Raoul Florez.

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Raoul Florez, Maire de Soral

«Au Cœur du village», projet d’envergure

12 Oct 2022 | Articles de Une

– La population de Soral a beaucoup augmenté ces dernières années. Comment vit-on une telle évolution?
– Effectivement, au cours des cinq dernières années, le nombre d’habitants est passé d’environ 600 à près de 1000, ce qui représente une augmentation importante pour un village comme le nôtre. Cette nouvelle population étant essentiellement composée de jeunes familles, la question de l’école s’est très vite posée. Depuis toujours, Soral partage l’école avec Laconnex: les enfants suivent l’école à Soral jusqu’en quatrième primaire et continuent ensuite à Laconnex. La nécessité d’agrandir l’école située dans son bâtiment historique a donné lieu au projet «Au cœur du village», le plus important que la commune ait jamais lancé.
Dès 2016, en prévision du fait que l’école devienne trop petite, les autorités communales ont commencé à réfléchir à son agrandissement. L’idée était de construire un bâtiment avec de nouvelles classes et des cuisines scolaires sur la parcelle communale à proximité de l’école.
Ce projet avait le désavantage de s’accompagner d’une servitude qui posait problème à la paroisse. Mais le projet lui plaisait et c’est le Conseil paroissial qui a manifesté son intérêt pour que l’ouvrage puisse être plus grand: c’est ainsi que l’idée de construire sur l’actuel terrain de la cure a pris forme.
Le modeste projet du début s’est transformé en un programme beaucoup plus important, avec deux bâtiments, deux grandes classes, des salles polyvalentes, des cuisines scolaires, un jardin d’enfants, une salle de repos pour les plus petits et même une salle de musique pour les élèves de l’Ecole des musiques actuelles (ETM), qui a une annexe à Soral. Il a été également prévu une arcade pour un commerce de proximité.

– Comment le projet est-il accepté par la population?
– Très bien, car il répond à de vrais besoins, mais il va aussi redessiner complètement le village, avec la création de deux vraies places, dont l’une réaménageant de façon plus accueillante le parvis de l’église.

– Quel est le coût du projet?
– Il s’élève à environ 12 millions de francs, mais la commune peut se le permettre sereinement. En effet, non seulement Soral bénéficie actuellement d’une bonne trésorerie, mais nous commençons aussi à ressentir l’arrivée de nouveaux contribuables. Le projet a été déposé en juin auprès des autorités cantonales et les premiers retours sont positifs. Les travaux pourraient débuter à l’été ou à l’automne prochain.

– La commune a aussi le projet d’un parking souterrain à l’entrée du village.
– Ce parking doit permettre de retirer les voitures du village pour en sécuriser ses rues étroites; c’est un besoin de la population devenu plus criant ces dernières années avec l’accroissement du trafic. L’objectif est d’intégrer aussi les véhicules du personnel de l’EMS «La Champagne». En effet, l’établissement souhaitant s’agrandir et nécessitant pour cela une dérogation de la commune, cette dernière lui a proposé un partenariat qui l’engagerait à louer une vingtaine de places par an dans le futur parking souterrain.
Le parking sera situé à une centaine de mètres du cœur du village, ce qui lui donne aussi tout son sens. En effet, le centre du village est appelé à devenir un lieu de vie, avec différents cours et réunions organisés dans les salles polyvalentes, ainsi que le futur commerce de proximité. Il faudra donc que les utilisateurs venant de l’extérieur du village puissent stationner facilement.
Avec l’augmentation de la population et la construction d’immeubles sans jardins potagers, la nécessité de commerces se fait sentir de plus en plus à Soral. La Fermette, une épicerie participative, a vu le jour pendant la pandémie, à l’initiative de plusieurs villageois. Elle fonctionne avec des bénévoles et vend des produits de la région. Le projet est encore soutenu financièrement par la commune, mais il se développe bien.

Les magnifiques paysages de Soral.
Le projet de réaménagement du centre du village.

