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L’ÉDITO DE JÉRÔME MARCHON

Viré, mais pas vexé

4 Juin 2025 | Edito

L’annonce, la semaine dernière, de la nomination d’Antonio Filosa à la tête de Stellantis est l’occasion de revenir sur la sortie pour le moins controversée de son prédécesseur, Carlos Tavares.

En décembre dernier, le patron du groupe franco-américano-italien, alors tout-puissant, a été écarté sans ménagement. Officiellement, rien n’avait fuité. En coulisses, le Conseil d’administration – famille Agnelli en tête – en avait assez d’un management autoritaire, de coupes franches dans les budgets, de tensions croissantes avec les fournisseurs, syndicats, salariés et autorités. Sans parler d’une image de plus en plus écornée à cause du traitement inégal des clients qui faisaient face aux défaillances du tristement célèbre moteur 1.2 Puretech, le rappel tardif des modèles équipés d’airbags Takata (problème connu depuis 2015!), des ventes qui s’effondraient outre-Atlantique et une demande atone en Europe.

Mais si l’homme est trop clivant, trop brutal, ce n’est pas assez pour partir les poches vides. Tavares va percevoir, «pour bons et loyaux services», 35 millions d’euros. Un premier versement, déjà validé, de 23,1 millions, suivi d’un autre de 12 millions et d’un bonus de 10 millions. En clair, Tavares va toucher plus en quittant le navire qu’en le pilotant… Alors que sa rémunération ordinaire pesait déjà 350 fois plus que celle du salarié moyen du groupe…

Tavares n’est pas un incompétent. C’est même un redoutable stratège, qui a piloté le retour d’Alpine (voir p. V), relevé PSA et orchestré la fusion PSA-FCA. Mais une vision brutale, court-termiste et axée sur la performance immédiate a fini par faire exploser le modèle en plein vol. Et le parachute doré qui l’accompagne jette une lumière crue sur des pratiques d’un autre âge. Une prime à l’échec, en réalité.

La tâche qui attend Antonio Filosa est colossale: regagner la confiance des collaborateurs, partenaires, syndicats et clients; composer avec la transition énergétique sur certains marchés, assurer la qualité et la fiabilité; sans parler des facteurs extérieurs, géopolitiques et économiques. Pendant ce temps, le bon Carlos se profile comme conseiller économique de l’Etat portugais avec un rôle important au sein de la compagnie aérienne TAP – Air Portugal, vigneron dans son domaine de la région du Douro, de même qu’oléiculteur et moulinier. La vie est belle!

 

Jérôme Marchon

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