La fête des maires - Vincent Hornung, maire de Céligny
«Céligny est un petit bijou»
Formée de deux enclaves genevoises en terre vaudoise, la commune de Céligny a su conserver son charme malgré une hausse de population qui atteint aujourd’hui 870 résidents. Son maire, Vincent Hornung, revient sur la législature qui s’achève et les défis des années à venir, notamment en matière de logement.
– Comment s’est passée la législature qui s’achève?
– Elle a été un peu compliquée d’abord parce qu’elle a commencé avec la Covid, ensuite parce que nous avons eu des changements dans l’organisation du Conseil municipal. La particularité de Céligny était son système avec neuf conseillers municipaux et trois membres de l’Exécutif comme dans les petites communes. Mais à partir de 2020, nous avons dû passer à treize conseillers municipaux et trois exécutifs lors des conseils municipaux. Cette évolution, ajoutée à la pandémie, a fait qu’il était un peu plus compliqué de faire passer des projets. De plus, nous avons eu un membre de l’Exécutif qui a donné sa démission après trois ans et qu’il a fallu remplacer. Ce fut un peu les montagnes russes, mais nous avons tout de même réussi à faire avancer des dossiers.
– Notamment en lien avec l’immobilier…
– En effet. En 2016, nous avons construit quatre immeubles et adopté un PLQ pour en bâtir sept au total. Nous avons proposé de créer les trois restants pour stabiliser nos finances car, comme dans d’autres communes genevoises, peu d’habitants – en fait trois – qui contribuent pour 30% à nos revenus fiscaux. Nous sommes donc obligés d’avoir des revenus financiers stables. Malheureusement, le projet a été combattu par un référendum. Certains habitants ont évoqué une mauvaise rentabilité des immeubles déjà bâtis, mais un audit externe a démontré que ce n’était pas le cas et que la location des appartements constituait des rentrées financières intéressantes pour la commune.
Ce refus de nouveaux immeubles s’explique aussi par la volonté de certains habitants de ne pas voir augmenter la population qui est aujourd’hui de 870 résidents – ce qui est déjà beaucoup dans un village. Ces nouveaux immeubles auraient engendré l’arrivée de 130 personnes. Des quatre immeubles, deux sont des locatifs et deux des PPE en zone de développement. Les propriétaires PPE n’avaient pas forcément envie de voir construire trois nouveaux immeubles devant chez eux.
– Le projet est-il définitivement abandonné?
– Non, car le PLQ qui nous oblige à réaliser ces trois immeubles. A un moment donné, l’Etat de Genève va réclamer la mise en chantier, surtout dans le contexte actuel de densification. Ce sera très probablement l’un des dossiers de la prochaine législature.
Céligny est un vrai bijou architectural, protégé. Par la force des choses, nous ne pouvons pas grandir davantage et atteindre les 3000 habitants comme les communes avoisinantes vaudoises de Founex et de Coppet. Nous comptons 85% de terres agricoles et de zone forêt, de grands ensembles d’habitation sont exclus et ces trois immeubles sont les seuls que nous puissions construire. Le rôle de l’Exécutif est de faire comprendre à la population que l’immobilisme n’est pas une solution.
– Qu’en est-il des jeunes et des seniors célignotes? Peuvent-ils se loger dans la commune?
– C’est justement un problème. Ces nouveaux immeubles permettraient d’accueillir des jeunes et des personnes âgées. D’autant plus que les habitants se plaisent beaucoup à Céligny et qu’il y a très peu de rotation. Le seul moyen d’accueillir les jeunes et de répondre aux besoins des seniors est de construire de nouveaux logements. Par ailleurs, sur le plan économique, la Commune a investi deux millions pour l’achat d’un terrain… qui aujourd’hui ne rapporte rien. L’objectif de ce PLQ avec sept immeubles était aussi de conserver une école à Céligny, en attirant des familles. A une époque, nous sommes passés de classes à deux niveaux à trois niveaux, tellement il y avait peu d’enfants. Le Département d’instruction publique nous a alors informés que certaines classes passeraient à Versoix, car nous ne pouvons pas gérer une école avec 50 enfants. Nous avons donc construit les premiers immeubles , ce qui nous a permis d’accueillir de nouveaux enfants et de garder notre école. Au cours des années, nous avons déjà perdu la gare, l’épicerie et la poste!
– Céligny posrte depuis quelques semaines le titre de Cité de l’énergie. Etait-ce un objectif de cette législature?
– C’est le résultat de plusieurs législatures et d’un travail constant et acharné pour la protection de l’environnement. Avant d’être maire, j’étais adjoint et je me suis occupé pendant 13 ans des bâtiments communaux. J’ai ainsi réussi à remplacer les chaudières à mazout par des modèles à pellet ou à plaquette. Nous avons aussi réalisé trois chauffages à distance dont le dernier s’est fait au début de cette législature.
Et, une spécificité de Céligny, j’ai approché les SIG pour qu’ils nous aident à mettre des panneaux solaires sur nos toits communaux. Selon les SIG, nous sommes la première commune à avoir fait cette démarche auprès d’eux et il semble qu’ils travaillent maintenant avec d’autres communes dans ce sens, ce qui était un peu le but.
Ce n’était pas facile car Céligny est sur l’Inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger en Suisse (ISOS). Nous avons déposé, il y a trois ans, un projet au Conseil municipal pour indiquer les toits que nous aimerions couvrir jusqu’en 2030. Nous avons commencé et nous avançons doucement. C’est un projet challenging qui va dans le sens du label Cité de l’énergie.
Nous sommes aussi passés aux LED pour les luminaires dont nous réduisons déjà la luminosité de 50% la nuit et mis en place des subventions, par exemple, pour l’achat d’un vélo électrique. Tous nos véhicules communaux ainsi que les outils comme les souffleuses à feuilles sont maintenant électriques.
Nous avons aussi identifié un îlot de chaleur avec le préau de l’école et nous avons un projet qui permettra aux enfants d’être à l’abri en cas de grosses chaleurs, mais aussi d’intempéries. Nous voulons aussi replanter des arbres.
Je m’engage aussi pour rendre les bureaux de la mairie au deuxième étage accessibles à tous grâce à l’installation d’un ascenseur. Ce sera aussi l’occasion de mettre quelques panneaux solaires sur le toit.
– Quelle est la situation en matière de mobilité ?
– Nous sommes épargnés par le trafic des pendulaires. Mais nous avons installé des zones 30 dans le centre du village où nous avons une place pour Mobility et nous sommes en train de créer six places pour les véhicules électriques.
La mobilité est difficile pour les enfants. S’ils veulent aller au collège, ils doivent prendre le bus jusqu’à Coppet ensuite le train jusqu’à Cornavin et ensuite encore un bus, soit entre trois quarts d’heure et une heure et quart de trajet, suivant les destinations. Pour ceux quoi vont au cycle à Versoix, ils doivent prendre le bus et le train. Ce n’est pas évident pour des enfants de 12 ans.
La commune a décidé de financer un bus qui va chercher les enfants entre midi et deux pour éviter qu’ils restent dans les parages du cycle.