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FERRARI ROMA

Semper fidelis

11 Mai 2022 | FERRARI

Ferrari continue la diversification de sa gamme. En attendant l’arrivée toute prochaine d’un SUV, la Roma, coupé à moteur V8 avant, entend attirer à elle une nouvelle clientèle. Essai.

Traditionnellement, les motorisations V8 chez Ferrari riment avec berlinette à moteur central et caractère bien affirmé, voire exubérant. Ça, c’était avant. Car depuis la California, puis la Portofino, le V8 loge aussi sous le capot avant, dans des productions prônant les bonnes manières et la polyvalence. La Roma répond de la même stratégie, avec pour objectif l’acquisition d’une nouvelle clientèle pour qui la discrétion, l’élégance le confort et la facilité d’utilisation au quotidien d’un coupé priment.

Classique dehors, ultramoderne dedans

Pour sa Roma, les équipes de design au- tour de Flavio Manzoni se sont inspirées des productions maison des années 60. A son lancement, nombreux étaient les observateurs à reprocher à la Roma trop de similitudes avec l’Aston Martin Vantage ou la Jaguar F-Type. Peut-être. En revanche, elle rappelle aux amateurs de Ferrari les merveilleuses 250 GT Lusso et SWB de ces glorieuses années et c’est ce qu’il faut retenir. Les lignes épurées et exemptes d’appendice disgracieux marient classicisme et modernité avec brio. Le seul petit reproche à formuler serait peut-être cette calandre avant peinte couleur carrosserie. Bien que les goûts et les couleurs…

L’intérieur, quant à lui, contraste singulièrement avec l’extérieur. C’est le royaume des geeks, preuve que Ferrari veut aussi rajeunir sa clientèle. Toute l’instrumentation est numérique, cachée derrière trois écrans. Même les commandes de rétroviseurs ou les feux sont tactiles. Si le spectacle est assuré à la vue, à l’utilisation les commandes nécessitent un certain temps d’adaptation. Notamment sur le volant, qui centralise clignoteurs, essuie-glaces, modes de conduite et audio au travers de commandes physiques et capacitives qu’il s’agit de ne pas effleurer en conduisant. Face au conducteur, l’instrumentation est entièrement numérique, y compris le compte-tours en position centrale sur cet énorme écran. Si l’ensemble est parfaite- ment lisible, on déplore que cet écran soit le seul dispositif de lecture de l’interface Apple CarPlay, qui, du coup, fait disparaître toutes les données de conduite, sauf la vitesse reléguée dans une petite fenêtre, au profit d’une réplique de votre écran d’iPhone… Il sera alors nécessaire de farfouiller dans les menus au moyen du pad tactile du volant pour revenir à un affichage plus conventionnel de pilote. Fastidieux.

Bien que Ferrari parle d’un coupé «2+», les strapontins arrière sont symboliques et accueilleront plus facilement un excédent de bagage qu’un passager. En termes de volume utile, la Roma offre un coffre de près de 300 litres, extensible en rabattant justement les dossiers des strapontins arrière.

Facile à vivre

La prise en mains de la Ferrari Roma est d’une facilité déconcertante. D’emblée, elle séduit par un confort de suspension savamment dosé et une insonorisation si soignée que pour une fois, l’autoradio trouve son utilité à bord d’une Ferrari. La nouvelle boîte de vitesses à double embrayage et 8 rapports égrène ses rapports sans tarder en mode automatique et se marie à merveille avec le V8 biturbo, d’une souplesse proverbiale. A tel point qu’en ville à 50 km/h la Roma évolue sans toussoter sur le 6e ou 7e rapport. Même constat sur autoroute, où aux vitesses légales, le V8 ronronne à peine à 1800 tr/min. En restant sage, il est même possible d’abaisser la consommation autour des 8 l/100 km… On en oublierait que le capot abrite un bouilleur de 620 ch, capable de catapulter la Roma de 0 à 100km/h en 3,4 s, de 0 à 200km/h en à peine plus de 9 s et croiser à 320 km/h.

Double visage

Fort heureusement, les ingénieurs n’ont pas oublié le pédigrée et l’ADN du blason au Cavallino. Toute bien élevée qu’elle est, la Roma affiche aussi toutes les qualités attendues d’une Ferrari, à commencer par une répartition des masses idéales. Ensuite, le traditionnel «Manettino» propose 5 modes d’assistance à la conduite, du plus restrictif (Wet) au plus permissif (ESC Off). A sa casquette de GT puissante, la Roma adjoint celle d’authentique sportive. Très différenciés, les modes de conduite transfigurent les réactions du moteur et de la boîte de vitesses. En «Race» et plus encore en «ESC Off», l’exploitation des 620 ch et 760 Nm de couple nécessitent du doigté et une attention de tous les instants. Surtout que la direction se montre avare en sensations et informations sur le grip offert aux roues avant. Puisqu’on est dans les – petits – reproches, signalons aussi une bande son un tantinet trop discrète, en raison de la présence de filtres à particules. Pour véritablement profiter du passage des graves gutturales aux aiguës envoûtantes du V8, il est impérieux de grimper assez haut dans les tours et donc atteindre des vitesses largement prohibées…

Quoi qu’il en soit, on ne peut que se réjouir de la décision de Ferrari de revenir, avec la Roma, à des productions aux atours plus glamour, émotionnels, voire sensuels. Cela sans compromettre un contenu technologique pointu et des performances remarquables utilisables vraiment par tout un chacun au quotidien. Et si c’était une forme d’éternité?

Jérôme Marchon

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