Mission accomplie?

Enfin! serait-on tenté de s’exclamer devant ce nouvel Alfa Romeo Tonale. Présenté à l’état de concept au Geneva International Motor Show en 2019, il n’arrive que cet été sur nos routes. Ce troisième larron tant attendu dans la gamme au Biscione est-il la huitième merveille du monde?

Style léché

C’est certain, sur le plan du style, le Tonale fait l’unanimité. Tout en galbes et courbes, la carrosserie marie à merveille élégance et dynamisme. Les clins d’oeil aux glorieux modèles de la marque sont légion, comme les optiques avant rappelant la SZ Zagato, les jantes « téléphone » façon 33 Stradale, ou la lunette arrière en pointe d’inspiration 8C.

A bord, la personnalité Alfa Romeo est bien présente. L’ensemble des commandes est orienté vers le conducteur, la casquette de l’instrumentation à double canon rappelle aussi les Alfa d’antan. Le choix des matériaux est en revanche disparate. Si l’agencement ne souffre aucune critique à hauteur des yeux et au-dessus, en-dessous, cependant tout n’est pas parfait. Un alfiste passionné vous rétorquera que c’est aussi ce qui fait le charme des productions transalpines. Certes, mais il est moins certain qu’une clientèle habituée à la qualité perçue offerte par les concurrents allemands ne tique pas devant les plastiques durs ou les assemblages et ajustements approximatifs.

Au niveau de l’habitabilité, le Tonale ne déçoit pas. L’accès à bord est facile, l’espace dévolu aux passagers arrière, y compris la garde au toit, est largement suffisant. Seul le passager central pourrait être gêné par le tunnel central et une assise de banquette dure. Le coffre dispose de 500 à 1500 litres de capacité.

A la pointe

 Alfa Romeo a doté son Tonale de ce qui se fait de mieux au niveau technologique. Instrumentation numérique, écran tactile central de 10 pouces, connectivité maximale, tout y est. Y compris la conduite autonome de niveau 2. Le SUV milanais se permet même une incursion dans le Web 3.0 grâce à son certificat NFT. Cette carte d’identité inviolable, dont la technologie repose sur la blockchain, permet d’enregistrer et de certifier toutes les étapes de la vie du véhicule.

Esprit, es-tu là?

Le Tonale fait aussi enter la marque dans l’élecctrification. Dans un premier temps, il sera disponible avec une motorisation hybride de 130 et 160 ch à partir d’un 4-cylindres essence de 1.5 litre associé à un petit moteur électrique 48 V de 15 kW et une batterie de 0.8 kWh. Il s’agit du même système que les Fiat 500 X et Tipo Hybrid. A l’instar de ses cousins, le Tonale résume son roulage 100% électrique à l’évolution à faible allure sur terrain plat et aux manoeuvres.

Si l’évolution en milieu urbain se révèle agréable, le bilan se ternit sur les tronçons plus roulants. Le moteur de 160 ch accomplit sa tâche et offre des performances globales honnêtes, mais le hic se situe sur la boîte de vitesses double-embrayage à 7 rapports qui se révèle lente à la réaction. A tel point qu’en conduite dynamique, il convient de prendre la main au moyen des palettes au volant. L’agrément général moteur-boîte n’est clairement pas à la hauteur à l’esprit d’une Alfa. Gageons que la mouture hybride rechargeable de 275 ch, attendue pour la fin de l’année, palliera cet épineux défaut.

S’agissant des liaisons au sol, Alfa Romeo a conféré au Tonale un comportement très neutre et sécurisant. L’amortissement, dynamique, maintient bien la caisse en virage et la direction, certes moins directe que les Giulia et Stelvio, est précise. On aurait apprécié un peu plus de franchise autour du point milieu et de remontée d’informations sur le grip du train avant. Finalement, l’expérience de conduite peut prendre ponctuellement quelques accents sportifs, sans être son trait de caractère principal.

Voué à satisfaire le plus grand nombre et conquérir une nouvelle clientèle, le Tonale dispose de vrais atouts, mais marque le pas sur la finition et un agrément moteur-boîte en demi-teinte. Vendu à partir de 46 900.- francs (édition de lancement «Speciale») il pratique une tarification digne des premiums et pour laquelle on est légitimement en droit de se montrer exigeant.

Jérôme Marchon