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L’ÉDITO DE JÉRÔME MARCHON

Sommes-nous prêts à payer ce prix?

23 Août 2023 | Edito

L’été est chaud, bouillant même pour l’industrie automobile européenne… C’est un fait, l’Europe est en train de rater sa transition vers la voiture électrique. Publié en juin, un rapport de la Cour des comptes européenne montre que l’UE pourrait ne pas atteindre son objectif «zéro émission» à l’horizon 2035. En cause? L’accès aux matières premières, l’augmentation des coûts et un retard technologique important face à une concurrence mondiale – pour ne pas dire chinoise – féroce.

Le premier enjeu stratégique est la production de batteries en Europe. Pour ce faire, il est indispensable de garantir un accès aux matières premières. Pourquoi donc s’est-on ému de ce côté-ci de la Méditerranée des suites du récent coup d’Etat au Niger? Pour aider à faire triompher la démocratie? Que nenni! Rien pour le sous-sol de la région. La mainmise sino-russe sur les pays africains affaiblit les chances pour l’UE d’accéder à bon compte – si ce n’est accéder tout court – à ces richesses essentielles pour les batteries. Il y aurait bien les réserves de lithium au Portugal, mais la mise en œuvre de leur exploitation prendrait entre 12 et 16 ans… Le Vieux-Continent est donc en train de perdre son indépendance énergétique pour la mobilité, à l’image de ce qui s’est passé pour le gaz naturel.

A ces problèmes d’approvisionnement s’ajoutent ceux que rencontrent les constructeurs eux-mêmes. Les coûts énormes qu’engendrent le maintien d’une gamme thermique aux côtés d’une gamme électrique péjorent la rentabilité des entreprises, et donc leur capacité à investir dans la recherche et le développement de nouvelles technologies. Mais comme seul le marché européen entend bannir la voiture thermique, que faire du reste du monde (90% de la population mondiale)? Il est impossible de le convertir à l’électromobilité, pour nombre de raisons. Voilà pourquoi des mastodontes comme Audi se sont résolus à acquérir des technologies… chinoises pour espérer rester à la page technologiquement.

Sur le plan des aides, il est désormais démontré que dès que les subventions à l’achat de véhicules électriques cessent, les ventes reculent. Le marché n’est donc pas prêt, aujourd’hui, à se transformer. Et du côté des constructeurs, l’absence de financement uniforme pour l’industrie européenne, à l’instar de l’«Inflation Reducation Act» et de ses importantes incitations financières aux Etats-Unis, ajoute encore à la distorsion de la concurrence.

Les 12% des émissions totales de CO2 que représente le trafic routier en Europe justifient-ils cette facture salée sur les plans géopolitique et social? Pas le moins du monde.

 

Jérôme Marchon

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