Il semblait dans un premier temps que la succession de la Mulsanne, ancien porte-drapeau de la marque, allait être assurée par la Flying Spur. Mais Bentley est passé maître dans son adaptation aux conditions de marché et désirs de la clientèle; développer une nouvelle limousine devenait dispendieux avec l’objectif de passer à l’électrification intégrale en 2030. En outre, la demande pour les SUV de luxe jouit d’un potentiel de croissance non négligeable et le Bentayga compte parmi les favoris des clientèles américaine et chinoise, avides aussi d’espace à l’arrière. Il devenait donc logique d’allonger le Bentayga de quelques centimètres pour satisfaire constructeur et clients.
Pour 18 centimètres de plus
Dans les faits, le Bentayga EWB s’allonge de 18 cm par rapport au Bentayga standard, au bénéfice intégral des places arrière. L’exercice est plus qu’un simple étirement du châssis puisqu’il a nécessité un investissement à neuf chiffres pour adapter l’outil de production et la voiture, qui reçoit plus de 2500 pièces nouvelles. Ceci comprend notamment un nouveau plancher, les panneaux de carrosserie, les portes arrière motorisées et un toit panoramique reculé.
Sous le capot, on retrouve le V8 biturbo de 550 ch et 770 Nm. L’extension péjore le poids d’environ 100 kg, mais sans impact majeur, puisque le 0 à 100 km/h est abattu en 4,6 s contre 4,5 s pour le Bentayga «châssis court». Ce dernier conserve d’ailleurs l’exclusivité du démoniaque W12 pour sa mouture «Speed», à la sportivité exacerbée. Le Bentayga EWB se veut plus luxueux que sportif et mise sur le bien-être à bord avant tout; c’est pourquoi il intègre la ligne «Azure» du constructeur.
Confort proverbial
Il est vrai que tout est fait pour que l’on s’y sente bien, à l’arrière. L’espace à disposition bat des records et se positionne en référence. Trois configurations d’habitacle sont possibles: 5-places avec une banquette 3 places à l’arrière, 4+1 (2 fauteuils arrière et un siège central rabattable) ou 4-places avec 2 fauteuils individuels à l’arrière, séparés par une console. Cette dernière configuration permet l’option «sièges avion» (Airline Seat), réglables sur 22 voies avec position «relax» et repose-pied escamotable dans le dossier du siège avant. Bardés de capteurs, les fauteuils réagissent automatiquement à la température et l’humidité corporelle de l’occupant, en chauffant et/ou refroidissant l’assise et le dossier pour assurer un maximum de confort thermique. En outre, pas moins de 177 points de pression au travers de 6 zones varient toutes les 3 heures, afin d’éviter la fatigue et de soulager l’ankylose. Summum du détail, les accoudoirs centraux et des portières sont chauffants…
Le Bentayga EWB tient donc ses promesses en termes de confort. Aucune fatigue physique n’est perceptible après un trajet de plus de 2 heures sur les sièges arrière, qui plus est sur un tracé sinueux. Le maintien des assises est parfait, aucun effet de tangage ou marsouinage n’est perceptible et le roulis de la caisse admirablement maîtrisé grâce aux roues arrière directrices et les barres antiroulis actives. Même à un rythme élevé, les g sont encaissés avec maestria. Seul votre whisky risquera de déborder si le verre est trop rempli. Il ne manque qu’un seul petit détail pour un tableau idyllique: une tablette du type aviation qui serait dépliable de la console centrale ou la contre-porte, afin de pouvoir lire ou travailler encore plus confortablement… Avec un prix de départ de 226 000 euros (HT) environ, on est en droit de se montrer exigeant! Espérons que Bentley nous entende…
Jérôme Marchon