150 ans au service de la propreté!

Comme le sang alimente nos organes, l’eau irrigue chaque construction à travers des réseaux qu’il faut maintenir en bon état. En matière de vidange et d’entretien des canalisations, V. Guimet Fils SA est l’une des plus anciennes entreprises genevoises. Mais avant de se consacrer pleinement à ce secteur, cette société a pris des chemins de traverse. «C’est en 1873 qu’Etienne Guimet ouvre une entreprise spécialisée dans les travaux en ciment. Petit à petit, la Maison qui porte son nom diversifie ses activités, en particulier dans le domaine de l’asphaltage, qui correspond à une nouvelle conception de la ville, marquée à Genève par l’extension rapide des faubourgs», relate Sylvain Roch. De 1850 à 1888, l’emplacement des anciennes fortifications permet l’émergence de nouveaux quartiers et de grands travaux sont exécutés. L’entreprise d’Etienne Guimet prend son envol dans ce contexte favorable au secteur de la construction.

L’hygiène avant tout

Dès les années 1890, l’eau devenant l’élément essentiel de tout programme d’assainissement urbain, l’entreprise se lance parallèlement dans le domaine de la vidange sanitaire et hydraulique. «Elle se confronte à la vétusté du réseau d’égouts souterrains, puis au système du tout-à-l’égout, qui imposent un entretien permanent des canalisations et le nettoyage régulier des conduits et des fosses, explique Sylvain Roch. Le drainage s’effectue grâce à l’eau du lac qui assure l’écoulement et l’évacuation des déchets». Réalisée quelques années plus tard, l’extension du réseau d’égouts propulsera Genève à la pointe du progrès en matière d’hygiène.
A la fin du XIXe siècle, les recherches scientifiques – notamment du savant français Louis Pasteur et du médecin allemand Robert Koch – font état de risques de contagion. Ces découvertes bactériologiques plaident en faveur d’une amélioration de l’hygiène publique et domestique que V. Guimet Fils s’empresse de concrétiser. Dès 1908, la Maison devient le concessionnaire suisse d’un nouveau désinfectant: le «Nothing». Ce produit miracle aurait permis d’aseptiser les cabinets d’aisance, urinoirs, égouts et même les écuries sans laisser d’odeurs suspectes.
En 1911, la maison V. Guimet Fils s’installe définitivement au 12, rue des Buis, dans le quartier des Pâquis. Victor Guimet y administre la société jusqu’en 1931, année de son décès. Dès lors, l’entreprise se constitue en société anonyme et change une dernière fois de raison sociale; elle devient la Maison V. Guimet & Fils S.A., nom qu’elle porte encore aujourd’hui. Après plusieurs passations entre membres de la famille élargie, Sylvain Roch prend les commandes de l’entreprise. Son père Claude, président du Conseil d’administration, reste à ses côtés notamment pour les choix stratégiques.

La durabilité ne se limite pas aux avancées technologiques

V. Guimet Fils compte aujourd’hui une centaine de collaborateurs. L’entreprise occupe une place prépondérante à Genève, qui se mesure aussi bien en termes de nombre d’employés que de parts de marché. «Notre modèle d’affaires a toutefois évolué en réduisant la part des interventions d’urgence au profit des contrats d’entretien, ainsi que des diagnostics sur l’état des canalisations, réalisés par des caméras miniatures couplées aux buses de nettoyage, indique Sylvain Roch. Désormais, le monitoring de l’état des conduits et les interventions planifiées représentent l’essentiel de nos activités». Forte de son expérience, l’entreprise a acquis une large clientèle parmi les régies immobilières, les collectivités publiques, les entreprises et industries, les professionnels de la construction et les propriétaires privés.
L’innovation a toujours été la signature de V. Guimet Fils: Claude Roch fut le premier à mettre en place un service de caméras pour aller dans les canalisations. Cet élan s’est maintenu avec le déploiement d’équipements de pointe – des robots avec une vision en full HD et un drone pour sonder les égouts – qui respectent l’environnement et sont garants de la sécurité des employés. A noter que chez Guimet Fils SA, on n’utilise aucun produit chimique, que ce soit pour le nettoyage des collecteurs ou des colonnes; de plus, les volumes d’eau sont aussi réduits que possible. Par ailleurs, il s’agit de renoncer à l’énergie fossile. D’un vert pétant, la nouvelle camionnette électrique de dépannage de V. Guimet Fils sillonne tout le territoire genevois. D’ici peu, un camion – dont le moteur et l’hydrocureur haute pression sont 100% électriques -, viendra s’y ajouter: une première mondiale dans ce domaine! Cette phase test donnera lieu à l’électrification progressive de l’ensemble des quarante véhicules de la société.
Sylvain Roch a la ferme volonté de pérenniser non seulement son entreprise,  mais aussi le métier, qu’il entend professionnaliser et valoriser. Rappelons qu’en 2015, il avait collaboré à la mise sur pied du CFC de technologue en assainissement; il est aujourd’hui maître d’apprentissage et siège en tant qu’expert aux examens.
Mais c’est une chose d’assurer la relève, encore faut-il garder ses employés. Chez V. Guimet Fils, on ne constate que peu de turnover: la plupart des collaborateurs commencent jeunes et restent jusqu’à la retraite, le signe d’une Direction à l’écoute de son personnel. «Ces employés méritent tout le respect car ils œuvrent au quotidien dans des tâches ingrates mais néanmoins indispensables à la qualité de vie de la population», conclut Sylvain Roch.

Carla Angyal