Blottie entre lac et montagnes, la commune vaudoise de Gilly s’étend au cœur du vignoble de la Côte. Située dans le district de Nyon, elle a connu une importante augmentation de sa population, qui a notamment nécessité la création de nouvelles infrastructures.