Virage électrique pleins gaz

Mondial de Paris 2016: Dieter Zetsche, alors président Mercedes-Benz, annonce à la presse le plan « Ambition 2039 » et la création de la marque Mercedes-Benz EQ, visant à la neutralité carbone de sa flotte, de la production au recyclage. C’est un défi colossal, à la fois technologique, financier et industriel, d’une ampleur jamais atteinte. Pas moins de 40 milliards d’euros seront consacrés à cette mue. Un objectif intermédiaire est aussi annoncé: en 2030, les véhicules hybrides rechargeables et 100% électriques devront représenter plus de 60% des ventes totales de la marque.

Entre 2016 et 2019, Mercedes-Benz planche sur la création d’une famille entière de modèles électriques reprenant la nomenclature bien connue de la gamme thermiques, A, B, C, E, S en l’adaptant à la lignée EQ. En 2019, le premier modèle voit le jour, l’EQC. Pendant électrique du SUV familial GLC, l’EQC pose de nouveaux jalons dans le segment, notamment en termes d’autonomie annoncée, établit les codes stylistiques de la gamme EQ, présente l’écolsystème EQ et inaugure quantité d’innovations pour l’aide à la conduite. Parmi les exigences fixées apr le cahier des charges de la gamme EQ figure l’origine durable des matériaux. Les polymères sont issus du recyclage, tout comme l’acier et l’aluminium de la carrosserie. Les placages en bois proviennent de forêts locales et exploitées durablement, alors que certaines étoffes décoratives sont fabriquées à partir de déchets plastiques ou PET.

En 2020, Mercedes vise, avec l’EQV, le marché des navettes avec chauffeur, où trône en maître le Classe V thermique. Sa batterie de 90 kWh autorise à l’EQV une autonomie de 378 km et se recharge de 0 à 80% en 45 minutes.

Depuis 2021, la gamme EQ se développe au pas de charge. Cette année-là est lancée l’EQA, équivalent aux électrons du SUV compact GLA, coqueluche des villes. Avec sa batterie de 66,5 ou 70,5 kWh, il offre des puissances de 215 ou 292 ch et dispose d’une autonomie de 438 à 531 km.

Suivra l’EQS, limousine de luxe équivalente à la sempiternelle Classe S. Ses deux moteurs électriques développent jusqu’à 658 ch de puissance pour une autonomie pouvant atteindre plus de 700 km. Aucun compromis n’est réalisé sur le confort à bord et l’équipement, signe distinctif de la lignée S depuis les années 50.

Début 2022 est arrivé l’EQB, troisième SUV de la gamme eet pouvant accueillir jusqu’à 7 passagers. Petite différence toutefois, il est le seul, avec l’EQV, à ne pas bénéficier de la plate-forme dédiée à la gamme EQ, mais reprend à son compte celle du GLB thermique. Esthétiquement, l’EQB se distingue du GLB uniquement par les optiques avant et arrière. Loin d’être simplement une électrification d’un modèle thermique, l’EQB affiche des valeurs de puissance et d’autonomie à l’avenant, respectivement de 215 à 292 ch et 323 à 474 km.

Retour chez les berlines, ce printemps, avec le lancement de l’EQE. Vous l’aurez deviné, il s’agit de la cousine électrique de la Classe E. Si son style se rapproche de sa grande soeur l’EQS, elle s’en distingue par un caractère plus dynamique. Elle inaugure également le badge sportif AMG sur la gamme EQ, auquel seuls les EQE et EQS accèdent pour le moment.

Le rythme de développement de la gamme EQ n’est pas près de ralentir, puisque dans quelques mois, l’EQS SUV, pendant du SUV grande taille GLS, fera ses débuts. Plusieurs concepts présentés ces derniers mois laissent présager de l’avenir: à commencer par le EQG, interprétation électrique du mythique Classe G ou encore l’EQT, nouvel utilitaire basé sur la Classe T développée en collaboration avec le groupe Renault.

A ce jour, Mercedes-Benz est le seul constructeur à avoir réussi à embrasser l’électromobilité de la sorte, en développant en aussi peu de temps une gamme complète de modèles électriques parfaitement différenciés tant dans le style, le caractère et bien évidemment dans l’utilisation. Déjà inventeur de l’automobile, Mercedes-Benz la réinvente.

Jérôme Marchon