IMAGE DE SYNTHÈSE : THOMAS SPONTI – ARCHITECTURE: COLLINFONTAINE ARCHITECTES

– Quasiment toutes les communes connaissent une densification. Qu’en est-il de Soral? Des projets immobiliers sont-ils encore à venir?
– Quelques petits projets privés sont à l’étude, mais la plus grande partie de ce qui pouvait être construit l’a été. Les projets ont essentiellement porté sur des logements en PPE et de petits immeubles locatifs. Il y a cinq ans, la commune a construit deux immeubles de quatorze appartements, destinés aux habitants de Soral ou à d’anciens habitants qui souhaitaient revenir. Leur réalisation s’est faite sur le terrain dit de la «Villa bleue», une villa rachetée par la commune, qui avait été peinte en bleu dans le cadre d’un projet artistique et a joué pendant quelques années le rôle de lieu culturel.
Concernant les projets immobiliers, Soral fonctionne encore avec un Règlement communal datant des années 80, une époque très contraignante où le taux de densité autorisé était de 0,35 contre aujourd’hui de 0,6 ou 0,8.
La commune doit donc systématiquement déroger pour de nouveaux projets, ce qui incite les promoteurs à proposer des constructions correspondant à l’identité architecturale du village et qui s’intègrent bien à leur environnement.
A terme, la commune devra aussi se pencher sur l’agrandissement de sa salle communale, située au rez-de-chaussée des locaux récemment rénovés de la mairie.

– En matière d’environnement et de transition écologique, quelles sont les actions entreprises?
– Nous allons privilégier le bois pour les constructions du cœur du village, mais nous allons surtout innover en matière de chauffage. Plutôt qu’une pompe à chaleur air/eau, nous espérons pouvoir utiliser une pompe eau/eau en raison de notre situation sur une nappe phréatique. C’est un pari, car il faut investir quelque 100 000 francs pour des études de faisabilité, sans garantie que ce projet soit réalisable. Mais s’il l’est, le potentiel sera énorme. Nous pensons que c’est le devoir de la commune d’essayer de développer l’utilisation de sources d’énergie plus efficaces. Par ailleurs, les toits des bâtiments du centre du village seront équipés de panneaux photovoltaïques qui ressemblent à des tuiles, afin de conserver le style villageois.

– Avec 10 000 voitures qui transitent chaque jour par Soral, le trafic frontalier est un gros problème. Quelles sont les solutions possibles?
– Après plusieurs années de négociation avec l’Etat pour une route d’évitement, nous avons abouti, après une étude qui a coûté plus de 300 000 francs, à un projet qui ne satisfaisait personne. Parallèlement, le Canton a signé avec les villages suisses et français avoisinants une lettre d’intention prévoyant la mise en place de différentes mesures comme de nouveaux bus et des parkings relais qui devraient permettre une diminution de 50% du trafic dans les villages concernés. La durée des feux rouges de signalisation installés près des petites douanes a été allongée, dans le but de décourager le trafic frontalier aux heures de pointe. L’effet constaté à Soral est que maintenant les voitures arrivent par vagues. Le bilan de ces mesures sera tiré à la fin de l’année.
Un parking relais a été construit à Viry et une petite navette fait la liaison avec le tram à Bernex. Ce petit bus, qui n’est jamais plein, traverse le village de Soral sans s’arrêter, alors que les Soraliens attendent leur bus devant l’arrêt de la ligne des transports publics pour Bernex. L’arrêt n’ayant pas été prévu dans la lettre d’intention, aucune adaptation n’est possible, malgré l’insistance des autorités communales auprès du Canton. Dans le cadre de cette lettre d’intention, une route a dû être aménagée à travers les vignes et équipée d’une barrière électrique, afin d’interdire le passage d’autres véhicules que le bus. Coût de cette infrastructure: 500 000 francs.
Une solution résiderait dans la fermeture de la douane en direction de Viry (Soral 2) entre 6 heures et 9 heures du matin. Mais personne ne veut de cette solution, car le passage par la douane de Soral évite le report de circulation sur la douane de Bardonnex, déjà complètement engorgée. Soral est ainsi devenu un point de passage stratégique du trafic transfrontalier, ce que nous ne pouvons pas accepter.
Pour rendre la traversée du village moins attrayante et garantir la sécurité de nos communiers, il est prévu de mettre en place un nouveau schéma de circulation avec notamment des sens uniques et, à terme, passer le village en zone 30. Avec la construction de trottoirs, pour sécuriser les cheminements piétonniers, ces aménagements, qui coûteront entre deux et trois millions de francs, devraient rendre la traversée de Soral moins attirantes, mais ils risquent aussi d’obliger la population à changer ses habitudes au quotidien. Pour prendre la «température» de celle-ci face à ces mesures, une présentation sera proposée aux habitants avant la fin de l’année.

 

Propos recueillis par Virginia Aubert

La Fête des maires, c’est toute l’année!

 

Charmant et discret village du canton de Genève, la commune de Soral est essentiellement agricole et viticole, avec plus de 292,40 hectares consacrés à l’agriculture. Pour répondre à la hausse récente de sa population, Soral s’est lancée dans un important projet d’agrandissement de son école et de réaménagement du centre du village, tout en préservant son identité, comme l’explique son Maire, Raoul Florez. Parallèlement, la commune doit faire face à l’important défi que représente la gestion du trafic automobile frontalier.