Pauvres Parisiens…

Dimanche 4 février était jour de votation. Pas chez nous, rassurez-vous, mais à Paris. Sous couvert de démocratie participative et directe, la maire Anne Hidalgo a demandé aux Parisiens s’ils étaient pour ou contre «un tarif spécifique pour le stationnement des voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes». L’idée a germé dans son esprit (ou celui de ses conseillers en com) en décembre dernier, lorsque a éclaté le «Tahitigate», scandale dans lequel Mme le Maire est accusée d’avoir enrobé ses vacances familiales dans le Pacifique dans une tournée officielle qu’on affirmait destinée à visiter, à Tahiti, les installations qui accueilleraient les épreuves de surf des JO 2024.

Vu que l’exercice démocratique précédent, celui d’interdire les trottinettes en libre-service en ville, avait «bien» fonctionné, pourquoi ne pas réitérer l’expérience en visant cette fois-ci les SUV et autres grosses voitures, sources de tous les maux de la planète, en proposant le triplement des tarifs de stationnement en surface?
La campagne à elle seule prêta à rire. Sur son site et dans sa vidéo, Mme Hidalgo utilisa une affiche qui empruntait l’image d’une association anti-auto, avança des arguments fallacieux et annonça des chiffres sans fondement statistique. La question posée à destination des seuls résidents parisiens – parmi lesquels une grande majorité des propriétaires de SUV dispose d’un stationnement réservé à domicile – excluait tout autre usager des voies de la ville, qui se montre par-là même de moins en moins accueillante.

Celle qui pousse des cris d’orfraie à la moindre «stigmatisation» foule des deux pieds ses principes en faisant la chasse à une catégorie spécifique d’automobilistes. Et si ce sont aujourd’hui les SUV qui sont traqués, qui dit que demain ce ne sera pas au tour des compactes et les citadines après-demain?
Vient ensuite le résultat, risible! Seulement 5,7% des électeurs (78  000 votants sur 1,3 million d’électeurs) se sont exprimés et 54,55% d’entre deux se sont prononcés en faveur du triplement des tarifs de stationnement. Ce qui fait qu’au final, à peine plus de 3% des 1,3 million d’habitants invités à se rendre aux urnes étaient en faveur de l’initiative. Une victoire historique et sans appel, selon la Ville de Paris. Soit, mais quelle est sa légitimité?

Au-delà de la problématique que représentent les SUV en ville et du résultat du vote, ce qui est plus inquiétant est l’enfumage de communication, le clientélisme et l’absence totale de vergogne d’une élue maire de l’une des villes les plus emblématiques au monde. Plus c’est gros et moins ça se voit, certes, mais en inventant «l’écolo-populisme», Anne Hidalgo fait étalage de son incapacité à prendre ses responsabilités et à les assumer. Ce qui devrait être l’essence même de l’engagement en politique.

Jérôme Marchon