ABARTH 600E
Le scorpion cherche un nouveau dard
Le slogan est clair: la dernière née 600e est simplement la plus puissante jamais produite pour la route avec 280 ch. Sauf qu’elle est électrique. Il a fallu l’imagination des ingénieurs pour doter le modèle le plus exclusif d’un générateur de son pour créer une illusion.
Abarth a d’emblée suscité la passion. Ces minivoitures, sur base de Fiat 500 en particulier, fonçaient allègrement, capot moteur ouvert à l’arrière, se frottant à de bien plus grosses qu’elles dans toute sorte de compétitions. Quand elles passaient, une odeur d’huile de ricin flottait, ce lubrifiant étant réputé pour conserver ses qualités à haute température. Mais voilà, l’Europe technocratique impose de trouver des solutions et, pour Abarth, le tout-électrique se révèle incontournable. Y perd-elle son âme?
Heureusement qu’il y a la course
La Formule E n’a certes pas le prestige de la Formule 1, mais les courses ont un gros avantage: elles se courent en ville. L’expérience de Stellantis Motorsport en la matière a inspiré les ingénieurs d’Abarth. Le moteur électrique varie sa puissance quand le conducteur choisit un des trois modes de conduite. «Turismo» joue la douceur, avec 110 kW pour la voiture de base, 140 kW pour la version Scorpionissima. «Scorpio Street» monte à 150 kW, respectivement 170 kW. Enfin «Scorpio Track» grimpe au maximum de 175 (240 ch) et 207 kW (280 ch), pour une vitesse de pointe de 200 km/h. A ce niveau, les régages de l’ESP sont qualifiés d’«amusants» par le constructeur. Alors tentons de le vérifier!
Les différentes pistes du centre d’essai de Balocco, ainsi qu’un bref parcours sur les routes du voisinage, avaient pour but de convaincre les journalistes qu’Abarth entrait avec force dans cette nouvelle ère. Le châssis peaufiné par les spécialistes historiques a des qualités, procurant une agilité et un contrôle très complets. Sereine, la nouvelle 600e l’est, et assez sportive pour une électrique. Manque la piqure scorpionnesque! Des chevaux, des capacités, mais peu d’émotion. Et une autonomie assez modeste de 321 km (WLTP).
Design inspiré
Fort heureusement, les crayons des designers ont réussi à conserver l’esprit Abarth. Le bouclier avant, le spoiler arrière et un intérieur soigné sauront attirer les regards. Restent quelques plastiques au contact et à la sonorité indignes d’un véhicule au prix élevé (pas encore communiqué), certainement bien supérieur à celui de la 500e, de 155 ch et plus de 40 000.- francs.
Les fidèles auront quelque peine à se retrouver dans les Abarth électriques. Tant que les fonctionnaires européens maintiendront leur interdiction des moteurs à combustion, aucune chance d’entendre de nouveau la valse des pistons. Dès lors, ils auront à se laisser apprivoiser par le tempérament électrique
Abarth, moins fun, mais heureusement parmi les plus vigoureux du marché.
Gil Egger