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L’ÉDITO DE JÉRÔME MARCHON

Hara-kiri ou rira bien qui rira le dernier?

15 Mai 2024 | Edito

A deux semaines d’intervalle, j’ai pris part à deux présentations de marques d’importance. D’un côté, celle d’Alfa Romeo pour la Junior (voir Contact! d’avril 2024) et de l’autre Cupra, qui renouvelle ses Leon et Formentor (voir p. VI). Ces deux marques partagent beaucoup de points communs, bien que l’Italienne soit centenaire et que l’Espagnole n’ait que cinq ans: des produits au biais sportif, un héritage et/ou un engagement actuel très marqué dans le sport automobile ou encore un noyau d’irréductibles passionnés, the Tribe (la tribu).

Mais elles divergent sur un point: Alfa Romeo, comme terrorisée par les enjeux autour de la neutralité carbone qui certes coûtent cher aux constructeurs, perd incontestablement de son sex-appeal avec des autos esthétiquement très réussies, mais insipides tant sur le papier qu’une fois au volant. Dans le discours, les notions «CO2», «zéro émission», «propulsion électrique» sont rabâchées avec une conviction toute feinte. Des propos presque indigestes pour les vrais Alfisti à l’aune de l’histoire, même très récente avec les Stelvio et Giulia, et du palmarès sportif d’Alfa Romeo. Chez Cupra, c’est tout l’inverse: la problématique climatique fait partie du cadre comme les autres normes et le discours tourne autour de la passion, de l’émotion, du plaisir, des performances, bref de tout ce qu’on attend d’une marque sportive. Et pourtant, les deux modèles nouvellement présentés carburent aussi aux électrons sur leurs versions plug-in hybrid.

Quelle conclusion en tirer? Que le front unifié vers le «tout-électrique» des constructeurs se fissure bel et bien; après un démarrage en fanfare, la demande pour l’électrique s’étiole, sinon stagne, au niveau mondial. Que certains constructeurs lèvent le pied sur l’électrique, réduisant ambitions et investissements, s’étant rendu compte que les déclarations d’hier se confrontaient à une réalité du marché qui ne leur permettait pas de rentabiliser leur mise. Ou, pire, les contraignait à s’évertuer à pédaler le nez dans le guidon, car le point de non-retour industriel comme comptable a été dépassé. Ce qui semble être le cas du groupe Stellantis. A ce jeu, le Japonais Toyota tire les marrons du feu: pionnier de l’hybride avec la Prius en 1997, puis de la pile à combustible (hydrogène) dans les années 2010, la marque japonaise mise sur un mix énergétique complet sur sa gamme. Le temps que la propulsion 100% électrique se démocratise et que son infrastructure se développe, les autres technologies, y compris le thermique qui recèle un potentiel d’évolution encore important, se révèlent toujours pertinents selon elle.

Même certains Etats européens remettent timidement en cause l’échéance de 2035 pour l’abandon du thermique, si ce n’est le concept d’abandon même. Aucun politique à ce jour n’est prêt à assumer la casse économique et sociale qui en résultera. Sans oublier que l’automobile seule assure 20% des rentrées fiscales de ces mêmes Etats…

 

Jérôme Marchon

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