Cent soixante ans et un spa

C’est un hôtel qui raconte l’histoire. Celle de Genève, dont le visage se transforme dans la seconde moitié du XIXe siècle, et celle du monde. «L’hôtel a été construit en 1865, explique Antoni von Planta, directeur général du Ritz-Carlton Hôtel de la Paix. C’est l’époque où Genève se déployait à partir de la Vieille Ville en direction des quais, où se trouvaient les débarcadères pour les bateaux qui amenaient les marchandises par le lac. La construction de la gare en 1858 accélère le développement du tourisme. Genève était notamment sur le parcours des architectes anglais qui allaient en Suisse, dans les montagnes ou les Alpes, ou plus au sud, vers Rome ou l’Italie en général. La gare Cornavin était la fin de la liaison Paris-Lyon-Genève. Il a fallu construire des hôtels de luxe pour accueillir cette clientèle privilégiée».
Quant au nom de l’hôtel, il traduit une préoccupation principale du siècle, le besoin de paix, qui avait, par ailleurs, incité en 1830 Victor Hugo et Alphonse de Lamartine à adhérer à la Société de la paix. Durant ses 160 ans d’existence, l’hôtel, où s’est notamment tenu en 1872 le grand dîner suite à la fin du conflit opposant, après la Guerre de Sécession, les Etats-Unis et le Royaume-Uni au sujet du navire Alabama, a accueilli de nombreuses personnalités parmi lesquelles Grace Kelly, une habituée du lieu.
Le palace genevois de style Renaissance italienne de la fin du XIXe siècle, avec son lobby au sol en damier noir et blanc et son monumental lustre en cristal remis au goût du jour et orné de cercles dorés, s’adapte une fois encore à son époque avec la création de son spa. «Jusqu’à présent, en raison de la taille de l’hôtel qui ne compte que 74 chambres et suites, nous n’avions pas d’espace bien-être, précise Antoni von Planta. Mais aujourd’hui, un spa est devenu obligatoire pour répondre à la demande de notre clientèle, internationale mais aussi locale».

Le spa. Un voyage émotionnel et sensoriel.

Clin d’œil au cosmos

Le Ritz-Carlton Hôtel de la Paix, qui s’est associé à la marque suisse de cosmétiques très pointus «La Vallée Spa», a confié la décoration de son espace bien-être au studio de design intérieur français Luxoria. «Le thème du cosmos, souligne Antoni von Planta, est venu de la volonté de trouver cette connexion entre un voyage sensoriel, émotionnel, et la relaxation, tout en mettant en avant le côté scientifique et technologique des soins. Le cosmos, lié à la nature, à la science, à l’univers, nous a inspirés».
Le décor du spa avec ses trois suites à l’atmosphère feutrée, qui constituent de véritables cocons de sérénité, se décline dans une palette subtile de beiges, allant du clair à des teintes délicates s’approchant du doré. Le papier peint avec un léger relief rappelle la notion de voyage, affichant un motif composé de lignes courbes sur lesquelles le regard s’attarde, favorisant l’évasion de l’esprit.
«Le chantier s’est très bien déroulé, malgré les difficultés liées au fait que l’hôtel restait ouvert. Le spa étant aménagé dans notre ancien fitness qui donnait à l’arrière du bâtiment, nous avons pu monter un échafaudage et l’accès s’est donc fait par l’extérieur». L’occasion aussi pour le directeur de l’hôtel de souligner le professionnalisme des entreprises locales qui ont participé au chantier.

Virginia Aubert