Clarté, Claudio Merlini, 2011.

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Patrimoine - Héritage de Le Corbusier

Cet été, Genève rend hommage à l’immeuble Clarté

3 Juil 2024 | Articles de Une

Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, l’immeuble Clarté (1930-1932), seul bâtiment genevois construit par Le Corbusier et Pierre Jeanneret, se dévoile en images à la Bibliothèque de Genève. Une exposition estivale passionnante.

Clarté, Frank-Henri Jullien, 1934.

Le Corbusier avait très vite compris le pouvoir de l’image, vitrine pour ses constructions et instrument promotionnel. C’est ainsi que le Corridor des coups d’œil de la Bibliothèque de Genève expose une série de photographies sur l’histoire de l’immeuble Clarté, dans le quartier genevois de Villereuse, qu’elle a puisé dans ses fonds. Aux clichés du genevois Frank-Henri Jullien, pris pendant les travaux de construction, s’ajoutent les mises en évidence des aménagements intérieurs, de la transparence et de la lumière vues par son compatriote Paul Boissonnas.
Issue du concept de l’immeuble-villas développé par Le Corbusier depuis les années 1920, cette superposition de maisons construites en série livre en noir et blanc ses grands principes innovants, le toit-terrasse, le plan libre, la façade libre et les longues fenêtres en bandeau. La disposition décalée des galeries sur les deux façades entièrement vitrées permettait aux duplex traversants de bénéficier d’un balcon à chaque étage. En cette période d’effervescence architecturale et d’innovation technique, de nouvelles solutions constructives ont été expérimentées. L’édifice Clarté a été conçu sur mandat de l’entrepreneur Edmond Wanner. Il en réalisa l’ossature métallique assemblée sans boulons ni rivets, grâce à un procédé de soudage à l’arc électrique. Ce prototype de la préfabrication du logement moderne de standing forme la seule expression genevoise tangible de Le Corbusier, qui partage avec son cousin son bureau parisien et dont les projets du Palais des Nations et de l’aménagement cantonal passèrent à la trappe.

Un navire échoué

Dans les années 1970, l’immeuble a été plusieurs fois menacé de démolition pour des raisons spéculatives, soutenues par l’impopularité de l’urbanisation moderne de l’Entre-deux-guerres.
Racheté successivement par la Fédération suisse des architectes (FSA) en 1968, puis par deux architectes soutenus par les banques sept ans plus tard, sa restauration en 1975-1977 est photographiée par Olivier John, qui documente la mutation de la ville de Genève et met en évidence les particularités du vieux triangle de Villereuse. Composé de multiples strates historiques et de petits bâtiments à échelle humaine, il continuera de résister grâce aux défenseurs d’un passé à conserver.
En 2007, la barre est un navire échoué, une carcasse de béton et de verre. Après une longue campagne de travaux achevée en 2010, la «maison de verre» qui a recouvré sa transparence, sa palette chromatique originelle et sa légèreté, retrouve sa place dans la cité. Le photographe Claude Merlini a suivi la réhabilitation de l’ensemble, en couleur cette fois. Inscrite au Registre des monuments historiques du canton de Genève en 1986, la barre de huit étages entre dans la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 2016. Proposées par Nicolas Schaetti, les photos exposées révèlent la trajectoire mouvementée de l’ouvrage virtuose à travers de réelles qualités plastiques.

 

Viviane Scaramiglia

Clarté. Toit-terrasse, Paul Boissonnas, 1932.
Exposition à la BGE.

Exposition «Clarté, clarté, clarté»
Bibliothèque de Genève
Promenade des Bastions 8
Jusqu’au 14 septembre
Entrée gratuite.

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