Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau
Avec le temps…
Dès qu’une idée prend le
pouvoir, quelque bonne
soit-elle, elle finit par faire
des opprimés et même
des morts.
Cette histoire date du début des années 1950, dans une Hongrie déjà gangrénée à mort par le stalinisme. Les dirigeants d’alors décidèrent de planter des orangers sur les rives du lac Balaton, au climat rude en hiver. L’agronome chargé de l’entreprise avertit tout le monde qu’il y gèle et qu’aucun oranger ne pourra y pousser. Néanmoins, il doit obéir et il fait planter des milliers d’arbres. Les orangers gèlent et l’agronome est condamné pour sabotage. Dès le début, le Politbureau avait remarqué sa mauvaise volonté!
Des histoires comme celle-ci, il en existe à foison dans les pays communistes et je ne suis pas certain que ces temps héroïques soient terminés. Lorsque la réalité contredit l’idéologie, c’est toujours l’idéologie qui prime; pas besoin d’aller si loin pour vérifier comment l’illogisme a gagné du terrain. «Arrêtez de raisonner; la logique, c’est raciste», pouvait-on lire sur les murs de l’Université d’Evergreen, dans l’Etat de Washington, connue aussi pour sa sotte «discrimination positive». Au Planning familial, une affiche de 2022 disait: «Au Planning, on sait que les hommes aussi peuvent être enceints».
Mais qu’est-ce qui a bien pu se passer pour qu’une juste doctrine égalitaire, pour qu’une intention généreuse qui tendait à libérer les êtres humains ait pu aboutir à la dictature? Pour ainsi détruire le pluralisme au lieu de l’accroître? Ces idéologies sont financées par nous; elles ont cours dans les plus hautes instances de nos démocraties, au Conseil de l’Europe, dans les Universités, dans les médias, dans les Parlements, dans les multinationales. Or il faut aimer les idées tant qu’elles n’ont pas le pouvoir. Dès qu’une idée prend le pouvoir, quelque bonne soit-elle, elle finit par faire des opprimés et même des morts, voilà la vérité.
L’opinion dominante toute-puissante conduit à menacer les contradicteurs, à les discréditer, à déposer plainte, à les traîner en justice, et nombreux sont ceux qui peinent à remonter en surface de ce monde de cinglés. «Avec le temps, va, tout s’en va». Merci Ferré!