A quoi ressemblera la Suisse en 2050?

La Suisse doit garantir une qualité élevée du bâti et des paysages.

Instrument non contraignant, le Projet de territoire est un cadre d’orientation pour tous les niveaux de l’Etat, afin de promouvoir un développement territorial harmonieux et durable. Sa mise à jour reflète les évolutions récentes et les défis auxquels le pays est confronté, notamment en matière de mobilité, d’urbanisation et de protection de l’environnement. A l’aide de six objectifs, il donne une idée de ce à quoi pourrait ressembler notre pays à l’avenir en s’ancrant au principe suivant: la place est limitée en Suisse et le sol est une ressource précieuse, nous devons donc l’utiliser avec parcimonie et à bon escient.
La Confédération, les cantons, les villes et les communes veulent atteindre les objectifs formulés à l’aide de trois stratégies. Premièrement, la Suisse doit continuer de miser sur la polycentralité et sur les coopérations. Deuxièmement, elle doit garantir les bases naturelles nécessaires à la vie, ainsi qu’une qualité élevée du bâti et des paysages. Troisièmement, la Suisse doit offrir des espaces pour la croissance de l’économie et de la population et organiser la mobilité et l’approvisionnement en électricité dans le respect de l’environnement.

Un espace métropolitain
à l’envergure internationale

Le Projet de territoire suisse définit douze territoires d’action, dont l’Espace métropolitain lémanique, englobant Genève, Vaud et des parties de Fribourg, du Valais et de l’Arc jurassien; ce territoire se caractérise par son dynamisme économique, son attractivité et son cadre de vie exceptionnel. Avec Lausanne et Genève en figures de proue, il rassemble 2,2 millions d’habitants et 1,2 million d’emplois, en étroite interaction avec ses zones transfrontalières. D’ici 2050, sa population devrait croître de 750  000 personnes.
Au-delà de son rôle économique, cet espace s’impose comme un centre névralgique, hébergeant des organisations internationales et non gouvernementales, des fédérations sportives et des entreprises innovantes. Le Cern et l’EPFL renforcent «une économie de la connaissance» en constante diversification, soutenue par des synergies entre recherche et industrie. Ce rayonnement s’appuie aussi sur des paysages remarquables, un riche patrimoine culturel et une offre touristique prisée. La mobilité constitue un autre axe stratégique. Le réseau CEVA Léman Express, en expansion, illustre l’ambition de développer des transports publics performants et transfrontaliers, complétés par des lignes de tram et bus, ainsi que des infrastructures dédiées aux mobilités douces. L’aéroport de Genève conserve son rôle clef dans la connectivité régionale et globale.

Stratégie pour l’espace lémanique: entre sobriété et valorisation de l’existant

Le Projet de territoire insiste sur le rôle central du développement durable dans la région lémanique: des réseaux énergétiques renouvelables sont amenées à remplacer progressivement les énergies fossiles, tandis que l’agriculture locale, les espaces naturels et la biodiversité doivent être protégés. La qualité des eaux du Léman est préservée par une coordination transfrontalière. Certains paysages emblématiques du territoire sont protégés et valorisés de manière ciblée; c’est le cas des paysages des Rochers-de-Naye, du Jura vaudois, de la Gruyère, de la Rive sud du Lac de Neuchâtel, des Préalpes, du Jorat, de Lavaux, des Alpes vaudoises et savoyardes, des vignobles de La Côte, la campagne genevoise, de la Rade genevoise et du Léman avec ses affluents, leurs embouchures et rives boisées.
Ces efforts s’accompagnent d’une gestion urbaine qui allie densification et mixité sociale. L’accueil des nouveaux habitants et emplois s’effectue selon des logiques de transformation, de réaffectation et de valorisation des structures bâties existantes, ainsi que de réemploi. Les nouvelles constructions sont conçues de manière à être adaptées au réchauffement climatique et maximisent la production d’énergie renouvelable. Enfin, le document encourage à associer la population en amont des projets de développement, afin de garantir une meilleure acceptabilité.
L’Espace lémanique incarne une coopération exemplaire entre cantons et territoires voisins. Les collaborations mises en place, telle la convention «Métropole lémanique» entre Vaud et Genève, destinée à renforcer la compétitivité de l’espace métropolitain et son influence au plan fédéral, ou celles en cours dans le Chablais et la Broye en matière d’enseignement, de tourisme, de santé et de développement économique, ou encore celles déployées dans les agglomérations sont encouragées, voire intensifiées. Au niveau franco-valdo-genevois, la coopération se renforce en lien avec la nouvelle «Vision territoriale transfrontalière 2050» du Grand Genève. Associant citoyens et acteurs locaux, cette gouvernance oriente un projet ambitieux pour un territoire stratégique, véritable «porte sud-ouest» de la Suisse vers l’Europe.

www.projet-de-territoire-suisse.ch

Véronique Stein