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L’ÉDITO DE JÉRÔME MARCHON

Retour vers le futur?

18 Jan 2023 | Edito

Les ventes sur le marché automobile helvétique ont terminé l’année 2022 sur le pire bilan depuis… 1976. Seules 225 934 nouvelles immatriculations ont été dénombrées sur notre territoire l’an dernier. C’est 5,3% de moins que 2021, 4,6% de moins que 2020, l’année la plus frappée par la pandémie. En 1976, encore ébranlé par le premier choc pétrolier de 1973, le marché suisse enregistra seulement 203 834 nouvelles immatriculations.

Le phénomène n’est pas propre à la Suisse; le marché européen a enregistré l’an dernier des contre-performances peu ou prou dans les mêmes proportions. En moins de quatre ans, près d’un tiers des ventes s’est volatilisé. Un plongeon abyssal qui illustre les défis de notre société: économique, écologique, technologique.

Durant les Trente Glorieuses, l’industrie automobile s’est profilée comme l’une des principales forces économiques en Europe. Aujourd’hui, le Vieux-Continent est le deuxième producteur au monde, derrière la Chine, et le premier exportateur. Directement ou indirectement, l’automobile emploie environ 12 millions de personnes en Europe (et près de 230 000 en Suisse). Dans des pays comme la France ou l’Allemagne, la «bagnole» est aussi le premier contributeur au ménage étatique par le biais de la TVA, des péages, des taxes diverses sur le carburant, des assurances ou encore des amendes. A l’échelon suisse, le trafic motorisé privé a généré en 2018 un solde positif – entre les dépenses et les recettes – de 3,2 milliards de CHF pour la Confédération et 916 millions de CHF pour les cantons. Mettons également en perspective le chiffre d’affaires du secteur automobile en Suisse, qui s’élevait à 94,4 milliards de CHF en 2018, dont 9,3 milliards pour les exportations à destination de l’industrie automobile internationale. Dès lors, les enjeux autour de la transformation technologique de l’industrie, auxquels s’ajoutent les effets de la crise (pénuries, inflation), prennent une dimension systémique.

Enfin, l’explosion du prix des voitures neuves comme celles d’occasion n’est pas sans poser d’énormes problèmes sociétaux. Pour de nombreuses personnes, la voiture est un objet indispensable, qui représente aussi un investissement avec un horizon d’amortissement sur plusieurs années. A la problématique financière s’ajoutent l’incertitude engendrée par les politiques diverses d’interdiction totale ou partielle des véhicules thermiques en ville, la fiscalité infernale autour de l’auto, sans parler de l’échéance cruciale – probablement pas encore gravée dans le marbre, malgré la volonté de certains – de 2035 en Europe, qui confine à la fin du monde dans ce contexte.

Après environ 140 ans d’histoire, l’automobile revient aux questionnements qui habitaient Henry Ford, André Citroën et d’autres au début du XXe siècle sur la manière de rendre l’automobile accessible au plus grand nombre. 

Jérôme Marchon

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